Eric Piolle 1:23
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, a été placé en garde à vue mardi pour des soupçons de favoritisme dans l'attribution d'un marché public. La municipalité écologiste avait fait l'objet en 2018 d'un signalement de la Chambre régionale des comptes, qui avait conclu à "plusieurs irrégularités importantes".

Le maire de Grenoble, Éric Piolle, est entendu depuis ce mardi matin sous le régime de la garde à vue à Valence (Drôme) dans le cadre d'une enquête pour des soupçons de favoritisme dans l'attribution d'un marché public, a-t-on appris de source proche du dossier.

La municipalité écologiste avait fait l'objet en 2018 d'un signalement de la Chambre régionale des comptes, qui avait conclu à "plusieurs irrégularités importantes" dans la passation de marchés publics pour l'organisation de la "Fête des Tuiles", un rassemblement populaire organisé chaque année par la ville depuis l'élection d'Eric Piolle en 2014. 

Entendu par la brigade financière de Valence

Eric Piolle est entendu par la brigade financière de la police judiciaire de Valence où le dossier a été dépaysé. Son placement en garde à vue a été révélé par le quotidien régional Le Dauphiné Libéré. En mai 2018, le parquet de Valence avait ouvert une enquête préliminaire à la suite d'un signalement de la Chambre régionale des comptes, qui dans son rapport concluait à "plusieurs irrégularités importantes" dans la passation de ces marchés publics. 

Dans son rapport publié en septembre 2018, la Chambre régionale des comptes indiquait que la municipalité a, contre l'avis de son service des marchés publics, attribué par deux fois l'organisation d'une partie de cette fête à une association, "Fusées", proche de la majorité municipale. 

"Tentative d'effacement" 

Ainsi, pour l'édition 2015, un marché public de 123.455 euros a été accordé à cette association. "Le service des marchés publics (...) a, exceptionnellement refusé de donner son visa, la procédure ayant été menée par la direction de la communication, sans publicité ni mise en concurrence," notait le rapport. La Cour ajoutait que, pour organiser cette première édition, "la commune a recruté des personnes membres de l'association Fusées, pourtant titulaire du marché (...), ce qui est contraire aux principes de la commande publique".

Elle soulignait également que, pour un autre contrat portant sur cette fête, un devis ayant valeur de contrat "a fait l'objet d'une tentative d'effacement des dates de réception", ce qui a permis "de ne pas faire figurer de dates incohérentes". La même association a été reconduite pour la seconde édition en 2016 sans mise en concurrence. "En définitive, la passation de ces marchés pour près de 300.000 euros HT présente plusieurs irrégularités importantes," concluait l'institution qui dépend de la Cour des comptes.

Deux plaintes déposées contre X

"C'est clairement un arrangement entre amis", estime cependant un ancien élu de la majorité joint par l'AFP, qui évoque des "relations fortes" entre l'édile et l'association "fusées". L'un des cofondateurs de cette association a signé un appel de soutien à Eric Piolle en 2014, et son association a été payée pour coller des affiches durant cette campagne. En mai 2019, deux Grenobloises proches de l'ancien ministre Alain Carignon (LR), le principal opposant à Eric Piolle à Grenoble, avaient déposé une première plainte, puis une autre, contre X en septembre 2019, avec constitution de partie civile. Cette seconde plainte n'avait pas donné lieu à la saisie d'un juge d'instruction pour des raisons de procédure.

Dans la presse, Eric Piolle avait expliqué qu'il avait respecté la procédure et qu'il était victime d'un règlement de compte politique. Figure du parti Europe-Ecologie-Les Verts, il envisage une candidature à l'élection présidentielle de 2022. Contacté mardi matin, son entourage n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat. "Contrairement à d'autres, nos élu.e.s ne fuient ni ne dénigrent la justice", a réagi sur Twitter le chef des Verts Julien Bayou, assurant que la décision de la ville était "parfaitement légale". "Je dis mon estime et amitié à Eric Piolle. Je suis certain que sa décision concernant la fête des Tuiles était la bonne," a estimé le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon.