King Street lâche les Girondins de Bordeaux : "Une raison de l'érosion de l'intérêt pour le football est là, sous nos yeux"

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Chaque matin, Virginie Phulpin livre son regard sur l'actualité sportive. Ce vendredi, elle revient sur la décision de King Street, un fonds d'investissement actionnaire des Girondins de Bordeaux, de lâcher ce club historique du championnat de France de football. Pour elle, ce type d'investisseur participe à l'érosion de l'intérêt pour le foot.

Les Girondins de Bordeaux ont été placés sous la protection du tribunal de commerce jeudi, l’actionnaire américain King Street lâchant le club en pleine tempête. Pour Virginie Phulpin, cela prouve une fois de plus qu’il y a des investisseurs qui n’ont rien à faire dans le football.

"Quelle semaine ! On pensait avoir touché le fond avec la Super Ligue, sa négation du sport et sa chute éclair. Mais non, on creuse encore. Jusqu’au fonds d’investissement King Street, haut représentant des bas-fonds du foot business et fossoyeur des Girondins de Bordeaux. Ce monument du foot français a brutalement changé d’adresse jeudi, de King Street au boulevard des illusions perdues. Enfin quand je dis brutalement, je parle du communiqué lapidaire du club : 'L’actionnaire a fait savoir qu’il ne souhaite plus soutenir le club et financer ses besoins actuels et futurs.'

Au moins c’est clair. Quand vous quittez le navire au moment où votre équipe lutte pour le maintien, quand les joueurs apprennent votre désengagement à leur descente d’avion pour un stage de la dernière chance, dans ces moments où tout le monde devrait être uni dans l’adversité, c’est bien que votre club et le football en général, sont les derniers de vos soucis. Un ultime communiqué de la honte et puis s’en va. Sans rien assumer. Après King Street, vous tournez à droite, et vous êtes dans l’impasse. C’est une fin brutale, oui, mais après une longue agonie.

Cela fait longtemps que les Girondins de Bordeaux ont entamé leur descente aux enfers...

King Street peut se cacher derrière la crise sanitaire et celle des droits télé pour justifier son retrait en rase campagne. Mais l’actionnaire n’a pas attendu ces crises pour accumuler les fiascos, seul. Que ce soit sportivement, financièrement ou dans ses rapports avec les supporters, cela fait deux ans que c’est un grand chelem du n’importe quoi à Bordeaux.

Voilà ce qui arrive quand on débarque dans le football sans rien connaître de ce milieu, en méprisant le jeu, l’histoire, les grands noms du club et les fans. Ces supporters, qui tirent la sonnette d’alarme dans le vide depuis des mois, manifestent sans relâche et se heurtent à un mur d’incompréhension et d’oreilles bouchées.

King Street a cru pouvoir gérer un club de football comme une entreprise lambda et en tirer des bénéfices. Mais ce n’est pas comme ça que ça marche. A un moment il faudra arrêter de se demander pourquoi il y a une érosion de l’intérêt pour le football. La réponse est là, sous nos yeux. Ca n’est pas juste parce que les jeunes n’arrivent pas à rester concentrés 90 minutes devant un match. C’est parce qu’il y a des investisseurs qui n’ont rien à faire là, qui piétinent les traditions et les valeurs. Ils cassent les rêves, comme ils viennent de briser les Girondins de Bordeaux."