Un magistrat cible d'une inspection

  • Copié
avec AFP

Un magistrat du parquet de Castres (Tarn) fait l’objet d’une inspection pour avoir accusé les plus hautes autorités de l’Etat de nourrir par leur politique un climat propice à des manifestations antimusulmanes, a-t-on appris vendredi de sources concordantes. Selon des informations de Mediapart confirmées par des sources syndicales et proche de la procédure, Philippe Mao, vice-procureur à Castres, a été convoqué jeudi par l'Inspection générale des services judiciaire (IGSJ) "pour se voir reprocher une phrase prononcée lors d'un réquisitoire".

Sollicitée, la Chancellerie n'était pas en mesure de confirmer cette information. Le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) a condamné ce qu'il estime être une "nouvelle atteinte à la liberté de parole des magistrats du parquet". En décembre, lors du procès à Castres d'un ex-militaire, jugé pour avoir profané des tombes musulmanes avec des couennes de porc, Philippe Mao avait ostensiblement mis en cause la politique gouvernementale. "Ce que nous avons à juger est le résultat d’un vent mauvais qui souffle sur notre pays depuis plusieurs années et dont je crois pouvoir dire que les plus hautes autorités de l’Etat n’y sont pas étrangères et contribuent à l'alimenter, même si elles ne sont pas les seules", avait-il dit.

Le député UMP du Tarn Bernard Carayon avait alors demandé des sanctions contre le magistrat, jugeant ces propos établissant "un lien entre cet acte inqualifiable et la politique engagée par le chef de l'Etat (...) indignes d'un magistrat". Le ministre de la Justice, "Michel Mercier, n'a rien trouvé de mieux, pour apaiser l'élu, que de faire subir une inspection au magistrat", déplore le SM. "Au-delà des états d'âme d'un député très mal placé pour donner des leçons de républicanisme, c'est l'attitude du garde des Sceaux qui frappe encore par son cynisme", estime-t-il.