Antisémitisme : 30.000 euros d'amende requis contre Dieudonné

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Chloé Triomphe avec Chloé Pilorget-Rezzouk et agences , modifié à
Dieudonné était jugé pour provocation à la haine raciale, mercredi, devant le tribunal correctionnel de Paris. La procureur a requis à son encontre 300 jours-amende à 100 euros, soit 30.000 euros au total.

L’info. 300 jours-amende d’un montant de 100 euros ont été requis à l'encontre du polémiste par la procureur du tribunal correctionnel de Paris. Dieudonné était en effet jugé, mercredi, pour provocation à la haine raciale après avoir tenu des propos antisémites sur le journaliste Patrick Cohen. Concrètement, cela veut dire que si le tribunal suit ces réquisitions, le polémiste controversé devra payer 30.000 euros d'amende ou, à défaut, aller en prison pour 300 jours.

Dieudonné M'bala M'bala comparaissait notamment pour des propos tenus envers le journaliste radio Patrick Cohen, lors de son spectacle Le Mur : "Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise. Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage". Ces propos avaient déclenché le processus d'interdiction de son spectacle il y a un an, après la diffusion de cet extrait, en décembre 2013, par la chaîne de télévision France 2. Mercredi, le polémiste était aussi pour suivi pour d'autres propos tenus dans ce spectacle, dont la chanson "Shoah nanas" parodie de "Chaud cacao" d'Annie Cordy. 

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Présent à la barre. Déjà condamné à plusieurs reprises pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale, l'humoriste controversé s'était déplacé pour l'audience. Parfaitement calme, il s'est expliqué à la barre devant une salle comble. Pas de climat électrique pour autant, puisqu'il n'y a eu ni sifflets ni applaudissements même lorsque le tribunal a diffusé les extraits litigieux de son spectacle. Pour sa défense, Dieudonné a notamment expliqué s'être senti "insulté" par Patrick Cohen quand celui-ci a évoqué à la télévision une liste de personnalités au "cerveau malade" qu'il ne souhaitait pas inviter dans ses émissions. Il a également assuré : "Je ne suis pas antisémite, parce que ça n'est pas drôle d'être antisémite", estimant que si son public riait, c'est qu'il décelait une "distance".

Une défense qui fait grincer des dents. Dans son argumentation, le polémiste est resté égal à lui-même, toujours sur le fil. Il s'est même payé le luxe de donner un cours de démocratie au tribunal. Il a évoqué, par exemple, les dessins de Mahomet par Charlie Hebdo, expliquant : "Je comprends que cela puisse choquer, mais il faut tolérer en France, il faut savoir vivre ensemble." Une argumentation livrée avec la plus grand ironie et qui a laissé un goût amer aux associations antiracistes comme la Licra. 

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"La limite, c'est la  loi". "Oui la liberté d'expression est un droit fondamental sauf que [...] la loi elle est là pour fixer les limites", a lancé la procureur dans ses conclusions, estimant que les propos poursuivis avaient "porté atteinte à des valeurs fondamentales qui fondent notre société". "La question n'est pas de savoir si monsieur M'bala M'bala est antisémite, ça n'est pas mon problème. La question c'est si on peut le laisser porter de telles attaques", a-t-elle poursuivi, avant de requérir 300 jours-amende d’un montant de 100 euros.

 C'est dorénavant aux juges de trancher sur ces propos, comme ceux sur les chambres à gaz, évoquées avec nostalgie par Dieudonné, en prétextant l'humour. Le tribunal devra notamment déterminer si dire : "Je ne sais pas entre les juifs et les nazis qui a provoqué qui, qui a volé qui, mais j'ai ma petite idée" relève de la liberté d'expression, de la liberté artistique ou si ces propos tombent tout simplement sous le coup de la loi pour incitation à la haine. 

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Des procédures judiciaires qui s'accumulent. A 44 ans, Dieudonné, habitué des prétoires, voit les ennuis s'accumuler. Il sera d'ailleurs jugé en correctionnelle, le 4 février prochain, pour "apologie du terrorisme", après avoir écrit sur Facebook qu'il se sentait "Charlie Coulibaly", en référence à l'un des trois auteurs des attentats qui ont fait 17 morts à Paris, début janvier.