Prestige : le procès d'une marée noire

Le naufrage est à l'origine de la marée noire la plus importante de l'histoire en Espagne.
Le naufrage est à l'origine de la marée noire la plus importante de l'histoire en Espagne. © REUTERS
  • Copié
avec AFP , modifié à
Dix ans après les faits, le procès de cette catastrophe écologique s'ouvre en Espagne.

Il s'agit de la plus grave marée noire de l'histoire de l'Espagne. Dix ans après les faits, le procès du naufrage du Prestige s'est ouvert mardi à La Corogne, en Galice. Quatre accusés, dont le commandant du pétrolier, Apostolos Mangouras, âgé de 78 ans, vont être jugés lors d'un procès fleuve jusqu'au mois de mai 2013. Le tribunal les entendra à partir du 13 novembre, date anniversaire de la catastrophe.

16.10 prestige.espagne.marée noire.reuters.JPG

© REUTERS

Les faits. Le 13 novembre 2002, le Prestige, un pétrolier libérien battant pavillon des Bahamas, chargé de 77.000 tonnes de fuel, subissait une voie d'eau, en pleine tempête, au large de la Galice dans le nord-ouest de l'Espagne. Après avoir dérivé pendant six jours dans l'Atlantique, le pétrolier se cassait en deux et coulait, à 8 heures du matin le 19 novembre, à 250 kilomètres des côtes. En quelques semaines, ce sont environ 50.000 tonnes de fuel qui se sont échappées de la coque, polluant le littoral espagnol, portugais et français, sur des milliers de kilomètres. Plus de 300.000 volontaires venus de toute l'Europe ont participé au nettoyage des plages et des rochers souillés.

16.10 procès2.prestige.espagne.MAXPP.JPG

Ce qui en fait un procès hors-norme ? D'abord le nombre des ces acteurs, c'est un procès fleuve à la mesure de la catastrophe : 133 témoins, une centaine d'experts auditionnés, 1.500 plaignants, regroupés en 55 parties civiles. En suite, par le lieu du procès en lui-même : le Parc des expositions de La Corogne a été spécialement aménagé pour accueillir les audiences du Tribunal supérieur de Justice de Galice.

Et encore, par le montant des  dommages et intérêts, s'élevant à plus de 2,2 milliards d'euros, bien que le préjudice ait été évalué à plus de 4 milliards dont 3,682 pour l'Etat espagnol, auxquels s'ajoutent les dommages estimés pour l'Etat français (86,36 millions) et pour diverses administrations et particuliers espagnols (172,86 millions).

Qui sont les accusés et que risquent-ils ? Le commandant, le chef mécanicien, Nikolaos Argyropoulos, grec lui aussi, ainsi que l'officier en second philippin, Ireneo Maloto, qui n'a à ce jour pas été localisé. Egalement inculpé, l'ex-directeur de la Marine marchande espagnole, qui avait décidé de faire éloigner le pétrolier de la côte alors qu'il perdait des milliers de tonnes d'hydrocarbures. Le parquet a réclamé 12 ans de prison à l'encontre du commandant, poursuivi comme les deux autres officiers pour atteinte à l'environnement et à un espace naturel protégé.

16.10. procès. prestige.espagne.maxppp.jpg

Pourquoi les écologistes continuent de dénoncer la situation ? Ces derniers estiment que ce procès est imparfait et qu'aucune leçon n'a été tirée de cette marée noire. Le  groupe de défense de l'environnement Ecologistas en Accion jugent qu'il manque des accusés du côté des pouvoir publics mais aussi du côté de la société de classification ABS, qui avait déclaré le navire apte à la navigation. Ecologistas en Accion s'indigne également que des pétroliers à coque à simple (remplacés par des navires à double coque depuis 2009 mais autorisés par l'UE à naviguer jusqu'en 2015, ndlr), comme l'était le Prestige, continuent à naviguer, laissant ainsi "voguer" la menace d'une nouvelle catastrophe.