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"Depuis quand, comment et surtout pourquoi a-t-on créé ça ?" Vous ne vous êtes peut-être jamais posé la question. Qu’importe ! Lui a la réponse… David Castello-Lopes remonte, avec humour, aux origines d’un objet de notre quotidien. Aujourd'hui, les origines des applaudissements. 

On a l’impression que frapper ses paumes l’une contre l’autre est un geste très naturel. Ce n’est pas faux, les singes le font également. Mais ce qui est plus spécifique aux humains, c’est de taper dans ses mains pour signifier que l’on approuve ce qui est en train de se passer.

Les applaudissements, une pratique ancestrale

Il est impossible de savoir quand les applaudissements ont pris cette signification dans l’histoire mais il en est fait mention dans la Bible. Le psaume 47 dit : « Vous tous, peuple, battez des mains, poussez vers Dieu des cris de joie ». Déjà, du temps de la Bible, les applaudissements servaient à marquer son approbation.

Les premières personnes à avoir formalisé les applaudissements comme façon privilégiée de dire qu’on aime bien, ce sont les Romains. Ce sont d’ailleurs eux qui ont inventé l’applaudimètre, une façon de mesurer l’appréciation des foules pour quelque chose. Il s’agissait d’une sorte de sondage rudimentaire, pour les hommes politiques mais aussi pour le théâtre.

Dès l’époque romaine, les gens ont commencé à tricher sur la question des applaudissements. Certains acteurs romains n’hésitaient pas à payer des gens dans le public pour applaudir. Quand Néron jouait au théâtre, il faisait très attention à ce que des milliers de soldats se trouvent dans le public pour l’acclamer.

Cette pratique a été reprise et raffinée. L’endroit où elle a atteint son apogée et son plus grand raffinement, c’est la France des XVIIIe et XIXe siècles, avec l’essor de « la claque ».

La pratique de la claque en France

Le roi de la claque était un homme qui s’appelait Jacques Rochette de la Morlière. Il a organisé la claque comme un racket systématique des metteurs en scène et des comédiens de l’époque. Il avait rassemblé autour de lui une armée de 150 personnes, appelées « les claqueurs », qui se rendaient dans divers lieux pour applaudir ou siffler.

Par exemple, ils se rendaient à la Comédie Française et applaudissaient uniquement ceux qui avaient accepté de les payer, tout en sifflant ceux qui avaient refusé. Pire encore, ils faisaient parfois exprès de bailler très fort pour marquer leur ennui.

A partir des années 1830, les théâtres se sont mis à répliquer en embauchant eux-mêmes des claqueurs. Ces gens étaient embauchés par les théâtres pour applaudir les pièces qui se créaient. Mais cette pratique a très vite énervé le public, déclenchant parfois des bagarres entre la claque et le public normal.

La claque est alors devenue plus subtile. Les claqueurs, au lieu de se mettre les uns à côté des autres, se sont disséminés dans la salle et sont surtout devenus plus discrets. Au lieu de démarrer les applaudissements, ils les prolongeaient simplement (quand ils étaient là), ce qui était beaucoup plus difficile à détecter.

A Paris, la claque a disparu au début du XXe siècle et personne ne sait vraiment pourquoi. La raison est sans doute due à une transformation culturelle. A l’époque, faire du bruit au théâtre ou dans des concerts était courant, pour marquer son approbation, ou le contraire. Aujourd’hui, on respecte les artistes en les écoutant silencieusement. Ce changement des mentalités date de l’époque romantique, où l’on a commencé à considérer que le créateur était une sorte de génie qu’il fallait respecter en silence.