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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur le rapport de l’observatoire du sport de Limoges qui recommande de revoir tout le modèle du football français.

Entre problèmes financiers et désintérêt grandissant du public, le football vit une crise majeure. Tout le monde s’accorde à dire que le fonctionnement du foot professionnel doit changer pour sortir de l’ornière. Pour Virginie Phulpin, les dirigeants du foot doivent aussi écouter ce que le public a à dire. 

Quand tout fout le camp, il faut revenir aux bases. Et la base, c’est le public. Au moment où on constate une érosion de la passion pour le foot, les dirigeants de clubs et les pontes des instances internationales ont besoin de tendre l’oreille pour savoir ce que les fans ressentent. Le salut passe par là.

L’Observatoire du Football CIES, une référence dans l’analyse du foot professionnel, vient de publier une étude sur la perception que les passionnés ont du foot. Messieurs les dirigeants, lisez-la attentivement ! Elle permet de mieux comprendre le désintérêt grandissant du public.

D’abord, il y a trop de matches. 60 % des personnes interrogées le disent, et pourtant ce sont des amateurs de foot. On voit trop de matches et pas assez de football en gros. Les joueurs sont fatigués et ça se voit sur le terrain pour 72 % des sondés, le niveau de jeu en pâtit. Il y a quand même quelque chose à creuser, là, non ? Alléger le calendrier pour que la qualité prime sur la quantité, c’est une idée pour faire revenir le public. On ne parle pas de faire revenir les gens dans les stades pour l’instant, évidemment, mais au moins devant leur télé.

Si on a accès au football. Plus de 88 % des gens qui ont répondu à cette étude trouvent qu’il faut trop d’abonnements pour suivre le foot, et que c’est trop cher. Ça, c’est le plus grand défi à venir pour la popularité du football. Si on ne change rien, c’est perdu d’avance. 

On parle beaucoup en ce moment d’une future Superligue, avec les meilleurs clubs européens, est-ce que c’est une solution ?  

Là il y a un vrai problème aussi. Quand un dirigeant rencontre un autre dirigeant, ils se racontent des histoires de dirigeants. On parle plus d’argent que de football. Mais s’ils écoutent le public, c’est une autre histoire.

Là, près de 80 % des sondés en ont assez de voir toujours les mêmes clubs gagner les trophées. Et ils sont aussi très attachés aux compétitions nationales. Vous croyez franchement que ça va les faire sauter de joie, cette ligue fermée des clubs les plus riches ? Le foot va perdre une partie de son public, avec cette Superligue qui semble de plus en plus concrète. Il faut faire attention de ne pas se couper de la base. En plus les personnes interrogées dénoncent massivement les inégalités dans le foot. Là, on va justement les creuser.

Puisqu’on parle d’inégalité, les sondés sont près de 80 % à réclamer plus de femmes à des postes de pouvoir. Contrairement aux idées reçues, les mentalités des fans évoluent plus vite que la gouvernance au sein des instances dirigeantes. On dit que le foot est le reflet de la société. S’il veut le rester, on a intérêt à écouter ce que les passionnés ont à dire.