Crash de l’A320 : "Cet avion, sans moteur, est pilotable"

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ÉDITION SPÉCIALE - Europe 1 a sollicité nombre d’experts de l’aéronautique pour tenter de comprendre ce qui s’est passé.

L’INFO. Mardi, à 11h15, l’Airbus A320 à destination de Düsseldorf, dans le nord de l'Allemagne, a disparu des radars. Un peu plus tard, on a appris que l’avion s’est crashé dans les Alpes-de-Haute-Provence, avec 144 passagers et six membres d'équipage à bord. "Il n'y a aucun survivant", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies. Mardi soir, Europe 1 a sollicité plusieurs experts de l’aéronautique pour tenter de comprendre ce qui s’est passé.

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"On peut supposer que l’équipage avait autre chose à faire ou qu’il n’était plus aux commandes". Pour Xavier Barral (photo), ancien commandant de bord Air France et inspecteur de l’Organisme du Contrôle en Vol, "ce dont on peut être sûr, c’est qu’il n’y a pas eu de décrochage. Il est descendu à 3.000 pieds/minute, ce qui n’est pas une descente tout à fait normale, mais en 10 minutes, ce n’est pas énorme. Donc on peut supposer que l’équipage avait autre chose à faire ou qu’il n’était plus aux commandes pour une raison quelconque. Seules les boites noires pourront y répondre." L'une d'entre elles a été retrouvée sur les lieux du crash, mais n'a pas encore été analysée.

Que pense-t-il de l’hypothèse d’une panne des moteurs ? "Cet avion, sans moteur, est pilotable. Un pilote aurait donc pu faire quelque chose et ne pas aller tout droit vers la montagne. Donc pour le moment, on peut exclure l’idée d’une panne moteur, même s’il faut attendre les boites noires", a-t-il encore prévenu.

Xavier Barral pense à une autre piste pour expliquer ce drame : la dépressurisation. "A 38.000 pieds, à l’altitude de croisière où il était, quand vous n’avez plus une dépressurisation totale, on perd connaissance très rapidement. Cela peut être une hypothèse".

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"Plus d’équipage pour piloter cet avion ou appeler au secours". "il y a un grand point d’interrogation. L’avion est descendu à une vitesse quasiment normale. En revanche, personne n’a parlé et cela est anormal", a analysé à son tour Bernard Chabbert (photo), consultant aéronautique d’Europe 1. "Et c’est là qu’on commence à échafauder des hypothèses. Quand on voit la trace au sol de l’avion, la trajectoire qu’il a suivi était parfaitement rectiligne, il n’y a pas eu de virage, donc tout se passe comme s’il n’y avait plus d’équipage pour piloter cet avion ou appeler au secours."

"Une dépressurisation ne peut pas conduire à l’endormissement total d’un avion". Pour notre consultant, contrairement à ce que pense Xavier Barral, le scénario de la dépressurisation ne tient pas : "c’est une des pannes graves les mieux maitrisées. On peut perdre une porte en vol, il y aura peut-être des passagers aspirés à l'extérieur s’ils ne sont pas attachés, mais une dépressurisation ne peut pas conduire à l’endormissement total d’un avion et de ses passagers. Sur les avions modernes, ce n’est pas possible."

Pour Claude Lelaie, ancien pilote, a dirigé à de nombreuses reprises un A320, avec lequel il a plus de 2.000 heures de vol, "le temps de descente n’a rien d’anormal. C’est difficile de faire des hypothèses, il a pu se passer beaucoup de choses dans cet avion". Mais, comme Bernard Chabbert, il ne croit pas non plus à la thèse de la dépressurisation : "ce n’est sans doute pas la piste la plus probable".