TOUR DE FRANCE DES FAITS DIVERS - Dans l’Ain, le mystère de «l’inconnu de la poste»

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Europe 1 Studio , modifié à
HONDELATTE RACONTE - En 2008, le meurtre d’une employée de la Poste vient troubler la tranquillité de la petite ville de Montréal-la-Cluse, dans l’Ain. Le journaliste Christophe Hondelatte, narrateur hors pair, fait le récit de cette affaire criminelle aux multiples rebondissements.

Le meurtre de la postière de Montréal-la-Cluse, c’est l’histoire d’une enquête hors norme qui, au fil des ans, mène à des suspects au profil de plus en plus inattendu. Un récit aux multiples revirements, retranscrit ici à partir du podcast "Hondelatte Raconte".

>> Retrouvez l'épisode consacré à ce récit de "Hondelatte Raconte" ici

Tout commence le 19 décembre 2008, dans ce petit village au bord du lac de Nantua, dans l’Ain. En apparence, c’est une matinée comme les autres pour la petite agence de La Poste. Il est neuf heures passées, un homme entre pour récupérer son colis. Il n’y a personne au comptoir pour l’accueillir. A Montréal-la-Cluse, tout le monde connaît la postière : il s’agit de Catherine Burgod, une enfant du village. En général, elle a son rituel à l’ouverture : elle parle de tout et de rien avec ses amies autour d'un "café-clope", raconte Christophe Hondelatte. Mais ce jour-là, ce n’est pas la joyeuse petite bande que découvre le client dans l’arrière-salle, mais le corps de Catherine Burgod, gisant dans une mare de sang.

Qui a tué la postière ?

Pourquoi voudrait-on tuer Catherine Burgod ? L’employée de La Poste mène une petite vie tranquille, même si après vingt ans de mariage, elle est en pleine procédure de divorce. On apprend aussi qu’elle est enceinte d’un nouvel homme, qu’elle a rencontré il y a peu en boîte de nuit. La police évoque d’office la piste du suicide, car Catherine a tenté à deux reprises de se donner la mort entre 2007 et 2008, mais le médecin légiste est formel : l’autopsie montre qu’elle a été assassinée à coups de couteau. 28, pour être précis. Certains dans les poumons, certains dans les côtes. Le tueur a également pris 2.600 euros dans les coffres. S’agirait-il d’un braquage qui a mal tourné ? Quoi qu’il en soit, la peur s’installe dans le village, et tandis que l’enquête est lancée, tous les commerces ferment leurs portes, tel un couvre-feu improvisé…

Suspect n°1 : L’ex-mari à bout

L’ex-mari de Catherine Burgod est le premier proche entendu par la cellule d’investigation aussitôt mise en place. Dans l’affaire du meurtre de la postière, la piste du "crime passionnel" tient la route, précise encore Christophe Hondelatte : l’ex-mari aurait été fou de rage de voir Catherine sur le point d’avoir un enfant avec un autre homme, et l’aurait tuée. Interrogé, il raconte : "Comme je rentrais tard du boulot, elle se retrouvait souvent seule à la maison avec les enfants. Et puis, elle m’a avoué qu’elle ne m’aimait plus. Moi, je ne voulais pas la quitter, mais j’ai fini par renoncer et on ne se voyait plus que chez l’avocat." 

On apprend que le 18 décembre, la veille du crime, il aurait passé un appel à un collègue pour annuler le briefing du lendemain. Briefing qui devait avoir lieu initialement pile au moment du meurtre… De plus, l’ex-mari confie qu’en cette fameuse veille du meurtre, il était avec la femme qu’il fréquente depuis sa séparation, et qu’elle  aurait rompu avec lui à ce moment-là. Un homme à bout, donc, que l’épouse et sa nouvelle compagne ont toutes deux quitté. Mais l’hypothèse du "crime passionnel" vient se fracasser à un élément majeur : l’ADN prélevé dans le bureau de poste, sur le guichet ainsi que sur le sac de sport laissé dans la salle de repos, ne correspond pas.

Suspect n°2 : un acteur devenu fou ?

Dans l’affaire Catherine Burgod, un autre suspect, bien moins anodin, plane sur l’enquête. Un dénommé Gérald Thomassin, acteur français qui fréquente depuis 2007 Montréal-la-Cluse. A son arrivée, personne ne croyait à la venue d’un acteur dans cette ville retirée de l’Ain. Depuis, il vit dans un studio en sous-sol, à quelques mètres du petit bureau de poste où Catherine Burgod a été poignardée. L’acteur principal du film "Le petit criminel" de Jacques Doillon fait partie de ceux qui ont déposé une rose blanche devant l’agence en hommage à la postière. On ne lui connaît aucun lien avec elle, et pourtant, en janvier 2009, deux femmes le voient pleurer sur la tombe de la victime. A ces passantes, il déballe toute sa vie, de son passé de toxicomane à ses séjours en hôpital psychiatrique. Puis il évoque l’affaire de La Poste, et devant leurs yeux ébahis, se met à jouer la scène du meurtre, raconte encore Christophe Hondelatte. Pour ces deux dames, pas de doute : l’assassin de Catherine Burgod, c’est lui. 

Alertés, les gendarmes débarquent dans son appartement. Sur les murs, ils découvrent à l’aide d’un produit spécial des tâches de sang. "Je me suis blessé l’année dernière en taillant un sandwich", se défend-il. Placé en garde-à-vue, il ne donne aucun élément permettant de s'impliquer formellement et son ADN ne "matche" pas non plus avec celui prélevé sur la scène du crime. En juillet 2009, l’ex-mari de Catherine le menace de mort, convaincu comme tous de son implication dans l’affaire. Un ami de Thomassin révèle aussi à la police que l’acteur avait confié quelques mois avant le meurtre vouloir "faire une connerie", quelque chose comme un braquage armé. En 2013, il est placé sur écoute, et confie par téléphone à son frère : "Je vais leur dire que c’est moi qui ai assassiné la dame. Mon esprit était chez moi mais mon corps était à La Poste…". Pendant de longues années, les accusations contre lui s’accumulent et font de lui le principal suspect de l’enquête, mais sans que les enquêteurs ne parviennent vraiment à prouver les faits. 

Suspect n°3 : Le parfait inconnu

Et puis en 2018, dix ans après le crime, un nouveau suspect fait son apparition dans l’enquête. C’est un homme dans la trentaine, qui vit avec sa fiancée et joue dans les clubs de football de la ville. Tout le monde le connaît et l’apprécie. Il n’aurait jamais été suspecté si son ADN n’avait pas "matché" avec celui du meurtrier présumé de Catherine Burgod, après une arrestation pour une toute autre affaire. Placé en garde-à-vue, il admet s’être déjà rendu à la petite Poste à deux reprises : une fois avec sa mère, et une fois seul, alors que le bureau était vide. D’après ses propos, il y aurait trouvé Catherine Burgod déjà morte, et aurait dérobé une liasse de billets avant de s’enfuir… Est-il simplement responsable de vol ou est-il l'auteur du meurtre de la postière ? Existe-t-il un lien entre lui et Gérald Thomassin ? Pour écouter la fin de cette histoire, découvrir d'autres affaires criminelles riches en suspense, écoutez "Hondelatte Raconte", le podcast qui livre chaque jour des récits de faits divers et de parcours de vie singuliers.

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