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Guillaume Dominguez avec AFP // Crédit photo : FRANCOIS NASCIMBENI / AFP , modifié à
Une infirmière est décédée et une secrétaire médicale a été blessée lundi à l'hôpital de Reims lors d'une agression au couteau ce lundi. L'homme à l'origine de l'attaque est âgé de 59 ans et souffre de troubles psychiatriques. "C'est un des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Veran.
L'ESSENTIEL

Le décès de l'infirmière, agressée lundi au couteau au CHU de Reims, est "un des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation", a réagi mardi le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, à l'unisson de la classe politique. Carène Mezino, l'infirmière de 38 ans victime d'un homme souffrant de troubles psychiatriques, est décédée dans la nuit de lundi à mardi, au lendemain d'une attaque qui a suscité une vive émotion. De son côté, le ministre de la Santé, François Braun, a demandé mardi qu'une "minute de silence" soit observée ce mercredi.

Les principales informations

  • Une infirmière est morte et une secrétaire médicale a été blessée lundi au CHU de Reims après une attaque au couteau
  • Interpellé, le suspect, âgé de 59 ans, souffre de troubles psychiatriques
  • Il avait déjà poignardé quatre personnes en 2017 et aurait agi dans le but de se "venger". 

Emmanuel Macron salue des agents publics "engagés pour les autres"

Emmanuel Macron a rendu hommage mardi à l'infirmière décédée après une agression au couteau ainsi qu'aux trois policiers tués dans une collision et à l'agent de la direction des routes fauché par une voiture ces derniers jours. "À Villeneuve-d'Ascq, Reims, Sainte-Soulle, en quelques jours, plusieurs agents de l'État ont perdu la vie dans des conditions tragiques. Ils étaient engagés pour les autres", a souligné le président sur son compte Twitter.

Les soignants rendent hommage à leur collègue

Mardi, le personnel de l'établissement a rendu hommage à leur collègue de 38 ans. La cérémonie a été organisée à 13h30, 24 heures piles après l'agression au couteau. Des centaines de soignants en blouse blanche se sont rassemblés en cercle dans la cour principale du CHU. Puis l'hommage à l'infirmière a commencé par le discours de la directrice de l'hôpital, Laetitia Micaelli Flender. "Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa famille, ses proches. Nous partageons leur douleur et leur peine", a-t-elle déclaré, avant de demander une minute de silence en hommage à Carène Mezino, "qui a passé sa vie au service des autres".

Pendant cette minute de silence, des soignants se sont succédé pour déposer des fleurs sur un banc transformé en mémorial éphémère. Un moment particulièrement difficile à vivre pour l'ensemble des équipes du CHU de Reims, comme en témoigne au micro d'Europe 1 Valérie Rozalski, déléguée syndicale CGT. "C'était vraiment difficile", relate-t-elle. "Tout le monde est atterré, a pleuré... Tout le monde est sous le choc", poursuit-elle, espérant que cela n'arrive plus jamais.

"La situation est difficile à vivre. Maintenant, il faut penser à la deuxième collègue toujours hospitalisée et qui va se rétablir, on espère", appuie Valérie Rozalski. Cette seconde victime est une secrétaire médicale de 56 ans. Son état est stable selon les informations d'Europe 1, et son pronostic vital n'est plus engagé.

Élisabeth Borne rend hommage aux agents publics

La Première ministre Élisabeth Borne a rendu hommage aux victimes, en associant à l'infirmière de Reims les trois policiers de Roubaix tués dimanche dans une collision et l'agent de la Direction interdépartementale des routes Atlantique (Dira) fauché par une voiture lundi en Charente-Maritime. "A tous les agents du service public, je veux redire mon émotion et mon soutien", a déclaré la cheffe du gouvernement.

Des envies de vengeance 

Le mis en cause de 59 ans, aussitôt interpellé, "semble avoir agi sans mobile apparent, d'autant qu'il n'avait pas de rendez-vous dans ce service", pouvait-on lire dans un premier dans un communiqué du procureur de Reims, Matthieu Bourrette. Cependant, lorsqu'il a été transporté au commissariat, l'homme aurait eu des propos incohérents. Selon un procès-verbal qu'Europe 1 a pu consulter, "l'individu déclare à plusieurs reprises en vouloir au milieu hospitalier. Il informe avoir été maltraité durant plusieurs années dans les milieux psychiatriques". En échangeant avec les membres des forces de l'ordre le conduisant au commissariat, il a fait savoir qu'il en "voulait aux blouses blanches". "À chaque fois qu'il croisera une blouse blanche, il la plantera, car il veut se venger", peut-on lire dans le procès-verbal. L'homme a été placé en garde à vue pour "tentative d'assassinat" et l'enquête a été confiée au commissariat central de Reims.

L'homme "semble souffrir de troubles sévères et fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée", a précisé le procureur de Reims dans un communiqué. Il avait bénéficié en juin 2022 d'un non-lieu "pour irresponsabilité pénale", après avoir été "mis en examen à Châlons-en-Champagne pour des faits de violences aggravées", a-t-il ajouté. "Ce dossier devait tout prochainement être évoqué par la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Reims pour statuer sur les mesures de sûreté susceptibles d'être prises", est-il précisé dans le communiqué.

Le suspect avait déjà poignardé quatre personnes en 2017

Selon une information de RMC, qu'Europe 1 est en mesure de confirmer, le meurtrier présumé avait déjà asséné des coups de couteau à quatre personnes en 2017. La justice avait alors émis l'hypothèse d'une irresponsabilité pénale. Le chambre d'instruction de la cour d'appel devait justement se pencher sur la question vendredi. 

François Braun demande "une minute de silence dans tous les hôpitaux"

Le ministre de la Santé, François Braun, a demandé mardi qu'une "minute de silence en hommage" à l'infirmière tuée au CHU de Reims soit observée "demain midi dans tous les hôpitaux". "Je demande demain midi dans tous les hôpitaux, une minute de silence en hommage à Carène", soignante de 37 ans dont l'agression mortelle "est un drame qui nous anéantit tous", a-t-il déclaré lors du salon Santexpo organisé par la Fédération hospitalière de France (FHF).

Avant lui, le président de la FHF, Arnaud Robinet, également maire de Reims, a déploré "la disparition de l'une des nôtres". "Carène exerçait son métier d'infirmière avec passion, fière d'apporter, au quotidien, soins et humanité", a-t-il ajouté, appelant à "tout mettre en oeuvre afin de faire reculer la violence dans nos sanctuaires du soin".

"Un des drames les plus intenses" pour le pays, selon Véran

"Ça fait partie des drames les plus intenses qui puissent toucher notre nation. On parle de quelqu'un qui dévoue sa vie à protéger, à sauver celle des autres et qui trouve la mort de manière violente", a déclaré le ministre sur France Inter ce mardi. "Je ne sais pas si on peut associer l'acte a priori d'un déséquilibré avec la montée de violence générale à laquelle font face tous les dépositaires d'une forme d'autorité de l'État", a-t-il souligné, tout en invitant à "nous interroger sur une forme de continuum entre la violence des réseaux sociaux, la violence verbale à laquelle la classe politique parfois s'adonne et ces actes de violence du quotidien qui peuvent toucher tout le monde".

"Le drame du CHU de Reims touche la Nation toute entière", a réagi sur Twitter la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. Exprimant son "émotion" après ce "terrifiant meurtre", le patron de LR Éric Ciotti a de son côté demandé sur RMC-BFMTV "un grand plan psychiatrie" face à un secteur selon lui "complètement délaissé dans notre société" et qui a souffert d'un "effondrement cruel des moyens, des lits affectés".