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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin revient sur la victoire d'Alexis Pinturault aux deux slaloms géants d’Adelboden, en Suisse. Selon elle, la France réalise enfin qu’elle a un champion de la trempe des Jean-Claude Killy et Luc Alphand.

Le héros sportif du week-end s’appelle Alexis Pinturault. Le skieur français a remporté les deux slaloms géants d’Adelboden, en Suisse. Pour Virginie Phulpin, c’est un tournant. Ça y est, la France réalise enfin qu’elle a un champion de la trempe des Jean-Claude Killy et Luc Alphand.  

On n’est plus à un paradoxe près. C’est au moment où les stations de ski se morfondent dans la crise qu’on ouvre enfin les yeux sur un des plus grands champions du ski français. Non pas qu’Alexis Pinturault vienne de débarquer. Ça fait 10 ans qu’il traîne ses spatules sur le circuit mondial, et qu’il engrange des victoires. Champion du monde du combiné, quadruple détenteur du petit globe de cristal de ce combiné, trois médailles olympiques. 33 victoires en coupe du monde.

Ce week-end il a tout simplement dépassé les légendes Alberto Tomba et Bode Miller. Mais comme il est légèrement moins expansif que l’Italien et l’Américain, Alexis Pinturault ne construit pas son histoire sur des coups d’éclat, mais petit à petit. Il entre dans le cœur des gens avec une lenteur inversement proportionnelle à sa vitesse sur les skis. Mais ce week-end tout a changé. Enfin lui, il est resté le même. Il a fait ce qu’il sait le mieux faire. Aller plus vite que ses concurrents. Et il a survolé les deux Géants organisés dans la Mecque du Géant. C’est le surnom d’Adelboden. On a toujours besoin de grandiloquence pour asseoir les champions sur l’Olympe. En plus il restera sans doute le seul à gagner deux jours de suite dans la station suisse. C’est à cause d’un calendrier bouleversé par la crise sanitaire qu’Adelboden a doublé la mise. Si au moins ces circonstances nous font enfin apprécier Alexis Pinturault à sa juste valeur, c’est toujours ça de pris.  

Alexis Pinturault fait partie de ces sportifs qui ont eu la pression dès le début de leur carrière 

Il fait partie de ceux à qui on colle des étiquettes de nouveau Zidane, nouveau Noah ou nouveau Killy. Et qu’est-ce que c’est lourd à porter ! Alexis Pinturault m’a longtemps fait penser à Richard Gasquet. On attendait tout, trop tôt, trop vite de ces champions-là. Il y en a un qui a eu sur sa route Nadal et Federer, et l’autre un certain Marcel Hirscher. Et les Français ont eu tendance à être déçus des performances d’Alexis Pinturault. Franchement, gagner autant quand on a l’ogre autrichien sur sa route enneigée, c’est une performance de haut vol.

Le problème, c’est peut-être aussi qu’à la télé, on n’arrive pas à se rendre compte de ce que font les skieurs. On ne voit ni le dénivelé de la pente, ni la vitesse des concurrents, ni les courbes de leur course. Ça n’aide pas à populariser un champion comme Alexis Pinturault. Mais aujourd’hui, il est en tête de la coupe du monde de ski alpin. Il peut espérer remporter le gros globe de cristal, c’est à dire le classement général de la coupe du monde. Le dernier Français à l’avoir fait, c’est Luc Alphand en 1997. Et si Alexis Pinturault était le nouveau Alphand ? Non, il est lui-même et on a enfin compris qu’il était dans la cour des très grands.