Le cas de Fatiha divise les psychiatres

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avec Frédéric Michel
Au 1er jour du procès de la femme qui avait poignardé un juge, les experts se sont affrontés.

Amorphe, le regard vide, Fatiha a semblé étrangère jeudi au premier jour de son procès devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle, à Nancy. Depuis trois ans, son cas divise les experts. Six psychiatres s’interrogent en effet sur la responsabilité pénale de la jeune femme. Se sentant persécutée, sujette à des hallucinations, cette mère de famille de 38 ans avait grièvement blessé en 2007 un juge du tribunal de Metz, qui lui refusait la garde de son enfant.

"Un expert considère que Madame Benzioua est atteinte de schizophrénie ayant totalement aboli son discernement. D’autres experts, à partir des mêmes critères, ont estimé qu’il n’y a pas lieu de prendre en considération une abolition de son discernement", rappelle maître Luc Girard, qui défend le magistrat agressé. "Il est donc normal qu’une réponse judiciaire intervienne."

"Une position courageuse"

Jeudi matin, l’un des premiers psychiatres à avoir examiné Fatiha a pourtant estimé que la jeune femme ne pouvait être jugée responsable de ses actes. "C’est un expert qui a une position courageuse. Je lui ai demandé s'il concluait souvent à l’abolition du discernement, il nous a répondu que non", affirme maître Nicolas Pasina, l’un des deux avocats de Fatiah Il a ferraillé ferme avec les questions du président, de l’avocat général et des parties civiles, a campé sur ses positions, qui me semblent logique, et qui sont surtout confirmées par le traitement que (ma cliente) prend toujours en maison d’arrêt, contre la schizophrénie."

L’autre défenseur de l’accusée, Stéphane Massé, estime que la place de sa cliente "est en dans une structure psychiatrique".

"Elle est absente depuis trois ans", estime-t-il :

Poursuivie pour tentative de meurtre, Fatiah encourt trente ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu lundi.