La Cour de révision a pris ce jeudi la décision rarissime d'annuler la condamnation pour viol sur mineure prononcée en 2003 contre Farid El Hairy. 1:33
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David Montagné avec AFP , modifié à
Cette décision, qui fait de cet homme de 41 ans le douzième cas connu de révision d'une condamnation aux assises depuis 1945, fait suite à la rétractation de son accusatrice qui a avoué, fin 2017, aux autorités judiciaires avoir inventé les faits, "coincée dans l'emprise" d'un "secret familial".

La Cour de révision a pris ce jeudi la décision rarissime d'annuler la condamnation pour viol sur mineure prononcée en 2003 contre Farid El Hairy, qui a passé près d'un an en détention pour un crime qu'il n'a pas commis. Cette décision, qui fait de cet homme de 41 ans le douzième cas connu de révision d'une condamnation aux assises depuis 1945, fait suite à la rétractation de son accusatrice qui a avoué, fin 2017, aux autorités judiciaires avoir inventé les faits, "coincée dans l'emprise" d'un "secret familial".

Il n'avait cessé de clamer son innocence

"Rien ne subsiste à la charge de Farid El Hairy", a déclaré le président de la cour de révision Nicolas Bonnal, ajoutant que cette condamnation était annulée sans nouveau procès. "L'affaire est terminée par cette décision qui vous lave de toute condamnation".

"Après 24 ans de souffrance, je ne sais pas trop quoi dire", a déclaré Farid El Hairy, 41 ans, à la sortie de l'audience. "Tout ce que je peux dire c'est que je ne souhaite à personne de vivre ce que j'ai vécu". En 1998, alors âgée de 15 ans, Julie D. l'avait accusé de viol et d'agression sexuelle. Durant sa garde à vue, alors âgé de 17 ans, il n'avait cessé de clamer son innocence. "C'est impossible ! Je n'ai jamais eu de rapport sexuel !", avait-il notamment déclaré.

Contraint à cinq ans de prison

Renvoyé devant la cour d'assises des mineurs du Nord, Farid El Hairy a été jugé coupable et condamné en décembre 2003 à cinq ans de prison, dont quatre ans et deux mois avec sursis, de quoi couvrir sa période de détention provisoire.

Inscrit au fichier judiciaire des auteurs d'infractions sexuelles et violentes, il est alors contraint de pointer tous les ans à la gendarmerie. Quant à ses parents, ils sont condamnés à verser 17.000 euros de dommages et intérêts à la plaignante.

Un coup de théâtre quinze ans plus tard

Coup de théâtre près de quinze ans plus tard: en octobre 2017, Julie D. écrit au procureur de Douai pour avouer avoir inventé cette histoire de toutes pièces. "Je vous confesse avoir menti, écrit-elle. Monsieur Farid E. n'est coupable de rien (…) J'étais enfermée dans mon propre mensonge et coincée dans l'emprise du secret familial."

Entre ses 8 et 12 ans, écrit-elle, Julie D. a en réalité été victime d'"incestes répétés de la part de (son) grand frère" contre lequel elle finit par déposer plainte. Il faudra toutefois attendre l'été 2022 pour que les autorités informent M. El Hairy de ce revirement.