Est-il dangereux de se baigner à la Réunion ?

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L'ado tuée par un requin lundi se baignait dans une zone où la baignade était fortement déconseillée.

Les eaux réunionnaises sont-elles trop dangereuses ? Le débat est relancé après la mort lundi matin, d'une adolescente attaquée par un requin alors qu'elle se baignait. Pour la première fois depuis 1999, il s'agit d'une attaque d'une personne s'adonnant à la baignade, mais l'été dernier une série d'attaques mortelles de surfeurs avait déjà ébranlée la Réunion. Qu'en est-il de la sécurisation des eaux réunionnaises ? Peut-on se baigner sans risque sur l'île ? Europe1.fr fait le point.

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Que disent les chiffres ? Au cours des dernières semaines, une recrudescence de requins avait été constatée devant les côtes, sur les sites d'activités nautiques, et les autorités avaient renouvelé leurs appels à la prudence le 5 juillet dernier. Il s'agit de la deuxième attaque mortelle due à un requin depuis le début de l'année à la Réunion. Le 8 mai dernier, un touriste en voyage de noces qui surfait devant une plage de Saint-Gilles n'avait pas survécu aux morsures d'un squale. Trois autres surfeurs avaient trouvé la mort de cette manière en 2011 et 2012.

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Une signalisation du risque défaillant sur les plages ? Si les Réunionnais connaissent les plages dangereuses où il ne faut pas se baigner, les touristes, eux, s'exposent à de nombreux risques. C'est notamment le cas de l'adolescente tuée lundi. Cette dernière s'est en effet baignée dans une zone réputée dangereuse, la baie de Saint-Paul, qui n'est bordé par aucun récif corallien - les lagons protègent en effet les baigneurs en limitant le passage des requins (voir la carte ci-dessous). Les touristes sont seulement alertés par des panneaux indiquant que la baignade est risquée. Sauf que dans le cas précis, ces signalisations avaient été enlevées.

La baie de Saint-Paul n'est pas protégée par un lagon :

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"Des panneaux ont été apposés et ont parfois été enlevés par des personnes non identifiées. Il faut régulièrement rééquiper ces endroits qui sont réputés dangereux à la Réunion", indique Jean-Luc Marx, le préfet de la Réunion, interrogé par Le journal de l'île de la Réunion. De son côté, Huguette Bello, la député-maire de Saint-Paul, assure que de nouveaux panneaux vont être installés. "Elle était en vacances ici, dans une zone interdite à la baignade (…). Nous allons remettre les panneaux qui n'existent pas sur cette baie de Saint-Paul. Tout le monde sait que l'on ne se baigne pas dans les eaux de la baie et beaucoup de Réunionnais savent que dans cette baie, dans ces eaux-là, il y a des bêtes sauvages", commente Huguette Bello.

Écoutez le préfet de la Réunion et la maire de saint-Paul :

Le son de cloche est pourtant légèrement différent du côté de la directrice de la sécurité de la ville de Saint-Paul. Selon Gina Hoarau, "la baignade n'est pas interdite sur cette plage. Elle est à vos risques et périls. Il faut savoir que l'on est sur une zone peu fréquentée par les baigneurs", commente-t-elle sur Zinfos974.

La réduction de la pêche responsable des accidents ? Thierry Robert, député MoDem de La Réunion, a signé en mai dernier un arrêté municipal encourageant la pêche aux requins en proposant l'achat des prises par sa commune de Saint-Leu, dont il est le maire. L'espèce ciblée est le requin bouledogue, soupçonnée d'être à l'origine de la recrudescence des attaques. Mais cet arrêté a été suspendu par le tribunal administratif de la Réunion, le 7 juin, suite à un recours d'associations de protection de l'environnement marin.

Si elle n'est pas interdite, la pêche au requin n'est plus beaucoup pratiquée à la Réunion depuis 2009, la commercialisation des principales espèces consommées étant interdite en raison d'un risque de contamination par la ciguatera, une toxine dangereuse pour l'homme. La préfecture indique que 23 requins ont été pêchés dans le cadre du programme relatif à la recherche sur la ciguatera, ce qui pourrait permettre une reprise de la pêche.

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La réserve naturelle, "garde-manger" des requins ? Thierry Robert s'était déjà signalé l'an dernier à l'Assemblée nationale en pointant du doigt la réserve marine créée en 2007 à La Réunion, devenue selon lui "un garde-manger pour les requins". Des propos soutenus par Jeremy Florès, surfeur réputé à La Réunion qui s'était alarmé l'an dernier du nombre croissant d'attaques de requins. "Le problème ne vient pas d’eux, le problème vient de ces fameuses recherches scientifiques, tout le monde sait que les requins sont là, tout le monde sait que d’avoir créé une réserve marine devant les plages les plus fréquentées de l’île est une aberration, tout le monde sait que d’y avoir en plus rajouté une ferme aquacole distante d’à peine 3 ou 4 km à vol d’oiseau est totalement inconscient", écrivait-il sur un blog.

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La communauté scientifique estime de son côté qu'aucun lien ne peut être établi entre la création de la zone protégée, où la pêche reste autorisée sur une large superficie, et la recrudescence d'attaques de squales. préfet de la Réunion, Jean-Luc Marx, a toutefois indiqué en mai dernier que le bilan "très provisoire" d'une étude constatait "un déséquilibre de l'écosystème marin qui pourrait conclure à l'intérêt d'une régulation de la population de requins". Et de conclure : "on n'éradiquera pas le requin des eaux de l'Océan Indien et l'ensemble des mesures qu'il faut mettre en place sont des mesures qui s'additionnent mais qui ne garantiront jamais le risque zéro. Il faut que chacun soit alerté du risque qui existe." Pour l'océanographe et spécialiste des squales, Bernard Séret, ces chiffres sont surtout liés à l'augmentation du nombre de touristes. "Il y a eu une très forte augmentation de la population - elle a doublé en 15-20 ans - et celle des usagers de la mer a augmenté terriblement dans cette zone de 40 km", juge-t-il au micro d'Europe 1. "Il y a eu une dégradation du milieu aquatique si bien que l'on ne voit plus les espèces habituelles dans les récifs coralliens, comme les requins pointe blanche et les requins pointe noire. Ce sont des espèces qui sont très exigeantes en termes de qualité du milieu : ils veulent de l'eau propre, bien oxygénée", poursuit-il. "Les requins bouledogue sont beaucoup moins exigeants puisque c'est des requins qui sont capables de vivre dans des estuaires et même de remonter dans les fleuves. Ils ont donc un peu pris la place des autres", ajoute l'océanographe.