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SAISON 2017 - 2018

Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.

Puisqu’on fait cette semaine un bilan de l’année 2017, Claire vous vous êtes penchée sur l’état des  débats sur Twitter. Cette année les messages sur Twitter sont passés de 140 à 280 caractères… ce qui devait permettre d’apporter un peu plus de nuance dans les propos des uns et des autres….

 

La nuance… c’est pourtant, selon beaucoup, ce qui a fortement manqué cette semaine sur Twitter.

Vincent Tremollet vous faites partie de ceux qui s’en sont émus, mardi dans un edito du Figarovox intitulé « Twitter ou le pilori numérique ».

Au pilori cette semaine, Tex, l’animateur de France 2 écarté suite à une blague douteuse sur les femmes battues, et le footballeur Antoine Griezmann, accusé de racisme pour s’être déguisé en footballeur noir.

Quoi qu’on pense de leur acte initial, le phénomène de caisse de résonance est toujours le même, et il n’implique pas que les réseaux sociaux. Il a été mis à jour par plusieurs spécialistes des medias, qui étudient ces phénomènes :

Ça commence par une indignation, cantonnée aux réseaux sociaux. Cela peut être un petit nombre de personnes, des militants par exemple, mais qui fait énormément de bruit, par le truchement des hashtags et des retweets en série.

Ce « bruit » sur internet génère des premiers articles de presse. D’ailleurs les tous premiers papiers publiés en ligne sur Griezmann titrent bien sur l’indignation suscitée, plutôt que sur son déguisement en soi ou sur l’histoire du blackface. Le présupposé derrière ces premiers articles c’est que les réseaux seraient un bon baromètre de l’opinion publique... Pas toujours exact.

Ces articles viennent ensuite alimenter d’autres réactions, des réactions publiques des acteurs secondaires de l’affaire, des éditos etc etc.

 

Qui eux-mêmes, on imagine, suscitent de nouvelles vagues de tweets…

 

Oui et au final, on se retrouve bien avec « une affaire  Tex » ou une « affaire Griezmann », en ligne, comme hors ligne.

Quand vous vous informez, comme beaucoup, via les RS, vous avez ingéré toute la journée du tweet indigné, du hashtag en pagaille, des liens vers des articles dont vous avez lu les titres. Pourtant malgré les apparences vous ne savez encore rien sur le sujet. Mais vous êtes déjà saturé. Plus de temps, plus de place pour aller creuser dans la nuance.

 

On pourrait dire la même chose de biens des débats récents sur Twitter : les 40 ans de Macron à Chambord, le débat sur l’âge du consentement sexuel etc…

 

Oui, autant de tollés immédiats et émotifs, qui n’ont pas permis aux informations essentielles à la réflexion d’émerger au sein même de ces réseaux.

Moins de nuance donc, et plus de polarisation, c’est-à-dire moins de diversité dans les opinions exprimées sur les réseaux sociaux. Selon une étude de 2014, faite par le  Pew research center, un institut américain : on serait plus réticent à exprimer une opinion divergente sur les réseaux sociaux. 40% des personnes interrogées se déclarent prêtes à parler d’un sujet sensible dans un diner, mais seulement 14% ferait la même chose en ligne s’ils pensent avoir une opinion différente de la majorité. C’est ainsi qu’au final sur Twitter, l’indignation prend souvent la place de la discussion.