Plusieurs personnes ont été blessées après des coups de feu à Paris, un homme a été interpellé. 3:50
  • Copié
avec AFP , modifié à
Plusieurs coups de feu ont été tirés dans le centre de Paris peu avant midi, faisant plusieurs blessés et trois morts, selon les dernières informations du parquet. Un homme âgé de 69 ans a été interpellé et placé en garde à vue. Selon une source policière, le tireur présumé est de nationalité française et connu pour deux tentatives d'homicide.

Trois personnes sont décédées après avoir été touchées par des tirs, vendredi peu avant midi, dans le Xe arrondissent de Paris, et un homme a été interpellé et placé en garde, a indiqué le parquet. Les faits se sont déroulés rue d'Enghien, au niveau d'un centre culturel kurde, dans un quartier commerçant et animé et notamment prisé de la communauté kurde.

Les informations à retenir :

  • La fusillade s'est déroulée dans le 10e arrondissement de Paris, rue Enghien, au niveau d'un centre culturel kurde
  • Trois personnes sont mortes, trois autres sont blessées dont une en urgence absolue
  • L'assaillant est un homme de 69 ans de nationalité français et d'origine caucasienne, interpellé et placé en garde à vue
  • Le tireur voulait "manifestement s'en prendre à des étrangers" selon Darmanin
  • Une enquête a été ouverte pour assassinat, homicides volontaires et violences aggravées
  • Aux alentours de 16h30, des heurts ont éclaté près des lieux de la fusillade entre des manifestants kurdes et les forces de l'ordre

Une enquête a été ouverte des chefs d'assassinat, homicides volontaires et violences aggravées. Les investigations ont été pour l'heure confiées à la brigade criminelle avec le 2e DPJ. Le bilan provisoire fait état de trois personnes décédées, et plusieurs blessés dont certains en urgence absolue, selon le parquet de Paris. "Il y a trois décédés, une personne en état d'urgence absolue, deux personnes en état d'urgence relative et le mis en cause qui a pu être interpellé, est également blessé, notamment au visage", a affirmé Laure Beccuau, procureure de la République de Paris lors d'un point presse sur les lieux.

Les motivations de l'assaillant sont encore inconnues

Un homme a été interpellé et placé en garde à vue peu après les faits. Ses motivations n'étaient pas connues immédiatement. Selon deux sources policières, cet homme, un conducteur de train à la retraite de nationalité française et âgé de 69 ans, est connu pour deux tentatives d'homicide commises en 2016 et décembre 2021. Il est inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a-t-on précisé de même source.

Ces antécédents concerneraient "des faits en Seine-Saint-Denis où il serait passé récemment en jugement, aurait été condamné, mais à la suite de la condamnation un appel aurait été interjeté par le parquet". Le second antécédent serait "lié à des faits qui se seraient passés du côté de Bercy à Paris". "Ça concernerait des gens qui étaient installés dans des tentes et l'intéressé se serait attaqué à des tentes", a ajouté la procureur précisant qu'une information judiciaire avait été ouverte. L'homme avait été mis en examen pour violences avec arme avec préméditation à caractère raciste ainsi que pour dégradations. Il avait ensuite été placé en détention provisoire.

Une source policière avait à l'époque indiqué à l'AFP que l'homme était soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche au moins deux migrants dans un campement à Paris le matin du 8 décembre 2021 et dégradé plusieurs tentes d'un campement du parc de Bercy, dans le XIIe arrondissement de la capitale. Selon Mme Beccuau, il avait récemment été remis en liberté. "Quant aux motifs racistes des faits (de vendredi), ces motifs vont évidemment faire partie des investigations qui viennent de débuter avec un très grand déploiement d'effectifs" des services d'enquête, a-t-elle encore déclaré.

Sur place, l'émotion était vive autour de la rue en partie bouclée par un important dispositif policier. Des membres du centre culturel Ahmed Kaya étaient notamment en pleurs, se prenant dans les bras pour se consoler, a constaté une journaliste de l'AFP. Certains, s'adressant à la police, criaient "cela recommence, vous ne nous protégez pas, ils nous tuent".

Une "panique totale"

Au croisement de la rue d'Enghien et de la rue d'Hauteville, des brancards étaient amenés dans le calme vers la scène de la fusillade et un périmètre de sécurité était mis en place par la police, a constaté une journaliste de l'AFP. Une cellule psychologique sera ouverte ce vendredi après-midi au sein de la mairie du 10e arrondissement.

"Sept à huit coups de feu dans la rue, c'est la panique totale, on est restés enfermés à l'intérieur", a témoigné auprès de l'AFP une commerçante d'un immeuble voisin souhaitant garder l'anonymat. "On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté. On est réfugiés dans le restaurant avec les salariés", a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue, joint par téléphone.

Selon un autre témoin, un habitant du quartier qui passait dans la rue et interrogé par l'AFP, "il y avait des gens en panique qui criaient à des policiers : 'il est là, il est là, avancez' en désignant un salon de coiffure". "J'ai vu des policiers rentrer dans le salon où j'ai vu deux personnes à terre, blessées aux jambes, j'ai vu le sang", a-t-il ajouté décrivant des "gens sous le choc et en panique".

Le Centre Ahmet Kaya, nommé en hommage au chanteur éponyme, est une association loi 1901 ayant pour objectif de "favoriser l'insertion progressive" de la population kurde installée en Ile-de-France.

Darmanin sur place, des tensions éclatent

En déplacement dans le Nord, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a indiqué sur Twitter qu'il rentrait à Paris "à la suite de la dramatique fusillade qui s'est déroulée ce matin". "Toutes mes pensées vont aux proches des victimes", a-t-il poursuivi. Peu après 16 heures, le ministre était sur place pour apporter "son soutien" aux victimes. Le ministre a indiqué que le tireur a voulu "manifestement s'en prendre à des étrangers" et a "manifestement" agit seul.

Il précise tout de même que les "motivations exactes" du tueur ne sont pas connues. "Il n'est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (...) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes", a ajouté le ministre de l'Intérieur, alors que des rumeurs d'attaque "politique", venant de la Turquie, étaient relayées par la communauté kurde. Gérald Darmanin a indiqué également ne pas disposer d'informations que relieraient le suspect à des faits antérieurs liés à "l'ultradroite".

En pleine prise de parole du ministre de l'Intérieur, des tensions ont éclaté dans le quartier de la fusillade, notamment rue du Faubourg Saint-Denis. Ces incidents ont débuté lorsque la foule s'est heurtée à un cordon de forces de l'ordre qui protégeait le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, venu sur place pour faire le point sur l'enquête et s'adresser aux journalistes. 

Un groupe de manifestants kurdes a fait face aux forces de l'ordre en lançant des projectiles, comme des cônes de chantiers ou des sapins de Noël. Des poubelles ont été brûlées et des barricades érigées. "PKK" (Parti des travailleurs du Kurdistan), "les martyrs ne meurent pas!", scandaient notamment des manifestants. Les forces de l'ordre ont répliqué en utilisant du gaz lacrymogènes afin de disperser la foule. Le rassemblement était jusque là pacifique. 

Peu avant, certains d'entre eux avaient tenté de forcer le passage vers le centre culturel kurde, rue d'Enghien.

Le Conseil démocratique kurde a appelé sur Twitter à "une grande manifestation samedi midi, Place de la République" à Paris. Gérald Darmanin a indiqué qu'il garantirait la sécurité et la protection des personnes souhaitant manifester.

L'émotion de la classe politique

"Stupeur", "colère", "tristesse": la classe politique, de l'extrême droite à l'extrême gauche, a réagi à la fusillade. "Stupeur et émotion après la fusillade en plein cœur de Paris", a écrit la cheffe des députés Rassemblement national Marine Le Pen sur Twitter. "Merci aux forces de l'ordre pour leur rapide et décisive intervention. Nos pensées vont aux familles des proches frappées par ce terrible drame", a-t-elle poursuivi.

En fin de journée, Emmanuel Macron a dénoncé "une odieuse attaque" contre "les Kurdes de France". Il a également montré sa "reconnaissance" envers "nos forces de l'ordre pour leur courage et leur sang-froid". La Première ministre, Elisabeth Borne, a qualifié vendredi d'"acte odieux" la fusillade mortelle qui a fait trois morts à Paris, en exprimant ses "pensées" et son "plein soutien aux victimes et à leurs proches". "Gratitude envers les policiers de la préfecture de police qui ont interpellé l'auteur présumé" et "aux pompiers de Paris engagés", a poursuivi la cheffe du gouvernement dans un message sur Twitter. 

Présente sur les lieux, la maire du Xe arrondissement, Alexandra Cordebard, a affirmé devant la presse que "le meurtrier, lui-même (blessé et) en urgence relative, a été conduit à l'hôpital". "Aujourd'hui, le criminel s'est attaqué aux Kurdes. Ce qui s'est passé doit réveiller chacun d'entre nous sur le danger que représente l'extrême-droite. Donner une légitimité au racisme, c'est armer les identitaires", a commenté sur Twitter le numéro un du PS, Olivier Faure.

Les Insoumis ont qualifié cette fusillade "d'attentat" ou d'acte "terroriste", alors qu'une enquête a été ouverte pour assassinats, homicides volontaires et violences aggravées. "Tristesse et colère devant l'attaque terroriste visant le centre culturel kurde Amet Kaya à Paris", a déclaré le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, également sur twitter. "Il y a 10 ans presque jour pour jour étaient assassinées trois dirigeantes kurdes en plein Paris. Ça suffit!" a-t-il poursuivi, plaidant pour la "protection de nos alliés kurdes". "Effroyable attentat. L'extrême droite semble avoir encore frappé. Mortellement", a avancé la députée LFI Clémentine Autain, en interrogeant: "Quand le sommet de l'Etat prendra-t-il au sérieux cette menace terroriste?".

Enfin, l'attaque a fait réagir également à l'étranger. Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié d"'acte horrible" la fusillade qui a fait trois morts et trois blessés vendredi devant un centre culturel kurde du centre de Paris. Dans un tweet, Olaf Scholz a écrit que la fusillade a été "un acte horrible qui a secoué Paris et la France aujourd'hui. Mes pensées vont aux victimes et à leurs proches". Plus tard dans la soirée, Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine a lui aussi présenté ses "plus sincères condoléances". "Mes pensées vont aux membres de la communauté kurde et aux Français en ce jour funeste", a-t-il tweeté.