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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Tous les samedis dans l'émission Mediapolis, Claire Hazan revient sur l'actualité et la politique par le prisme des réseaux sociaux.

Claire, vous nous parlez du rapport de la girouette aux nouvelles technologies. Si la trahison est un classique de la politique toutes époques confondues, elle prend une saveur particulière avec les réseaux sociaux.

Bruno Fuligni, c’est un point que vous abordez dans la conclusion de votre livre : à l’heure d’Internet, est-il plus ou moins facile de détecter les girouettes?

Vous prenez le cas des programmes politiques, de moins ne moins imprimés sur papier, mais publiés directement en ligne. Ils sont dématérialisés donc modifiables, supprimables. On peut aujourd’hui infléchir sa position en un clic, renier discrètement 2/3 engagements en appuyant sur « delete ».

Ça parait gros comme ficelle, mais les exemples récents vous donnent raison. Prenez François Fillon. On l’a vu récemment essayer de déminer le terrain autour de son projet de réforme de la Sécurité Sociale, sur lequel il est violemment attaqué. Et comme par hasard, sa proposition la plus polémique sur le sujet a disparu de son site de campagne début décembre.

Mais le vrai piège pour la girouette politique moderne, ce sont surtout  les réseaux sociaux. Et en particulier Twitter…

Oui parce que le tweet -sous ses airs léger, instantané, noyé dans la masse- le tweet demeure. Twitter c’est comme une archive à ciel ouvert, consultable à tout moment et par tous. Et les « archivistes » d’aujourd’hui, ce sont les internautes. Ils finissent par former une mémoire collective géante, une véritable « police du retournement de veste », traquant l’opportunisme politique. Je vous donne les derniers cartons rouges distribués :

Quand Emmanuelle Cosse accepte de devenir Ministre du Logement en février dernier, les internautes exhument les dix tweets anti-Hollande qu’elle aurait dû effacer avant de rentrer au gouvernement : « la connerie de Hollande », « Hollande pas crédible pour un sous » etc.

Plus récemment… sur les petits arrangements de la primaire à droite. On a vu resurgir le tweet de Bruno Lemaire, jurant qu’il ne se rallierait jamais à aucun autre candidat. C’était juste avant de se rallier à François Fillon.

Bref, si retourner sa veste est un art -voire un droit comme vous le soulignez Bruno Fuligni… traquer le retournement de veste en est un aussi. Peut-être encore plus vibrant, dynamique et perfectionné à l’heure des réseaux sociaux. Connaissez-vous le site « Politwoops » ? Il permet aujourd’hui de retrouver et d’archiver les tweets volontairement  effacés par les hommes politiques. En 2017, plus de pitié pour les girouettes masquées !