Trappes : quand la police dérape sur Internet

L'IGPN a ouvert une enquête après des propos racistes postés après les incidents à Trappes sur une page Facebook dédiée à la police.
L'IGPN a ouvert une enquête après des propos racistes postés après les incidents à Trappes sur une page Facebook dédiée à la police. © Max PPP
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avec Guillaume Biet et AFP , modifié à
L'IGPN a ouvert une enquête après des propos racistes postés sur une page Facebook dédiée à la police.

Des commentaires violents. "La chasse est ouverte", "il est temps de faire un bon nettoyage" ou encore "Défoncez-les ces barbus". Voilà les propos postés dès vendredi soir sur une page Facebook dédiée à la police à propos des violences qui avaient éclaté quelques heures auparavant à Trappes. Des dérapages qui ont poussé le ministère de l'Intérieur à demander l'ouverture d'une enquête par l'IGPN, la police des polices.

Policiers ou sympathisants. Les commentaires ont été postés alors que les violence urbaines étaient toujours en cours à Trappe, suite au contrôle d'une femme intégralement voilée. Des messages de soutien aux policiers ont été laissés mais d'autres commentaires sont injurieux. Les auteurs de ces posts, sur le forum "non-officiel" de la police nationale et de la police municipale, se présentent comme des policiers ou des sympathisants.

Des poursuites disciplinaires. Si les auteurs des commentaires étaient effectivement des fonctionnaires de police, ce serait d'autant plus inacceptable, estime le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. "Ce sont des propos violents, choquants, provocateurs, pour certains racistes. Donc à partir du moment où l'on peut établir, et c'est l'enquête qui devra le déterminer, que ce sont des policiers qui les ont tenus, les poursuites disciplinaires seront engagées par la direction générale de la police", a-t-il indiqué.

"Policier en toute circonstance". "Les policiers se doivent d'être exemplaires. Et l'exemplarité, c'est l'attitude sur le terrain mais aussi dans des écrits sur les réseaux sociaux ou dans la vie quotidienne. On est policier en toute circonstance", a ajouté Pierre-Henry Brandet.

Les syndicats "méfiants". Les syndicats de police, de leur côté, préfèrent rester prudents. "Je suis très méfiant sur ce type de forums non officiels qui peuvent rameuter des gens qui n'ont rien à voir avec la police, parce qu'on ne sait pas qui parle réellement", a expliqué Nicolas Comte, le porte-parole d'Unité-SGP FO, premier syndicat des gardiens de la paix. "L'expression de propos racistes tombe sous le coup de la loi et s'il y a des expressions racistes sur ce forum, il faut le fermer", a-t-il ajouté.

"Un contre-feu pour faire oublier ce qui s'est passé à Trappes". "Cela ressemble a une énorme manipulation", a pour sa part estimé Patrice Ribeiro, le secrétaire national de Synergie-officiers (deuxième syndicat d'officiers). "C'est manifestement un contre-feu allumé pour faire oublier ce qui s'est passé à Trappes, et inverser les rôles", a-t-il ajouté. "J'émets une très grande réserve sur ce genre de sites. Mais si les faits sont reconnus, ce n'est pas acceptable. Il faut que les policiers, même quand les conditions de travail sont difficiles, restent irréprochables, ce qui n'est pas toujours facile", a jugé de son côté Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d'Alliance (deuxième syndicat des gardiens de la paix).

Les auteurs des commentaires litigieux ne se sont pas cachés et ont écrit depuis leur propre compte Facebook. Leurs noms et leurs photos apparaissent. L'enquête de l'IGPN pourrait donc aller assez vite.