Endetté, un kiné se suicide

Le kiné devait près de 200.000 euros à la Sécurité sociale.
Le kiné devait près de 200.000 euros à la Sécurité sociale. © MAXPPP
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avec Lionel Gougelot , modifié à
Il devait 200.000 euros à la Sécurité sociale. Il s'est pendu avec son épouse.

Il voulait épargner ses filles. Un kinésithérapeute a été retrouvé mardi pendu à son domicile près de Dunkerque, avec son épouse. Il a laissé une lettre derrière lui, expliquant les raisons de ce geste désespéré. Sous le coup d'un redressement de la Sécurité sociale, à laquelle il devait 200.000 euros, il a préféré mettre fin à ses jours avec sa femme pour épargner à ses filles de 11 et 14 ans le poids de cette dette.

Cet homme, décrit comme un "bosseur", ne comptait pas ses heures. Et c'est précisément cette surcharge de travail qui lui a valu une procédure de redressement, la Sécurité sociale lui réclamant la somme de 196.000 euros pour des "trop-perçus" pendant deux ans. D'après son père, il a vécu cette mesure comme une humiliation.

Il n'a pas supporté d'être traité de "voleur"

"Son seul souhait, c'était de soulager la souffrance des gens. Mais d'avoir été traité de fraudeur, de voleur, il ne l'a pas supporté", a-t-il confié à Europe 1. "Ce qui lui a fait beaucoup de peine, c'est qu'il s'est mis dans la tête qu'il allait être déconventionné, qu'il n'allait plus pouvoir exercer".

"Il était tout le temps en train de courir, entre ses consultations à domicile et son cabinet", a raconté à La Voix du Nord l'un de ses patients. "Il avait une charge de travail folle", ajoute l'un de ses confrères. "Il commençait très tôt, finissait très tard", affirme ce kinésithérapeute qui connaissait bien la victime.

"Il manque des praticiens"

Pour le président du syndicat de la profession dans le Nord, interrogé par la Voix du Nord, la situation n'est pas isolée et de nombreux kinés de la région se retrouvent en suractivité, particulièrement autour de Dunkerque. "Il manque des praticiens, […] alors que la demande des patients est réelle", explique-t-il. Pour lui, ce drame illustre aussi la brutalité de la Caisse primaire d'assurance maladie, qui sanctionne des praticiens qui se "donnent à fond pour un métier qui les passionne".