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Théo Maneval, édité par Manon Fossat , modifié à
Une centaine de boulangers un peu partout en France ont été la cible d'une arnaque bien orchestrée. À l'origine, une bande d'escrocs qui soutire parfois plusieurs milliers d'euros aux artisans en se faisant passer pour une centrale d'achat. Deux plaintes ont déjà été déposées en Ardèche, mais aussi par un boulanger parisien.
REPORTAGE

Depuis plusieurs semaines, une bande d'escrocs se livre à une arnaque savamment orchestrée et soutire plusieurs milliers d'euros à des boulangers-pâtissiers dans toute la France. Selon les informations Europe 1, une centaine d'artisans auraient déjà été approchés à Paris, en Ardèche, dans les Vosges, la Marne, le Loiret ou encore le Rhône. Pour mener à bien leur combine, les voleurs se font passer pour une centrale d'achat rassemblant de grosses commandes pour des administrations, des hôpitaux ou des écoles, et font signer un contrat qui a l'air en tout point en règle. Sauf que le paiement n'arrive jamais, et que plusieurs milliers d'euros de "frais de dossiers" sont facturés aux artisans.

C'est ce qui est arrivé à ce boulanger parisien, qui a depuis déposé plainte. "Quand c'est trop beau et tout nouveau, il faut partir en courant", retient-il de cette affaire. Une leçon amère, à plus de 4.000 euros.

Une commande de 200 baguettes par jour

Tout a commencé lorsqu'il a été contacté par téléphone il y a quelques semaines par une société qui s'est présentée comme une centrale d'achat pour des collectivités. "Ils étaient très sûrs d'eux et ils nous ont fait une commande de 200 baguettes par jour, prépayée. Ça faisait un chiffre d'affaires de l'ordre de 3.000 euros par mois. Dans les temps actuels, on tire un peu la langue, et c'est quand même une somme qui permet de payer un salaire et les charges", explique-t-il.

Le boulanger a ensuite dû avancer un peu plus de 4.000 euros pour les "frais de dossier" et l'assurance crédit, mais la somme était censée être couverte par une lettre-chèque, d'un montant bien supérieur, envoyée par la société, en forme de garantie. "Finalement, on a fait la commande la semaine dernière et il s'est avéré que personne n'est venue et que c'était une arnaque", poursuit l'artisan. Les escrocs ont donc fait un chèque en bois, mais les "frais de dossier" du boulanger, eux, ont bien été débités.

Des arnaques adaptées à chaque boulangerie

Des exemples d'arnaques qui se multiplient, comme l'explique Christian Martin, qui représente la profession. "J'ai notamment un jeune confrère qui a carrément acheté une machine et une chambre de fermentation parce qu'il n'avait pas de personnel et pensait ne pas y arriver tout seul. Il en a eu pour 2.000 euros". Résultat, l'argent s'est là aussi envolé, et aucune trace du matériel en question.

Pour parfaire leur combine, les escrocs adaptent le volume des commandes à la taille de la boulangerie visée et mettent en avant des arguments dans l'air du temps, comme une mairie ou un hôpital voulant privilégier l'artisanat local. Et l'argent disparaît ensuite après des mouvements vers Israël, l'Afrique ou vers des pays d'Europe de l'Est.