Crash de l'A320 : après le drame, le temps du recueillement

© JEFF PACHOUD / AFP
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avec et agences , modifié à
L'ESSENTIEL - Au lendemain du crash de l'A320 de la Germanwings dans les Alpes, l'heure est au recueillement. Hollande, Merkel et Rajoy se sont rendu sur place mercredi, avant l'arrivée des familles jeudi.

Au lendemain du crash de l'Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings, qui s'est écrasé mardi dans une zone très difficile d'accès du sud des Alpes. Le crash a eu lieu entre Digne-les-Bains et Barcelonnette, dans la vallée de la Blanche, loin de toute habitation ou route d'accès. L'avion d'une filiale low cost de la Lufthansa effectuait une liaison Barcelone-Düsseldorf, entre l'Espagne et l'Allemagne. L'appareil transportait 144 passagers et six membres d'équipage, faisant de ce crash la pire catastrophe aérienne sur le territoire français depuis plus de 30 ans. Une première des deux boîtes noires de l'appareil a été retrouvée mardi et transférée à Paris pour analyse.

#Ce qu'il faut retenir

- La première boîte noire retrouvée mardi contient des "données utilisables"

- Hollande, Merkel et Rajoy se sont rendu sur place, avant la venue des familles de victimes jeudi

- Un dispositif spécial a été mis en place pour accompagner au mieux les quelque 400 proches attendus. 

Que sait-on du crash ? L'appareil a décollé de Barcelone à 10 heures, et devait atterrir à 11h55 à Düsseldorf. La chute de l'avion "a duré dans l'ensemble huit minutes". Le contact avec l'avion "a été perdu à 10h53 à une hauteur de 6.000 pieds", selon un dirigeant de la compagnie, Thomas Winkelmann. L'aéronef s'est écrasé au dessus de Prads-Haute-Bléone, à quelque 1.500 m d'altitude.

Qui sont les victimes ? Les 150 victimes - 144 passagers et 6 membres d'équipage - du crash mardi de l'A320 de la compagnie allemande Germanwings dans les Alpes françaises sont originaires d'une quinzaine de pays, selon les autorités françaises. L'Allemagne et l'Espagne payent le plus lourd tribut, avec 72 Allemands et au moins 51 Espagnols tués. Au moins trois Britanniques, dont un bébé, se trouvaient également à bord de l'avion, a annoncé mercredi le ministère britannique des Affaires étrangères.

Quel dispositif pour les proches des victimes ? Des familles de victimes du crash sont attendues jeudi matin à l'aéroport de Marignane, d'où elles seront prises en charge pour être acheminées sur le site de la catastrophe. Elles doivent arriver à bord de deux avions de Lufthansa, en provenance de Düsseldorf et de Barcelone.

Les premières familles sont arrivées à Digne-les-Bains, à une trentaine de kilomètres à vol d'oiseau du lieu du drame, où elles sont accueillies par la préfecture. Deux chapelles ardentes ont été installées à Seyne-les-Alpes et au Vernet. Et des cellules d'urgence médico-psychologique ont également été mises en place à Digne et à Seyne-les-Alpes. Des interprètes espagnols et allemands sont sur place.

Claude, l'un des proches d'une victime, confie à Europe 1 qu'il ne compte pas se rendre sur les lieux du crash. "Je n'irai pas sur les lieux du crash, je ne veux pas garder ces souvenirs. Mais j'ai besoin d'avoir confirmation du corps", a-t-il toutefois précisé. "Quand vous perdez un être cher, c'est horrible, c'est une horreur, ça n'a pas de nom. On pense souvent que ça n'arrive qu'aux autres...", constate le frère de l'homme d'affaires qui a perdu la vie dans le crash.

Hollande, Merkel et Rajoy étaient sur place. Le président François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy se sont rendu mercredi en début d'après-midi à Seyne-les-Alpes. Le chef de l’État et le deux chefs de gouvernement ont observé une minute de silence en mémoire des victimes du crash.

"Je pense aux familles, à leurs proches et j'exprime au nom de la France à Angela Merkel et Mariano Rajoy, les sentiments les plus tristes de condoléances. Le peuple Français est à vos cotés dans cette épreuve", a déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse mercredi après-midi. "Tout sera mis en œuvre pour remettre les corps aux familles. (...) Tout sera connu. Toute la lumière sera faite sur  les circonstances de cette catastrophe", a ajouté le président de la République, entouré d'Angela Merkel et de Mariano Rajoy, qui ont tous deux remercié la France pour son aide.

"Un très grand merci, cher François (Hollande), au nom des millions d'Allemands qui savent apprécier ces efforts et qui savent que c'est un exemple de l'amitié franco-allemande", a lancé Angela Merkel. "Je veux remercier tout particulièrement le peuple français et le président de la République", a, pour sa part, déclaré Mariano Rajoy

Quelles dispositions sur place ? Plus de 300 gendarmes, une centaine de sapeurs-pompiers, 70 chasseurs venus de Gap ainsi qu'une dizaine de médecins-légistes sont de nouveau mobilisés mercredi pour les opérations de recherche et d'enquête. Une douzaine d'enquêteurs sont déjà "sur zone" pour identifier les corps, ce qui prendra "des jours et même des semaines", selon le procureur de la République de Marseille, Brice Robin.

Interpol a par ailleurs envoyé une équipe de spécialistes à la demande des autorités françaises pour aider à l'enquête sur le crash. Basée au sein de la cellule de crise des enquêteurs français à Paris, cette équipe, comprenant initialement quatre experts, apportera notamment une aide pour l'identification des victimes et un soutien linguistique.

Comment s'organisent les opérations ? L'hélitreuillage des corps des victimes du crash a commencé en milieu d'après-midi mercredi. Les recherches et les investigations autour de l'épave ont ensuite été interrompues mercredi soir à la tombée de la nuit. Des gendarmes passeront la nuit de mercredi à jeudi autour des débris de l'avion, à environ 1.500 mètres d'altitude, dans une zone escarpée accessible uniquement en hélicoptère ou au prix d'une longue marche.

"Le dispositif d'hier est reconduit : cinq gendarmes spécialisés montagne passent la nuit sur place pour sécuriser le site", a-t-on précisé de même source. Les investigations devraient reprendre jeudi matin après le lever du jour.

Quelle est l'importance de la boite noire retrouvée ? Le "pôle accident collectif" du parquet de Marseille s'est saisi de l'enquête sur le crash. Une des boîtes noires de l'appareil a été retrouvée mardi et a été transmise au BEA mercredi. "Nous venons de réussir à extraire des données utilisables du CVR", a déclaré le directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), Rémi Jouty. Le "Cockpit Voice Recorder" est l'une des deux boîtes noires, celle qui enregistre tous les sons de la cabine de pilotage et permet d'entendre les conversations entre le commandant de bord et le pilote, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage, les alarmes qui ont pu éventuellement retentir.

A présent, l'autre objectif des gendarmes est de retrouver la deuxième boîte noire, celle qui contient les paramètres de vol et les informations techniques de l'avion, enregistrées jusqu'à l'impact. Contrairement aux rumeurs, elle n'a pas encore été retrouvée. François Hollande a toutefois annoncé mercredi après-midi que son "enveloppe" avait été "retrouvée" mais "pas la boîte noire elle-même". Une information que le directeur du BEA n'a pas confirmé, répétant qu'elle n'avait "pas été localisée".

C'est en croisant ces données avec le contenu des conversations que les experts pourront tenter d'expliquer pourquoi l'Airbus A320 a fait une si longue descente et pourquoi l'équipage n'a pas envoyé de signal de détresse. Pour l'heure, les enquêteurs n'ont toujours pas "la moindre explication" sur les causes du crash.

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