Le jour où Redoine Faïd s’est fait inviter à la Cinémathèque pour rencontrer son "mentor", Michael Mann

© BENOIT PEYRUCQ / AFP
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Pierre de Cossette, édité par Romain David , modifié à
Le braqueur, toujours en fuite quatre jours après sa spectaculaire évasion, avait rencontré en 2009 le réalisateur Michael Mann à l'occasion d'une master class, et reconnu en lui un modèle.

La police est toujours aux trousses de Redoine Faïd, ce braqueur considéré comme très dangereux, à mille lieux de l'image de sympathique bandit de cinéma ou de fugitif héroïque qu'il a un temps cherché à se construire. En 2009, le criminel était notamment parvenu à se faire inviter à la Cinémathèque française, pour rencontrer son idole, le cinéaste américain Michael Mann, réalisateur de Heat (1995), avec Al Pacino et Robert De Niro, sur une équipe de braqueurs de fourgon.

"Sa lettre était tellement sincère". Serge Toubiana, à l'époque directeur de l'institution, n'a toujours pas oublié cette improbable rencontre. Le rendez-vous avec Michael Mann affiche alors complet, mais Redoine Faïd ne ménage pas ses arguments pour pouvoir être présent. "Il m'avait envoyé une lettre me suppliant de pouvoir assister à cette master class", explique Serge Toubiana à Europe 1. "Sa lettre était tellement sincère que j'ai fait en sorte qu'il puisse rentrer".

 

Qui est Redoine Faïd, le "roi de l'évasion" ?

Michael Mann, "une sorte de mentor". Puis, quand la parole est donnée au public, le braqueur prétendument repenti intervient. "Je suis un ancien gangster, je viens de faire une dizaine d'années de prison. J'ai attaqué des fourgons blindés et des bijouteries", lâche-t-il comme entrée en matière. "Depuis vingt ans, je connais Michael Mann. Avec une bande de copains, on a un peu regardé ses films comme des documentaires. Récemment, d'éminents journalistes m'ont demandé : 'tu as fait une grande carrière criminelle. Tu es un autodidacte ?' Je leur ai répondu que non, que j'avais un conseiller technique, une sorte de mentor, et qu'il s'appelle Michael Mann".

Une fausse réputation. La salle éclate alors de rire. Le cinéaste, de son côté, s'abstient de tout commentaire. Désormais, Serge Toubiana reconnaît qu'il s'est laissé séduire par Redoine Faïd. "À l'époque, son discours était : 'je vais faire amende honorable'. C'est ce qui m'avait plutôt plu. Il n'a pas tenu son engagement, c'est le moins que l'on puisse dire". Aujourd'hui encore, cette réputation de bandit sympathique continue de coller à Redoine Faïd, et insupporte autant ses victimes que la centaine de policiers qui le traquent.