La Fédération internationale d’athlétisme a-t-elle le droit de décider qui est un homme ou une femme ?

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La FIA oblige Caster Semenya, athlète sud-africaine hyperandrogène, à faire diminuer son taux élevé de testostérone pour participer à des compétitions officielle. Elle ne veut pas suivre le traitement, elle reste aux vestiaires.

Halima Nakaayi a gagné le 800 mètres féminin ce lundi aux Mondiaux d’athlétisme. Mais la grande absente de la course, la Sud-Africaine Caster Semenya n’a pas pu participer parce qu’elle hyperandrogène.

"Dis, maman, c’est quoi être une femme ?" "Euh, écoute mon chéri, tu vas demander au tribunal arbitral du sport, c’est lui qui décide maintenant !". Caster Semenya n’a pas pu défendre son titre ce lundi parce que son corps produit naturellement plus de testostérone que le commun des humaines. La fédération internationale la trouve donc trop forte pour courir avec les femmes.
Le tribunal a tranché : soit les athlètes hyperandrogènes acceptent de subir un traitement hormonal pour faire baisser leur testostérone, soit elles sont interdites de course. Ça concerne juste les courses du 400 mètres au 1.500 mètres. En sprint, on peut être hyperandrogène. Déjà, il y a comme un hic.
Ça pose quelques questions de fond. Est-ce que c’est à une fédération sportive de décider en gros qui est une femme et qui ne l’est pas ? Là, ça revient à faire une différence entre l’état civil et la biologie. Compliqué. Est-ce qu’on peut inciter des femmes à suivre un traitement lourd alors qu’elles ne sont pas malades ? Ça n’est pas une maladie, l’hyperandrogénie. Les médecins sont majoritairement contre cette incitation. Pour des questions éthiques. On pourrait les écouter.
Et puis est-ce que le fait d’être hyperandrogène est synonyme de dopage ? Non. La définition du dopage, c’est l’amélioration artificielle de la performance. Or, là, c’est naturel. Donc pourquoi les punir ?

La fédération d’athlétisme parle d’égalité entre les concurrentes pour justifier cette mise à l’écart.

Mais ça n’existe pas l’égalité dans le sport. Sinon, on peut aussi interdire à Ivo Karlovic de jouer au tennis parce qu’il mesure 2,11 mètres et que c’est plus facile pour lui au service. Et puis dire qu’Usain Bolt a plus de qualités naturelles que ses adversaires. Mais personne n’a jamais voulu l’empêcher de courir. Heureusement d’ailleurs.
Donc en fait, on vise les femmes. Comme si on voulait une norme féminine dans les compétitions. Pour quoi faire ? Pour limiter les performances ? Enfin, en athlétisme, parce que toutes les fédérations sportives ne sont pas d’accord.
Ça va être compliqué aux jeux olympiques. "Dis, maman, c’est quoi être une femme ?" "Écoute, ça dépend si elle court, si elle fait de l’aviron ou du basket". Ça promet !