Yassin Salhi, qui avait décapité son patron, s'est suicidé en prison

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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
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avec AFP , modifié à
Yassin Salhi s'est pendu mardi soir dans la cellule de la sa prison à Fleury-Mérogis, dans l'Essonne. Il avait décapité son patron à Saint-Quentin-Fallavier, dans l'Isère, fin juin.

Yassin Salhi, l'homme écroué pour avoir décapité son patron et attaqué un site gazier en Isère, s'est suicidé mardi soir dans sa cellule à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis dans l'Essonne, a-t-on appris mercredi auprès de l'administration pénitentiaire.

Pendu. Le détenu qui était incarcéré en quartier d'isolement n'avait pas été repéré comme suicidaire, a-t-on précisé de même source. Selon une source proche de l'enquête, Yassin Salhi s'est pendu avec ses draps aux barreaux de sa cellule. Il est décédé à 21h15.

En détention depuis juin. Ce chauffeur-livreur de 35 ans avait été placé en détention provisoire fin juin 2015 après avoir été mis en examen notamment pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste, enlèvement et séquestration en vue de préparer un assassinat, destruction ou dégradation et violences volontaires.

Il rejetait une motivation religieuse. A l'inverse d'un Mohamed Merah, des frères Kouachi, d'Amédy Coulibaly ou, plus récemment des jihadistes qui ont frappé Paris le 13 novembre dernier, Salhi a toujours contesté en garde à vue toute motivation religieuse. Mais pour la justice, le patron de son entreprise de transport, Hervé Cornara, qu'il a avoué avoir tué, était bien une victime du terrorisme islamiste.

Une décapitation au couteau. Selon le récit des enquêteurs, Yassin Salhi avait quitté le 26 juin 2015 au matin l'appartement qu'il occupait avec son épouse et ses trois enfants à Saint-Priest dans le Rhône pour se rendre au siège de son entreprise, Colicom, à Chassieu, au sud-est de Lyon. Il avait sur lui un couteau et un fusil à pompe factice.

Au siège de Colicom, il avait chargé son utilitaire de bouteilles de gaz en vue d'une livraison puis attendu son employeur Hervé Cornara, avec lequel il avait eu une vive altercation deux jours plus tôt pour une palette renversée.
Il avait fait monter son patron dans son véhicule puis l'avait assommé avant de l'étrangler. Il s'était ensuite dirigé vers l'usine de gaz industriels Air Products. Une fois sur place, il avait décapité sa victime avec son couteau. Il avait ensuite pénétré sur le site où on lui avait ouvert la porte sans formalité car il était connu du personnel pour ses livraisons.

Mise en scène pour des photos. Selon les enquêteurs, il aurait alors sorti la tête de Cornora pour la fixer sur un grillage, parachevant sa mise en scène macabre en accrochant à proximité deux drapeaux frappés de la "chahada", la profession de foi musulmane. Après avoir pris des photos, il les avait envoyées à un ami parti combattre en Syrie, dont un selfie dans lequel il avait posé auprès de la victime. Puis il avait repris son utilitaire et était entré en collision avec des bouteilles de gaz, provoquant un explosion avant d'être maîtrisé par des pompiers arrivés rapidement sur place et auxquels il avait lancé: "Allah Akbar".

L'attentat "correspond très exactement aux mots d'ordre de Daech", avait alors estimé le procureur de Paris, François Molins, notamment par la volonté de Salhi de "donner à son acte une publicité maximale".