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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin revient sur le décès de Christophe Dominici qui va rester dans la légende du rugby comme l’homme qui a fait chuter les Blacks. C’était un petit modèle mais avec une grande intelligence de jeu et une hypersensibilité.

Christophe Dominici est mort brutalement hier. L’ancien rugbyman, légende du XV de France, avait 48 ans. Pour Virginie Phulpin, Christophe Dominici restera une passion profondément française.  

Une passion née d’un coup de foudre. Quelques secondes qui ont fait basculer la vie de Christophe Dominici et fait chavirer le coeur des Français pour toujours. C’était le 31 octobre 1999 à Twickenham. Aujourd’hui encore et plus que jamais, on se souvient précisément de ce moment d’anthologie. On sait ce qu’on faisait à ce moment-là. Une demi-finale de coupe du monde entre la France et la Nouvelle Zélande. Les All Blacks de Jonah Lomu avaient marché sur tous leurs adversaires, et ils menaient au score devant les Bleus. Et là, Christophe Dominici, avec ses jambes de feu et son sens du jeu, a profité d’un rebond favorable pour laisser sur place les armoires à glace néo-zélandaises et filer marquer l’essai tout seul. Les All Blacks ne sont jamais revenus.

Et nous, on avait trouvé notre Astérix, notre symbole de la France qui résiste et s’impose avec génie. Un petit modèle d’1,72 mètre qui peut se jouer de tous les golgoths du sport moderne grâce à son intelligence de jeu, à ses mouvements virevoltants et à ses fulgurances. Christophe Dominici est passé de bon joueur à icône du French Flair, la fierté du rugby français, ce soir-là.

Et l’hommage écrit par les All Blacks ce lundi soir veut tout dire. "Une petite stature, mais un titan sur le terrain". On aime les paradoxes dans ce pays, et Christophe Dominici en était un à lui tout seul.  

Les Français ont eu envie de se reconnaître à travers Christophe Dominici. 

Christophe Dominici, c’était la France comme on avait envie de la voir. On s’est tous reconnus dans ce joueur malicieux. Et il est devenu notre emblème, notre Marianne aux cheveux peroxydés. C’est le petit gars de Toulon qui est monté à Paris. Un Rastignac du ballon ovale. Difficile de faire plus symbolique.

Il a commencé à jouer dans sa ville, au RCT, avant de faire les beaux jours du stade français. Il avait la gouaille des titis parisiens avec l’accent du Sud. Comme si on avait trouvé celui qui réconciliait les adeptes de la bataille Paris Province. Avec ce regard espiègle de celui qui est toujours prêt à en faire une bonne, et cette hypersensibilité qui rend le personnage beaucoup plus complexe. Et c’est aussi comme ça que notre passion pour ce joueur est née. Parce qu’il montrait ses failles dans un monde du haut niveau où on les cache.

Christophe Dominici est parti en laissant la France groggy et le cœur déchiré. On a tous l’impression d’avoir perdu quelqu’un de proche. L’artiste qu’on a envie d’être et qu’on admirait chez lui. Une passion française, avec tous ses excès, ceux qui caractérisaient si bien Christophe Dominici.