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La Fédération française de football ne retrouve pas le document crucial dans l’enquête sur la grève des Bleus à Knysna lors de la Coupe du monde 2010. Pour Virginie Phulpin, c’est surtout que personne n’a envie de déterrer les vieux dossiers.

10 ans après, on n’en a pas fini avec la plus grosse honte du football français. La grève des Bleus à Knysna, en Afrique du Sud. Il y a eu une enquête, et un rapport d’enquête. Mais voilà que la fédération a perdu ce rapport. Pour Virginie Phulpin, c’est surtout que personne n’a envie de déterrer les vieux dossiers. 

Ah, les vieux doss… Ceux qui ressortent inévitablement au dessert lors des repas de famille. "Pourtant on avait promis qu’on n’en reparlerait plus jamais !". Visiblement on est plus strict sur les promesses à la fédération française de football. Enfin il y a deux possibilités. Soit on joue aux Pieds Nickelés, on a vraiment égaré ce dossier et là on espère franchement que l’on range mieux nos coupes du monde, soit on l’a gentiment mis sous le tapis pour éviter les révélations gênantes. Les membres de la mission d’information chargés d’enquêter en 2010 penchent plutôt pour la deuxième solution, et Virginie Phulpin est tentée de les croire. On ne peut quand même pas perdre un dossier de 15 pages sur la plus grande honte du football français entre la photocopieuse et le placard aux oubliettes au siège de la fédé. Ça paraît un peu gros quand même. Mais alors qu’est-ce que la FFF veut cacher ? Un des auteurs de ce rapport perdu se souvient que dans ses conclusions, il dénonçait l’attentisme de la fédé, et son incapacité totale à apaiser les tensions entre Raymond Domenech et ses joueurs pendant cette coupe du monde. Honnêtement, on n’en tombe pas de notre chaise non plus, on s’en était un peu rendu compte. 

Mais alors qu’est-ce qu’il y a dans ce rapport de si gênant ? 

On ne sait pas, il est perdu. Ce qui est gênant, c’est tout ce qui s’est passé et qui a donné une image calamiteuse du foot français dans le monde entier. Les insultes ou pas de Nicolas Anelka envers Raymond Domenech, l’attaquant exclu de l’équipe de France, et ensuite les autres joueurs qui, par solidarité, font grève, ne descendent pas de leur bus pour s’entraîner et demandent au sélectionneur de lire un communiqué lunaire devant la presse. La trame, on la connaît. On la connaît même trop bien… Mais dans ce rapport, il y avait la transcription des auditions de 18 joueurs de l’équipe, puisqu’ils sont cinq à ne pas avoir voulu répondre. Parmi eux, Nicolas Anelka. Il a promis des révélations dans un documentaire que Netflix va sortir sur lui ce mois-ci. On verra, parce que des révélations, ça fait 10 ans qu’on nous en promet, et ça fait pschitt à chaque fois. Là, ça recommence. Mais Virginie Phulpin aurait bien eu envie de découvrir la version des joueurs. Et ce rapport, c’était leurs auditions, donc on aurait pu en savoir un peu plus. La fédé préfère peut-être qu’ils soient jugés seuls responsables plutôt que d’assumer ses errances. C’est plus simple. C’était la mode à l’époque, cette fédé avait déjà laissé Thierry Henry assumer tout seul sa main contre l’Irlande sans jamais lui apporter un quelconque soutien. Il n’y a pas que le dossier qui a été perdu dans cette histoire. Il y a aussi un peu d’honneur.