La famille de Rémi Fraisse en appelle à Hollande

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avec AFP , modifié à
Selon l'enquête judiciaire, les forces de l'ordre ont vu Rémi Fraisse tomber après l'explosion d'une grenade offensive. La famille demande donc de faire la lumière sur les circonstances de sa mort au barrage de Sivens.

Les premiers résultats de l'enquête judiciaire sur la mort de Rémi Fraisse sèment le trouble. La famille du jeune botaniste a donc demandé jeudi au président de la République de faire la lumière sur les circonstances de sa mort. Selon les premiers éléments de l'enquête, Rémi Fraisse a été tué par une grenade offensive lancée par les gendarmes dans la nuit du 25 au 26 octobre à Sivens, dans le Tarn. Mediapart, qui a eu connaissance du contenu de l'enquête judiciaire, révèle jeudi que les forces de l'ordre n'ont pas respecté les règles de sécurité qui encadrent l'utilisation de ces grenades offensives. Les gendarmes auraient également constaté la mort de Rémi Fraisse sans toutefois intervenir.

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Sommé de réagir, Hollande répond. A quelques heures d'une intervention télévisée du chef de l'Etat, l'avocat de la famille de Rémi Fraisse, Arié Alimi, a donc interpellé François Hollande. Le conseil le somme de s'exprimer sur plusieurs "éléments qui ressortent des témoignages et révélations" qui sont parvenus sur la mort du jeune homme. "Monsieur le Président, nous vous demandons solennellement (...) de nous apporter ces réponses,  pour nous permettre d'inhumer notre fils et frère dans la vérité, commencer à faire notre deuil et que plus jamais un tel drame ne puisse se reproduire".

Finalement, le président de la République s'est exprimé jeudi sur le dossier. François Hollande a promis jeudi soir les résultats d'une enquête administrative "d'ici huit jours". "Pour établir la vérité, il y aura donc des enquêtes qui tout de suite ont été diligentées par le ministre de l'Intérieur: une première pour savoir ce que sont exactement ces grenades, qui sont utilisées depuis 50 ans, qui jusque là n'avaient pas tué, et pourquoi il s'est passé là un drame. J'aurai le retour de cette enquête d'ici 8 jours", a affirmé le locataire de l'Elysée.

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Les gendarmes ont-ils vu Rémi Fraisse tomber ?. "Pourquoi alors que les militaires le voient expressément tomber à la suite de l'explosion de la grenade, que les circonstances de sa mort sont connues dès cet instant, la vérité sur la mort de notre enfant et frère n'a-t-elle pas été immédiatement révélée ?", a notamment demandé la famille, dans une déclaration lue devant la presse par leur avocat.

Selon Me Alimi "les éléments qui sont parvenus à la famille établissent sans l'ombre d'un doute" que les gendarmes ont compris le lien direct entre l'explosion de la grenade et la chute du jeune homme. selon Mediapart, les gendarmes étaient en effet équipés de jumelles à vision nocturne, leur permettant de voir que le jeune homme s'était écroulé, après l'explosion de la grenade.

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Pourquoi une telle riposte des forces de l'ordre ? La famille se demande également pourquoi "le préfet du Tarn a appelé à une extrême sévérité à l'égard des manifestants du barrage de Sivens". Et pourquoi "des militaires en si grand nombre et surarmés étaient présents en face du rassemblement pacifique auquel Rémi participait alors qu'il n'existait ni bien, ni personne à protéger ce soir là". La famille demande également "pourquoi ces militaires ont délibérément jeté une grenade contenant exclusivement des explosifs (...) en direction de notre enfant et frère".

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Le soir du drame, une quarantaine de grenades offensives ont été jetées. Ces grenades sont censées être utilisées en ultime recours lorsque les forces de l'ordre sont mises en danger. Or, dans le cas précis, les manifestants semblaient à cours de fusées éclairantes et de cocktails Molotov. Selon Mediapart, le groupe dans lequel se trouvait Rémi Fraisse, et que les forces de l'ordre ont visé avec une grenade offensive, jetait des pierres et des mottes de terre. Face à une telle situation, les gendarmes étaient largement équipés pour se protéger : casques, boucliers, armure et protections diverses, énumère ainsi Mediapart.

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Les médias invités à la retenue. Dans la même déclaration, la famille a demandé "expressément aux médias, mais également à toute personne, quelle que soit sa fonction, son bord ou ses opinions" de ne pas se rendre aux obsèques. "A défaut, nous ressentirions cette présence comme une offense à l'encontre de la mémoire de Rémi".