Amnesty International fustige l'ONU

Pour Amnesty International, le Conseil de sécurité de l'ONU est "de plus en plus inadapté".
Pour Amnesty International, le Conseil de sécurité de l'ONU est "de plus en plus inadapté". © REUTERS
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avec AFP , modifié à
L'ONG estime que le Conseil de sécurité des Nations unies est "de plus en plus inadapté".

Amnesty International accuse les membres du Conseil de sécurité de l'ONU de ne pas être à la hauteur de leur mission. Dans son rapport annuel sur les droits de l'Homme dans le monde, publié jeudi, l'organisation dénonce le fait que l'organe exécutif des Nations unies s'avère "de plus en plus inadapté aux besoins".

La Russie, l'Inde et le Brésil réprimandés

Pour exemple, Amnesty International regrette que l'ONU n'ait pas été capable de mettre fin aux violences en Syrie, qui ont fait plus de 12.000 morts depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire sans précédent, réprimée par le régime.

"Des peuples se sont levés, au péril de leur vie. Malheureusement, des gouvernants leur ont fait totalement défaut, à la fois au niveau national et international", a regretté le secrétaire général d'Amnesty à Londres, Salil Shetty. Et d'estimer que "les membres du Conseil de sécurité ont fait primer leurs intérêts politiques et commerciaux sur les droits des peuples".

Parmi les pays montrés du doigt par l'ONG : la Russie, fournisseur d'armes à la Syrie, et la Chine. Ces deux membres permanents du Conseil ont bloqué deux résolutions condamnant la répression menée par le régime de Bachar al-Assad. Mais également l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud qui "ont trop souvent fait preuve d'un silence complice", juge Amnesty International.

L'ONG aurait préféré des "actes"

Le rapport souligne la différence de réaction du Conseil de sécurité de l'ONU par rapport à la situation en Libye et en Syrie. "Alors que le Conseil de sécurité avait saisi la Cour pénale internationale du cas de Mouammar Kadhafi, il n'a pris aucune mesure similaire contre le président syrien Bachar al-Assad, malgré des preuves irréfutables des crimes contre l'humanité commis par ses forces de sécurité", est-il écrit.

De même, Amnesty International juge qu'à Bahreïn et au Yémen, où "les manifestants avaient également un besoin urgent de protection contre la politique meurtrière de leurs dirigeants", la communauté internationale a aussi été "nettement moins disposée à leur apporter son soutien".

Globalement, dans son 50e rapport annuel, Amnesty International regrette que les paroles de soutien de la communauté internationale exprimées au début du printemps arabe en 2011 ne se soient pas "traduites en actes". Et d'accuser : "le courage dont ont fait preuve les manifestants au cours de l'année écoulée a été de pair avec les défaillances d'un Conseil de sécurité de l'ONU qui apparaît usé, déphasé et de plus en plus inadapté aux besoins".

Amnesty demande un "traité fort"

Une seule solution aujourd'hui pour le Conseil de sécurité de l'ONU, selon l'ONG : adopter "un traité fort" sur le commerce des armes. En dépit de quoi, craint Amnesty International, l'organe exécutif des Nations unies risque d'être "promis à l'échec dans son rôle de gardien de la paix et de la sécurité mondiale".

"L'objectif est d'adopter un traité international sur le commerce des armes et de dire qu'aucun pays ne pourrait exporter des armes ou des matériels liés aux armements à un autre pays lorsqu'on pense qu'il y a un risque important que ces armes soient utilisées pour commettre de graves violations des droits humains", a insisté sur Europe 1 Francis Perrin, le vice-président d'Amnesty International France, en évoquant notamment la Syrie.