Affaire Bygmalion : l'enquête étendue à d'autres dépenses suspectes

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G.S. avec AFP , modifié à
Les juges s'interrogent sur une dizaine de millions d'euros de dépenses inscrits au budget de l'UMP en 2012.

Mais à combien s'élève donc la facture de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy ? Le parquet de Paris a étendu l'enquête sur la campagne de en 2012 à d'autres dépenses suspectes que celles liées à Bygmalion. En  plus de ces dépenses, les enquêteurs soupçonnent l'équipe de campagne de l'ancien chef de l'Etat d'avoir dissimulé plus de 10 millions d'euros, pour ne pas se faire sanctionner par la justice, a appris l'AFP jeudi de source judiciaire.

Une autre agence événementielle. Le parquet a pris un réquisitoire supplétif le 26 octobre, après avoir été sollicité par les juges d'instruction. Ces derniers s'interrogent sur une dizaine de millions d'euros de dépenses inscrits au budget de l'UMP en 2012 et qui ne figurent pas dans le compte de campagne ainsi que sur des factures manquantes, pour 1,5 à 1,8 million d'euros, d'une autre société que Bygmalion, Agence Publics, pour ses prestations lors du meeting de Villepinte, le 11 mars 2012, ont expliqué à l'AFP des sources proches du dossier. Ces sujets ont été abordés lors d'une confrontation chez les juges entre cinq mis en examen le 9 octobre, ont ajouté ces sources.

Déjà 13 mises examen. Les enquêteurs soupçonnent déjà qu'environ 18,5 millions d'euros de dépenses de meetings ont été illégalement imputées à l'UMP, via des fausses factures, par la filiale événementielle de la société de communication Bygmalion, Event&Cie, alors qu'elles devaient figurer dans les comptes de campagne. Cette fraude aurait eu pour but de masquer une explosion du budget, limité... à 22,5 millions. Son existence a été reconnue par des cadres de Bygmalion ainsi que par Jérôme Lavrilleux, à l'époque directeur adjoint de la campagne et bras droit du secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé. Les juges ont mis en examen treize responsables de Bygmalion, de l'UMP ou de l'équipe de campagne, dans l'information judiciaire pour faux, escroquerie, abus de confiance et financement illégal de campagne électorale.

"Les comptes débordaient de tous les côtés". A l'exception de Jérôme Lavrilleux, les cadres de l'UMP ou de la campagne ont réfuté avoir eu connaissance d'une fraude. Entendu par la police en septembre, Nicolas Sarkozy, qui n'est pas mis en examen, avait réfuté tout dérapage de ses comptes, qualifiant cette thèse de "farce". A ses yeux, le système de fausses factures a existé, mais seulement entre l'UMP dirigée à l'époque par Jean-François Copé et Bygmalion, fondée par des proches de ce dernier. "Partout où est passé Jean-François Copé, il a pris Bygmalion", avait lâché l'ancien candidat. Dans une interview à L'Obs quelques jours après la confrontation du 9 octobre, Jérôme Lavrilleux avait rétorqué: "les comptes ont débordé de tous les côtés. Il n'y a que Nicolas Sarkozy pour dire dans sa déposition que cette affaire ne concerne pas sa campagne...". Lors de la confrontation, il s'était interrogé sur les "très nombreuses zones d'ombres sur ces comptes de campagne dans de très nombreux domaines différents".