Bretagne : la piste des algues vertes après la mort inexpliquée d'un jeune ostréiculteur

© FRED TANNEAU / AFP
  • Copié
François Coulon, édité par Romain David

Ce saisonnier est décédé samedi en baie de Morlaix, sans que son collègue ait pu le réanimer. Une autopsie permettra de dire si la mort est liée à l’inhalation d'hydrogène sulfuré, un gaz toxique rejeté par les algues vertes en putréfaction.

Le procureur de la république de Brest a ordonné une autopsie sur le corps d'un jeune ostréiculteur saisonnier de 18 ans, décédé samedi après-midi en baie de Morlaix. Les résultats des analyses toxicologiques de cette autopsie devraient être connues en fin de semaine. Elles permettront de savoir si, oui ou non, la présence d'algues vertes en putréfaction sur le secteur a pu avoir un lien de causalité avec ce décès, comme le suspecte une association de protection de l'environnement.

Ce jeune homme était saisonnier depuis un an dans un élevage d’huîtres de Plouezoc'h et venait de décrocher son bac. "Un gars en pleine santé et bien bâti", témoigne auprès d'Europe 1 son copain Paul, salarié dans la même entreprise, et qui a passé une heure à tenter de ranimer la victime. Il ne s’explique pas les raisons du drame. "On était tous dans le parc. […] Au niveau des algues vertes, le sol n’en était pas recouvert. Il y avait juste de la vase", rapporte-t-il.

Pratiquer des relevés quotidiens sur les plages

Les écologistes de l’association Halte aux marées vertes ont procédé, sur place, à des analyses de gaz provenant d’algues en putréfaction. "Les personnes sont passées par ce banc de vase chargé d’hydrogène sulfuré. Ils ont pu en respirer des doses régulières et, pour l’un d’entre eux, ça a été fatal", avance Jean-Marie Le Lay, le coprésident de l’association. "Si c’était encore un mort par marée verte, ce serait dramatique. Nous demandons que tous les jours il y ait des analyses d’hydrogène sulfuré sur la plage."

Cette affaire intervient à un moment particulièrement critique : jamais il n'y a eu autant de plages fermées en baie de Saint-Brieuc, dans le département voisin des Côtes-d'Armor, où pas moins de 500 hectares sont couverts d'algues vertes. C'est là que trois hommes ont trouvé la mort en 30 ans, sans toutefois qu'un lien de causalité formel avec les algues vertes ait pu judiciairement être établi.