Décès de Naomi Musenga : l'opératrice du Samu mise en examen

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avec AFP
L'opératrice du Samu qui avait raillé au téléphone Naomi Musenga, retardant la prise en charge de cette jeune femme morte fin 2017 à l'hôpital de Strasbourg, a été mise en examen pour "non-assistance à personne en danger", a indiqué le parquet vendredi à l'AFP.

Le magistrat instructeur a mis "en examen du chef de non-assistance à personne en danger (...) l'opératrice du Samu qui avait réceptionné les deux appels" de Naomi Musenga, âgé de 22 ans, a précisé la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi. Elle a été mise en examen "lors de son audition par la juge le 14 février 2023", a précisé à l'AFP l'avocat de la famille de Naomi, Me Jean-Christophe Coubris.

Le parquet a également requis "le renvoi de cette personne devant le tribunal correctionnel (...) en décembre", a ajouté Mme Renzi. "Si le magistrat instructeur suit les réquisitions, le tribunal sera saisi dès que possible de ce dossier".

Une audience attendue depuis six ans

Cette mise en examen et ces réquisitions interviennent après des années d'instruction, une longueur qui a souvent désespéré les proches de la jeune femme. "La famille de Naomi attend depuis plus de six ans une audience", a repris Me Coubris. "Cette mise en examen a été source de soulagement, avec le sentiment que la justice travaille efficacement, même si elle le fait avec son rythme qui est parfois mal apprécié ou mal compris par les familles."

 

Mère d'un enfant de 18 mois, Naomi Musenga est décédée le 29 décembre 2017 à l'hôpital de Strasbourg après avoir été prise en charge avec "un retard global de près de 02 h 20", selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas).

Une "intoxication au paracétamol"

Son appel de détresse avait soulevé une énorme vague d'indignation après la diffusion des échanges avec l'opératrice dans les médias et sur les réseaux sociaux. "J'ai très mal au ventre", "J'ai mal partout", "Je vais mourir...", soufflait Naomi, peinant à s'exprimer. "Oui, vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde", avait rétorqué, moqueuse, la régulatrice. Suspendue, celle-ci ne travaille désormais plus au CHU, selon Me Coubris.

Une première expertise, combattue avec force par la famille de la jeune femme, avait conclu à un décès consécutif à une "intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours". Mais une deuxième expertise avait réfuté les conclusions de la première, évoquant un accident vasculaire digestif ayant entraîné une hémorragie.