Bygmalion a obtenu un marché irrégulier à Levallois-Perret

© BERTRAND GUAY / AFP
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La Chambre régionale des comptes dénonce un marché de conseil en communication dont l'exécution a été "irrégulière durant toute sa durée".

Les méandres de l'affaire Bygmalion et de la gestion de la ville de Levallois-Perret se recoupent. L'exécution d'un marché de conseil en communication remporté par la société Bygmalion pour la commune dirigée par Patrick Balkany "a été irrégulière durant toute sa durée", estime la chambre régionale des comptes d'Île-de-France dans un rapport publié mardi.

"Aucune des factures ne détaillait les prestations effectuées, pas plus que les bons de commande mentionnaient le détail des prestations attendues", notent les magistrats financiers de la chambre régionale des comptes. Ils observent par ailleurs qu'"alors que les montants réglés à l'entreprise atteignent 218.029 euros, seuls 178.024 euros ont été justifiés par des bons de commande pourtant émis en régularisation".

Des documents insuffisants pour convaincre la CRC. Une enquête pénale pour "détournement de fonds publics" portant sur ce contrat est ouverte depuis mars au parquet de Nanterre. Le marché de deux ans (2012-2013) prévoyait "une double mission de conseil et d'accompagnement sur l'ensemble des domaines, outils et événements, existants ou à créer, relatifs à la communication en direction des Levalloisiens".

Pour justifier du sérieux du contenu du marché, la commune n'avait fourni aux magistrats financiers que quelques rares documents: "un diaporama de 9 pages dont le caractère personnalisé est inexistant", un autre de 59 pages "dont les seuls aspects personnalisés évoquent principalement le président de la République et le parti de la majorité parlementaire de l'époque", ou un troisième "de 22 pages intitulé 'Identité visuelle du Levallois Sporting club' (alors que) la commune n'a finalement pas changé le logo", énumère la CRC. Des "recommandations sur les outils de communication en ligne de la commune", une note juridique rédigée par un cabinet d'avocats et une étude sur la publication le magazine municipal, sous forme d'un diaporama de 21 pages, complètent la liste.

Des comptes "ni sincères, ni réguliers". Dans son mémoire de réponse, la commune des Hauts-de-Seine, à l'ouest de Paris, conteste toute irrégularité. Le rapport de la Chambre régionale des comptes sur Levallois-Perret, d'environ 200 pages, a en outre pointé des comptes municipaux "ni sincères, ni réguliers", viciés à hauteur de 117 millions d'euros, entre 2007 et 2013. Bygmalion est par ailleurs au coeur d'une affaire de fausses factures présumées pendant la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy, mis en examen mardi soir.