Jubillar 1:54
  • Copié
Benjamin Peter avec AFP, édité par Léa Leostic , modifié à
Cédric Jubillar a été mis en examen vendredi pour "pour homicide volontaire par conjoint", six mois après la disparition de son épouse, Delphine Jubillar, 33 ans, une infirmière du Tarn et mère de leurs deux enfants. Il avait été placé en garde à vue mercredi, puis déféré vendredi matin. Il nie toute implication dans cette affaire. Mais pour le procureur, les incohérences dans les réponses de Cédric Jubillar sont nombreuses.

Cédric Jubillar a été mis en examen vendredi pour "meurtre aggravé", six mois après la disparition de son épouse, Delphine Jubillar, 33 ans, une infirmière du Tarn et mère de leurs deux enfants. Placé en garde à vue mercredi, il a été déféré dans la matinée devant un juge d'instruction au palais de justice de Toulouse. "Il a été mis en examen pour homicide volontaire par conjoint et vient d’être placé sous mandat de dépôt. […] M. Jubillar conteste son implication dans cette affaire", a déclaré le procureur de Toulouse Dominique Alzéari. 

Son véhicule déplacé et des cris de détresse entendus

Lors d'une conférence de presse vendredi après-midi, le procureur a détaillé les éléments troublants et les incohérences de Cédric Jubillar concernant le déroulé des faits dans la nuit du 15 au 16 décembre. Tout d’abord, le peu de temps qui s’est écoulé (16 minutes) entre le moment où il dit avoir constaté la disparition de Delphine et le moment où il appelle les gendarmes. A leur arrivée, la machine à laver tournait avec, à l’intérieur, la couette sur laquelle dormait son épouse, élément qui interpelle également le procureur. Le véhicule de Delphine Jubillar a également été déplacé alors que Cédric Jubillar n’a pas le permis. Les vitres laissaient apparaitre de la condensation, consécutive à une présence humaine selon les expertises menées.

"Monsieur Jubillar ne donne pas de réponse crédible"

Enfin, contrairement à ce qu’il a affirmé, une dispute aurait éclaté entre les deux époux un peu après 23 heures. Louis, son fils de six ans, dit avoir entendu des cris, tout comme deux voisines. "Juste après 23 heures, deux voisines, une mère et sa fille, vont entendre en direction du domicile de la famille Jubillar des cris stridents et de détresse d’une femme, qui vont les interpeler. Et qui vont progressivement disparaitre et s’arrêter dans la nuit. Ce sont des éléments auxquels Monsieur Jubillar ne donne pas de réponse crédible", a déclaré Dominique Alzéari.

Les investigations vont se poursuive pour retrouver Delphine Jubillar, mais aussi pour en savoir plus sur la personnalité de Cédric Jubillar dont il ressort, selon le procureur, une forme de déni, lui qui a fait un deuil très rapidement, parlant presque immédiatement de son épouse au passé.

Cédric Jubillar dément "toute implication dans la disparition de sa femme"

"A ce stade du dossier, sans corps, sans connaître les origines d’un décès dont on ignore jusqu’à la réalité, retenir une intention homicide est ahurissant", a dénoncé Jean-Baptiste Alary, l'avocat de Cédric Jubillar. Interrogé sur d'éventuels aveux pendant sa garde à vue, une source proche de l'enquête a dit à l'AFP que le peintre-plaquiste avait "maintenu ses déclarations malgré de longs interrogatoires. Et dément toute implication dans la disparition de sa femme". "Les auditions se sont terminées vers 3 heures du matin (vendredi)", a confié à l'AFP son avocat, Me Alary.

Le couple était en instance de divorce

Mercredi, Cédric Jubillar, sa mère et son beau-père avaient été placés en garde à vue, des incohérences ayant été relevées entre différents témoignages. Mais la mère et le beau-père ont été relâchés, selon le procureur. Cédric Jubillar avait signalé aux gendarmes la disparition de la mère de ses deux enfants de 2 et 6 ans dans la nuit du 15 au 16 décembre à Cagnac-les-Mines, près d'Albi. Le couple était en instance de divorce.

Des éléments de téléphonie auraient fait avancer l'enquête

Selon la version du mari, Delphine Jubillar est sortie de la maison le 15 décembre vers 23 heures pour promener leurs deux chiens, en plein couvre-feu, vêtue d'une doudoune blanche et avec son téléphone portable. Les chiens seraient revenus à la maison sans elle, selon le mari. Réveillé vers 4 heures par les pleurs de leur fille, Cédric Jubillar se serait alors rendu compte de l'absence de son épouse et aurait téléphoné à des amies de cette dernière, habitant le village, pensant qu'elle pouvait se trouver chez l'une d'elles. Il a ensuite appelé la police.

Ces derniers jours, des médias ont révélé des éléments de téléphonie qui auraient fait avancer l'enquête de la section de recherche de la gendarmerie de Toulouse : une photo d’elle en tenue de nuit envoyée par Delphine Jubillar à son amant le 15 décembre au soir, et une capture d’écran de l’amant retrouvée dans le téléphone de Cédric Jubillar.

Quelques jours après la disparition de son épouse, Cédric Jubillar avait pris part à une battue citoyenne réunissant un millier de personnes. Samedi 12 juin à Albi, il a participé à une marche en hommage à l’infirmière, organisée par ses collègues de la Clinique Claude-Bernard. Discrètement. Il marchait loin derrière les amies de son épouse qui portaient une banderole "Delphine, on ne t’oublie pas". Casquette, lunettes de soleil, masque, il était accompagné de son fils aîné de 6 ans.

Entendu fin avril en tant que partie civile

Cédric Jubillar avait été entendu fin avril en tant que partie civile (victime) par les magistrates en charge de l’enquête ouverte pour enlèvement et séquestration. Récemment, le peintre-plaquiste s’était affiché sur son compte Facebook en compagnie de sa nouvelle compagne.

Le procureur Alzeari a souligné mercredi le travail des gendarmes de la Section de recherche de Toulouse qui ont mené "six mois d'enquête intense, des investigations multiples et complexes".