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SAISON 2020 - 2021, modifié à

SERIELAND ENTRETIEN - Dans "La Flamme," sa nouvelle série diffusée sur Canal +, Jonathan Cohen parodie l'émission de téléréalité "Le Bachelor" et met en scène treize femmes prêtes à tout pour conquérir le cœur d'un célibataire. Parmi les prétendantes : Camille Chamoux. La comédienne joue "Chataléré", une candidate qui n'a pas froid aux yeux… mais pas que. Aux côtés d'Eva Roque, elle nous plonge dans les coulisses du tournage de cette série hilarante.

Libre, déjantée, et un poil dénudée… Voici "Chataléré", une candidate sans culotte de la version parodique du Bachelor. Dans "La Flamme", la nouvelle série de Jonathan Cohen diffusée sur Canal +, qui se moque de cette émission de téléréalité où des femmes sont en compétition pour séduire un célibataire, elle est incarnée par Camille Chamoux.

La comédienne et humoriste, vue dans les comédies Premières vacances, Larguées, Les Gazelles et la série WorkinGirls, a adoré incarner ce personnage de femme qui s'assume, qui s'habille comme elle l'entend… Un personnage féministe, selon l'actrice. 

Dans SERIELAND, le podcast d'Europe 1 Studio  dédié aux séries à ne pas manquer, Eva Roque reçoit l'actrice Camille Chamoux. Comment a-t-elle appréhendé son personnage ? Quelle était la part d'improvisation dans la série ? Quel regard porte-t-elle sur la téléréalité ? Camille Chamoux vous raconte les coulisses de la série qui parodie le monde de la téléréalité.

 

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Transcription de l'entretien

Camille Chamoux Elle est vraiment géniale Chataléré. Elle n'a pas de langue de bois. Elle est très cash, elle est très libre. C'est une femme libre. 

Eva Roque Vous écoutez SERIELAND Episode 10. Vous allez entendre une comédienne qui n'a pas froid aux yeux. Comme son personnage. Je m'appelle Eva et je viens de passer 270 minutes à rire devant mon écran en découvrant "La Flamme", parodie de l'émission "Le Bachelor". Une émission de téléréalité, mettant en scène un célibataire face à des prétendantes. À elle de séduire le jeune homme qui, de son côté, élimine les candidates au fil de l'émission, la série réalisée par Jonathan Cohen et Jérémie Galand reprend exactement tous les codes de cette téléréalité. Jonathan Cohen joue le rôle de Marc, le Bachelor. Vincent Dedienne celui du présentateur télé. Parmi les prétendantes, une détonne particulièrement. Signe distinctif de la jeune femme : elle ne porte pas de culotte, ni même de pantalon, ni de jupe non plus. Fesses à l'air. Enfin, c'est ce que j'imagine, puisque quelques pixels cachent l'anatomie de Chataléré, alias Camille Chamoux. A-t-elle vraiment choisi de jouer cette nymphomane plutôt que la prétendante au cœur de singe, ou encore celle qui ne jure que par Jésus ? Pour en parler et pour tout savoir sur les coulisses de "La Flamme" autant demander à la principale intéressée. Vous écoutez SERIELAND à la rencontre de la comédienne et auteure Camille Chamoux. Bonjour Camille Chamoux ! 

Camille Chamoux Bonjour ! 

Eva Roque Pour commencer. Est-ce que vous pourriez nous raconter la première journée de tournage de "La Flamme", série que l'on peut voir sur Canal+ ? 

Camille Chamoux C'était épique parce que la première journée, c'était un jour avec tout le monde. On a eu quatorze journées avec l'intégralité des filles. Comme c'est un casting très haut niveau au niveau des actrices françaises, qui travaillent beaucoup en ce moment, réunir les 13 prétendantes sur 14 jours, c'était un vrai défi. Alors il n'y avait pas les 13 sur 14 jours mais il y avait la majorité. Et la première journée, c'était la journée où il y avait tout le monde, absolument tout le casting était là. 

Eva Roque C'était pour quelles scènes, vous vous en souvenez ? 

Camille Chamoux Je crois qu'on a tourné quasiment chronologiquement. C'est à dire que la première journée, on a eu la remise de prix de la première cérémonie, et les fameuses présentations de toutes les filles. C'était super parce qu'on commençait par la présentation de notre personnage donc ça nous mettait dans l'ambiance et on avait tout de suite les traits de caractère qu'on allait défendre et qu'on allait assumer. Donc voilà, la première journée, c'était ça. C'était la rencontre de toutes ces personnalités, et dès le premier jour, on s'est énormément marré. 

Eva Roque SERIELAND étant un podcast garanti sans spoil, on ne pourra pas dévoiler beaucoup de choses sur votre personnage. Est-ce que vous auriez pu incarner une des 12 autres femmes ? 

"C'est comme ça que sont castés les filles dans la téléréalité, comme des facettes. C'est vraiment une satire de ça."

Camille Chamoux Ben oui, bien sûr. Parce que ce qui est rigolo, c'est de se plonger dans cette sorte de satire de téléréalité. Et tous les caractères féminins sont tellement poussés qu'ils en deviennent très jouissifs à jouer. Sachant que de toute façon, le personnage le plus ridicule, c'est celui de Jonathan Cohen. Du coup, c'est du clown. C'est vraiment du clown. Et en même temps je trouve que toutes les filles sont super attachantes parce qu'on part d'un trait de caractère, pour finalement leur donner une humanité. C'est un peu l'inverse d'un rôle normal où on parle d'une personnalité complexe et on va se chercher, se demander quelle névrose ou quel truc on peut fouiller. Là non, ce sont des personnages écrits comme une facette, parce que c'est comme ça que sont castés les filles dans la téléréalité, comme des facettes. C'est vraiment une satire de ça. C'est quelque chose qui est critiqué même si c'est avec énormément d'humour et de légèreté dans la série. Et du coup, j'aurais pu jouer plusieurs d'entre-elles probablement parce qu'il suffit de se plonger dans le clown pour trouver leurs failles et le truc qu'elles ont de rigolo. Après, j'adorais Chataléré. J'ai même demandé à la faire. En ce moment ça me fait hyper rire les trucs féministes des ados. Je parle avec des mères d'école qui me disent "Okay, donc, ma fille fait la révolution en enlevant sa culotte, en portant des mini shorts et en montrant son cul". Et moi, je suis là : "oui, mais en même temps, il faut admettre le féminisme sous toutes ses formes, les filles". Bon par contre, il faut parler parce qu'il ne faut pas que ça s'arrête à ça non plus. Mais c'est super chouette et rigolo. Et moi, en fait, cette fille qui dit qu'elle est libre parce que elle ne met pas de culotte et qu'elle veut juste être aérée de toute part, que l'air circule, je trouve que c'est merveilleux et ça débranche le cerveau parce que j'en ai marre de parler, de théoriser, d'analyser tout, en parlant notamment de la position de la femme dans la société. Je suis super contente d'incarner une femme qui n'a pas de culotte et c'est sa façon d'être libre. 

Eva Roque Vous devez la vérité, Camille Chamoux. Il y a des petits pixels à l'écran. Mais ils cachent quoi ces pixels ? 

Camille Chamoux J'ai tourné en string chair, j'étais quand même fesses à l'air tout le temps ! Mais au bout d'un moment, on oublie complètement. 

Eva Roque Et il faisait beau ? Parce que quand on regarde la série, on n'a pas l'impression que vous avez tourné en plein été. 

Camille Chamoux Non, on a tourné en novembre, décembre. On s'y faisait, on avait un peu froid, surtout moi. J'étais très aéré, mais c'est toujours pareil quand on tourne, on oublie les circonstances. 

Eva Roque Au rang des révélations, est-ce que cette villa que nous découvrons dans le premier épisode est bien le lieu où vous avez tourné toutes les scènes, où c'était simplement le décorum du premier épisode ?

Camille Chamoux On a tourné énormément de scènes dans cette villa. On y a passé presque deux semaines. 

Eva Roque C'est une parodie déjantée du Bachelor. On le dit depuis le début, mais en coulisses, comment était l'ambiance ? Vous nous disiez que vous étiez tous réunis pendant plusieurs journées de tournage. On sait que l'humour requiert beaucoup de travail, beaucoup de rigueur. Mais est-ce que dès que la caméra s'arrête de tourner, vous avez pu vous marrer.... 

Camille Chamoux Même pendant à vrai dire parce que là, pour le coup, effectivement, on était tout le temps dans une sorte de recherche de ce qu'on pouvait réinventer. En plus, sur le texte, Jonathan Cohen et Jérémie Galan, les réalisateurs, sont très friands de nouveautés et d'innovations, d'improvisation, etc. Ils sont très clients des actrices et des acteurs qu'ils ont choisi. Mais au-delà de ça, on a eu beaucoup de fous rires. Certains ont été très prolifiques. Il y a eu beaucoup d'inventions et de fous rires géniaux. 

Eva Roque Jonathan Cohen c'est quand même le roi de l'impro. On le connaît notamment pour une autre série qui s'appelle "Serge le Mytho". Il improvisait énormément. Maintenant il est réalisateur sur cette série, est-ce qui vous a laissé une part d'improvisation ou tout était très écrit ? 

Camille Chamoux Une très grande part d'improvisation, c'est à dire que tout était écrit, les personnages étaient super bien écrits avec des caractéristiques, etc. Mais il nous l'avait dit dès le départ : place à l'inventivité et à la fraîcheur humoristique qui va naître de votre rencontre et des instants de confrontation. Voilà le défi, et on l'a vraiment fait. 

Eva Roque Au casting et je ne parle que des filles, on retrouve Doria Tillier, Géraldine Nakache, Laure Calamy, Ana Girardot, Adèle Exarchopoulos, Céline Sallette, Léonie Simaga, Marie-Pierre Casey, Florence Foresti ou Youssef Hajdi. Oui, je sais, j'ai dit que je ne parlais que des filles, mais vous verrez bien pourquoi... Et puis, il y a Leïla Bekhti. Elle est complètement folle dans ce personnage, on est d'accord ?

Camille Chamoux Elle est complètement cinglé dans ce personnage, c'est hilarant. 

Eva Roque Mais elle ne vous a pas fait peur sur le tournage ? 

"Il ne fallait pas avoir de regard sur soi"

Camille Chamoux Mais si et c'était génial, elle était à fond dans son rôle. Elle est extraordinaire. Elle était vraiment d'une intensité dramatique. C'était génial. En fait, ce qui était super, c'est qu'on y est toutes et tous allés à fond. Il ne fallait pas avoir de regard sur soi et d'ailleurs, je suis très curieuse de savoir comment va se passer leur saison 2, qui est l'inverse. Dans leur saison 2, il va y avoir tous les garçons et une postulante, la postulante est géniale. On ne doit pas dire qui j'imagine pour le moment, mais elle est géniale. En revanche, les garçons, il y a énormément de comédiens super drôles en France. Je pense que ce ne sera pas difficile de trouver des comédiens humoristes, mais je me demande s'il y aura autant de liberté. C'est une vraie question, par rapport au regard sur eux mêmes aussi. Là les filles, il n'y avait aucun regard sur elles-mêmes. C'est marrant parce que comme actrice, je me permets de dire que souvent, des journalistes vous parlent de concurrence, de compétition, etc. C'est quelque chose qui revient beaucoup dans les interviews, honnêtement. Là c'est une série où il y a douze nanas super exposées. Il n'y avait pas de compétition, on se marrait. Et pourtant, ce n'était pas des saintes, et moi non plus. Il y avait un truc très franc du collier et dans le jeu on avait cinq ans. Alors après, il faut dire que Jonathan Cohen, mets une ambiance très rigolote; de camaraderie. Franche camaraderie. Jérémie Galan aussi. 

Eva Roque Donc ça veut dire que vous ne vous êtes pas piqués au jeu du jeu, c'est à dire vous ne vous êtres pas cru dans le Bachelor... dans la mesure où la série est vraiment conçue comme le jeu... 

Camille Chamoux Non en fait on était à fond dans nos personnages, c'est à dire qu'on allait à fond dans nos clowns et dans la bouffonnerie. Je ne sais pas comment dire, mais sans recul, on se plongeait dans le truc. Par contre, on était hyper solidaires dans l'invention et tout ça. 

Eva Roque Et on a quand même besoin de savoir quelle fille aurait eu le plus de chance de séduire vraiment Jonathan Cohen pendant le tournage ?

Camille Chamoux Impossible de vous dire ça ...

Eva Roque Alors il faut bien parler de Jonathan Cohen. Vous avez déjà joué ensemble dans le film "Première vacances", depuis combien de temps vous vous connaissez ? 

Camille Chamoux Depuis très longtemps parce que ça fait peut être 13/14 ans qu’on se côtoie notamment dans des cercles théâtraux. Il faisait de l'impro dans un groupe de théâtre que j'adore avec Benjamin Bellecour, qui a produit la série d'ailleurs. Et il jouait dans un truc d'impro qui s'appelait "Masques et Nez", qui étaient des mecs hyper doués que j'adorais et que j'allais voir hyper souvent. Et puis on s'est connus. On faisait un cabaret qui s'appelait "Le Cabaret pour tes parents", à minuit, au "Ciné 13". J'étais avec Alexandra Chouraqui et Camille Cottin, deux potes depuis 15 ans aussi, et on faisait un groupe qui s'appelait "No voice sisters". Ce sont des filles qui essayent de faire un groupe de rock alors qu'elles n'ont pas de voix, et lui il faisait des conneries avec des potes on fait n'importe quoi. Ce jeu permanent, cette espèce de truc ludique de l'invention, d'aller hyper loin d'être dans le clown, c'est un truc qu'on a depuis très longtemps, qu'on partage depuis très longtemps ensemble. Quand on se retrouve sur le tournage de "Premières vacances", on s'est éclatés. Et là, du coup quand il m'a proposé la série ...

Eva Roque C'est lui qui vous a proposé le rôle dans "La Flamme". Est ce qu'on passe un casting ou pas ? 

Camille Chamoux Non. Alors dans la Flamme, il a été vraiment à l'instinct. Après, il y a des rôles qui ont bougé, moi, il m'a proposé un autre rôle au départ et j'étais hyper contente de le faire à la base. Et puis, j'ai eu cette possibilité de faire Chataléré. Je me suis dit "trop marrant". 

Eva Roque Faites moi rire. Pour quel personnage vous auriez dû intervenir ? 

Camille Chamoux Un personnage que j'adore, que je trouve super drôle aussi, c'est l'aveugle qui est incarné par Florence Foresti fantastiquement. Il y a eu un peu de chaises musicales. C'est normal parce que les filles pouvaient, et ne pouvaient plus, avec les emplois du temps, etc. Quand j'ai vu que je n'étais pas du tout pressentie pour Chataléré et que finalement c'était libre, je lui ai dit que c'est trop marrant, j'ai envie de le tenter. 

Eva Roque Est-ce que le fait  que Jonathan Cohen soit réalisateur a changé la donne dans la relation que vous pouvez avoir pendant le tournage, notamment ? 

Camille Chamoux En fait, c'était marrant parce qu'il l'a vraiment très bien fait. Je ne le pense pas souvent au cinéma, mais pour le coup d'avoir un réalisateur qui soit à l'intérieur, c'était vachement positif parce qu'il mettait "la connerie", comme dit ma petite cousine. Il instillait la bouffonnerie, la rigolade à l'intérieur de l'équipe. Et comme il savait ce qu'il voulait, tous les instants d'inventivité, il les créeraient, il les engendraient. 

"On ne peut pas nier le fait qu'on analyse en temps réel l'humanité."

Eva Roque Quel regard vous portez sur la téléréalité en général ? 

Camille Chamoux J'imagine un regard partagé par beaucoup, c'est à dire une excitation malsaine. Je suis contente de la dénoncer, de la dénoncer au sens de me dénoncer, de décrire, de circonscrire ce truc là. Dans "La Flamme", c'est vraiment ça, on est allé chercher ce qui gratte et ce qui nous plaît dans la téléréalité. Pourquoi ça nous plaît ? C'est encore autre chose, c'est les jeux du cirque. Ce n'est pas nous qui l'avons inventé, c'est Jules César donc, je me sens un peu libre. 

Eva Roque Est-ce que vous pensez que l'écriture des émissions de téléréalité a changé l'écriture d'une façon plus générale dans le milieu de d'audiovisuel ? Est ce que ça a marqué une étape dans l'histoire de la télé ? 

Camille Chamoux On ne peut pas nier le fait qu'on analyse en temps réel l'humanité. La téléréalité est arrivée en même temps que les réseaux sociaux, qui sont une espèce de décharge émotionnelle en temps réel. Je pense que le truc que ça a changé, c'est le temps réel, d'être en prise avec le temps réel. Simultanément, les émissions sont de moins en moins en direct. Donc, je vous dirais que le vrai réel, où est il ? Je n'en sais rien. Mais en tout cas, c'est cette espèce de volonté de choper l'humain comme ça, probablement dans ce qu'il a de pire. Après, dire que c'est forcément négatif, non, parce que de tous temps le divertissement populaire se nourrit de choses assez malsaines. Et à côté de ça, il y a du divertissement plus qualitatif. Il y a eu dans les années 20, le comique troupier et à côté, les dadaïstes. Bon, on a retenu les dadaïstes, on a moins retenu le comique troupier. Donc je suis pas inquiète. Avec la téléréalité, il faut bien du divertissement de masse un peu bizarre qui fonctionne après tout sur les névroses de l'époque. 

Eva Roque Je parlais d'écriture parce que vous êtes aussi auteure. Vous avez notamment participé à l'écriture de "Dix Pour Cent". Qu'est-ce que ça vous fait d'entendre le générique ?

Camille Chamoux Ça me rappelle le premier visionnage de la première saison. Oui, j'ai écrit l'épisode 2 de la première saison avec Fanny Herrero et j'ai fait partie des réunions d'auteurs pour écrire les personnages. Et c'était passionnant. C'était génial. Après la directrice de collection Fanny Herrero, est une fille absolument exceptionnelle. Donc, j'ai beaucoup appris à ses côtés et je pense que j'ai fait une formation accélérée de scénario. 

Eva Roque Pourquoi exceptionnelle ? Vous pouvez l'expliquer, pour qu'on comprenne ce que ça signifie ? 

Camille Chamoux Oui, parce qu'elle essaie de mettre dans l'écriture de scénarios une observation extrêmement pointue et pertinente des travers de son époque. D'elle même et des gens qui l'entourent. Et c'est exactement ce que j'essayais de faire à l'époque dans mes premiers spectacles, "Né sous Giscard" notamment, qui était le spectacle sur lequel je l'ai rencontrée. C'est pour ça que j'ai fait une formation accélérée de scénario parce qu'elle essaie de faire ça tout en respectant une structure scénaristique qui fonctionne et un appétit du spectateur. Elle est très exigeante, mais dans un cadre qui peut quand même choper le spectateur. Et moi, ça m'a appris parce que suite à la rencontre avec Fanny, j'ai écrit des scénarios et maintenant, je me sens très compétente dans l'écriture de scénarios. Je pense que j'ai beaucoup appris avec elle. 

Eva Roque Il y a un plaisir particulier à écrire une série plus qu'un spectacle, par exemple ? 

Camille Chamoux Il y a un plaisir particulier à créer des personnages. Le plaisir de la série je le vis aujourd'hui parce que j'écris une autre série en ce moment, c'est la récurrence de personnages et leur développement sur un temps long, c'est beaucoup plus jouissif que sur un film. Donc, oui, c'est passionnant. Après moi, avec le seul en scène par exemple, j'ai le même processus qu'une série puisque finalement, j'en suis à mon quatrième seul en scène, je suis le personnage de moi même, entouré des personnes qui sont toujours les mêmes : ma belle mère, mon mec, mes enfants qui sont nés dans mes spectacles et qui ont grandi avec, les gens qui m'entourent, les Présidents de la République qui rythment ma vie, l'analyse de mes contemporains et les névroses sociétales qui évoluent avec l'époque et d'ailleurs c'est pour ça que moi, mes seuls en scène, je ne les garde pas très longtemps à l'affiche. Pas plus d'un an et demi-deux ans, parce qu'après, je trouve qu'ils sont périmés. 

Eva Roque Une question que je voulais vous poser : est-ce que vous pensez que les gens qui vont regarder "La Flamme" dans dix ans, par exemple, comprendront de quoi vous parlez ? 

Camille Chamoux Oui, en fait, "La Flamme" et je voulais revenir là dessus, c'est super que vous tendiez cette petite perche. Pour moi, ce n'est pas qu'une parodie. Ça n'est pas qu'un pastiche. Je regarde très peu de téléréalité actuelle et je me suis vraiment marrée devant "La Flamme" parce que il y a du burlesque dedans. Le burlesque est complètement intemporel. Pour moi dans "La Flamme", il y a "The Party" de Peter Sellers, il y a du burlesque pur. Moi, j'adore des filles comme Olivia Côte, Judith Sibony, qui ont fait "Vous les Femmes". C'est vraiment une série fantastique que les gens connaissent peut-être pas assez, mais que j'enjoins tous les téléspectateurs à aller checker et regarder. Le burlesque peut changer le monde parce que le burlesque permet vraiment, sans aucun complexe de rire du pire. Sans faire de politique a priori, et c'est le plus politique, le burlesque. 

"Chataléré est un personnage profondément féministe'

Eva Roque C'était ce que j'allais vous demander parce que SERIELAND, le podcast, est né parce qu'on a pensé que les séries étaient vraiment le miroir de notre société. On pense que "La Flamme" quelque part, même si c'est une parodie d'une téléréalité, en fait, elle nous raconte beaucoup de nous... 

Camille Chamoux Oui, tout à fait, je suis complètement d'accord. Et c'est pour ça j'ai commencé en vous disant : Chataléré est un personnage profondément féministe pour moi, qui suis une furie sur ces thèmes-là. Ce qui peut sembler complètement fou. Quand il y a eu les ados qui disent "on peut aller à poil au lycée", je me disais : "Chatéléré, ce serait leur Reine, je suis contente !". 

Eva Roque Il y a une autre série qui m'a beaucoup marqué, dans laquelle vous avez un petit rôle. Vous avez interprété une psy dans cette fiction. Je vous conseille vraiment d'aller la voir sur "Mycanal". C'est "Working Girl". Quel souvenir gardez-vous de cette série ? 

Camille Chamoux Très bon. Je trouvais les filles géniales. Vanessa David était super. Elle enquillait énormément de scènes dans la journée, elle était d'une qualité de jeu incroyable. Et je trouvais que c'était une série assez novatrice, vraiment très féministe. Claude Perron est hallucinante, j'ai trouvé les filles, les actrices, dingues. 

Eva Roque Pour finir, le personnage de série que vous aimeriez interpréter... 

Camille Chamoux En fait, quand on trouve un personnage où on s'éclate comme Reese Witherspoon dans ses différentes séries... Moi, j'ai beaucoup aimé "Big Little Lies" et "Little Fires Everywhere". J'ai beaucoup vu les deux. Ce n'est pas monochrome, pas linéaire, il y a de la perversité et de la bienveillance chez tout le monde. On n'a pas envie d'être dans du monochrome, surtout pour des personnages féminins. Plus c'est retors, plus c'est complexe, plus c'est forts, puissants et importants à jouer. 

Eva Roque Et le personnage qui vous ressemble finalement ? 

Camille Chamoux Les personnages de "Big Little Lies" m'ont énormément marqué parce que, comme je vous disais, il y a un degré de perversité. Et en même temps, de bienveillance et de solidarité féminine chez toute. Donc, je dirais dans ces personnages, il y a quelque chose à trouver. 

Eva Roque On oublie la perversité ? 

Camille Chamoux On la garde, il faut toujours un peu de perversité dans la vie sinon on se fait chier... 

Eva Roque Merci infiniment. "La Flamme" est diffusée sur Canal+. Neuf épisodes de 30 minutes chacun. Pour muscler vos zygomatiques. La série fait d'ailleurs l'ouverture du Festival de Cannes Séries du 9 au 14 octobre à Cannes, au Palais des festivals. Sont programmés des projections publiques et des rencontres avec ceux qui font les séries et les aiment. Et puis, je vous encourage aussi à retourner rapidement au théâtre pour découvrir le nouveau one woman show de Camille Chamoux "Le temps de vivre", mis en scène par Vincent Dedienne. C'est au Théâtre du Petit Saint-Martin.

 

"SERIELAND" est un podcast Europe 1 studio

Autrice et présentation : Eva Roque
Réalisation : Christophe Pierrot
Cheffe de projet édito : Adèle Ponticelli
Diffusion et édition : Clémence Olivier, Magalie Butault et Tristan Barraux
Graphisme : Karelle Villais
Direction d'Europe 1 Studio : Olivier Lendresse