Terrorisme : une attaque visant la base navale de Toulon déjouée

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et Alain Acco , modifié à
Un homme projetant de s'en prendre aux militaires de la base de la marine nationale a été interpellé le 29 octobre dernier. Il était sous surveillance de la DGSI depuis un an. 

Il voulait mourir en martyr en frappant sur le territoire français. Un individu, âgé de 25 ans, qui projetait de s'en prendre à des militaires de la base navale de la marine nationale à Toulon, dans le Var, a été interpellé le 29 octobre dernier, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, confirmant une information du Petit Journal de Canal+.

Ce suspect, Hakim, sous surveillance de la DGSI depuis un an en raison de sa radicalisation et de son soutien affiché aux thèses djihadistes, avait cherché à se procurer du matériel pour mener à bien son projet. Mis en examen le 2 novembre pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, il se trouve aujourd'hui en détention provisoire.  

Deux tentatives avortées de départ en Syrie. Selon les informations recueillies par Europe 1, le suspect, vendeur dans le prêt-à-porter, était totalement inconnu des services de police jusqu'à l'an dernier. C'est à la faveur de deux tentatives avortées de départ en Syrie que l'homme apparaît sur les radars du renseignement. En octobre 2014, ce dernier tente d'abord de partir pour la "guerre sainte" en prenant l'avion. Mais sa famille l'en empêche. Ces velléités de départ pour le djihad font toutefois l'objet d'un signalement et une fiche "S" est établie à son encontre.

Nouvelle tentative, quelques mois plus tard, en décembre 2014 : cette fois, Hakim tente de quitter la France en prenant un bus de ligne internationale. Ce sont les douaniers qui l'interceptent in extremis lors d'un contrôle aux frontières.

Interdit de sortir du territoire depuis mars dernier. Conséquence : en mars 2015, il fait partie des premiers individus à être frappés d'une interdiction de sortie de territoire. Cette mesure, adoptée dans le cadre de la loi antiterroriste en novembre 2014, est entrée en vigueur un mois plus tôt, en février dernier. Avec cette mesure administrative qui, concrètement, le prive de ses papiers d'identité, le Toulonnais comprend qu'il lui est désormais presque impossible de quitter le pays.

Mourir en martyr en frappant sur le sol français. Hakim aurait alors décidé de changer ses plans. Sur les conseils d'un ami toulonnais qui, lui, a réussi à rejoindre la Syrie, il se serait rabattu sur un passage à l'acte sur le sol français, toujours selon nos informations. Son projet : mourir en martyr en s'attaquant à des soldats de la base navale de Toulon.

Mais le Toulonnais, qui n'a aucun contact dans les milieux du banditisme, ne parvient pas à se procurer des armes à feu sur le marché parallèle. Il se tourne alors vers Internet. En ligne, il commande plusieurs couteaux, des cagoules et un gilet tactique. C'est à la réception de cet équipement par un colis en provenance de Chine que l'individu, surveillé discrètement par la DGSI, a finalement été interpellé le 29 octobre.

Conseillé par un homme écroué pour avoir proféré des menaces contre Charlie Hebdo. En garde à vue, Hakim a reconnu avoir été "incité à passer à l'acte" par un Français actuellement en Syrie, selon une des sources proches du dossier. Ce djihadiste français en Syrie avait été mis en examen et écroué quelques mois pour avoir proféré de violentes menaces contre Charlie Hebdo en 2012.

Le suspect a également fini par admettre un projet d'attaque contre des marins de la base navale de Toulon. Selon une source policière, il n'avait pas encore de plan très précis.

Quand l'armée est prise pour cible sur le territoire

Ce n'est pas la première fois que des militaires sont pris pour cible sur le territoire français. On se souvient des trois premières victimes de Mohamed Merah lors des tueries de mars 2012 à Toulouse et Montaubantrois parachutistes abattus de sang froid par le "tueur au scooter".

En mai 2013, à la Défense, un militaire en patrouille dans le cadre du plan Vigipirate est poignardé dans le cou par un islamiste radical. Ce dernier vient d'être déclaré irresponsable pénalement par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris en raison de son état psychiatrique.

Enfin, en juillet dernier, trois individus soupçonnés de projeter une attaque contre un sémaphore de la marine nationale, à Port-Vendres, dans les Pyrénées-Orientales, ont été interpellés puis mis en examen du chef d'association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste criminelle. Ils envisageaient d'assassiner des militaires du Fort Béar et de décapiter le chef du détachement, de filmer la scène avant de la diffuser sur Internet. 

370 interpellations dans ce cadre. Bernard Cazeneuve a salué "l'efficacité" de ses services dans la lutte antiterroriste, rappelant que la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avait "déjà procédé dans ce cadre à 370 interpellations".

De son côté, Manuel Valls a adressé mardi soir sur Twitter, ses "félicitations aux policiers qui à Toulon ont une nouvelle fois empêché un projet terroriste". "Mobilisation et vigilance", ajoute le Premier ministre.