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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Si, aujourd’hui, la France a peur et frise le burn-out, c’est aussi à cause de la faillite des hommes et des femmes qui nous gouvernent.

Le regard d'Yves Thréard. Bonjour Yves. C’est la présidentielle d’une France sur la défensive.

On dit que les Français sont le peuple le plus pessimiste du monde, ceux qui consomment le plus de psychotropes. Et bien cela ne risque pas de changer avec les responsables politiques que l’on a.
Le débat de mardi l’a encore montré. De Lassalle à Le Pen, tous les candidats charriaient des propos on ne peut plus sombres sur la France, pays bloqué, aux élites corrompues, aux services publics en décomposition, exposé au péril migratoire et islamiste.
On aurait pu attendre des soi-disant petits candidats qu’ils nous donnent un peu d’air frais ! Même pas, ils sont encore plus déprimés. Et ce n’est pas la conclusion de Cheminade invitant les Français à revivre les jours heureux de la Libération ou celle de Mélenchon disant qu’il faut retrouver le goût du bonheur qui ont pu nous redonner le moral. On a envie de leur crier : mais faites-nous un peu rêver !

Les débats sont plombés par la morosité ?

Et les solutions pour en sortir sont toutes étriquées, inadaptées, vieillottes.
De deux choses l’une. Ou c’est la faute aux affreux capitalistes qui écrasent le peuple, remettent en cause les droits acquis, selon un discours de lutte des classes bien rodé, de Mélenchon à Poutou. Cela sent la naphtaline, comme si nous étions encore au temps de l’exploitation de l’homme par l’homme, au XIXème siècle.
Ou bien c’est la faute de l’Europe, accusée de tous les torts, de nous bâillonner, de nous emprisonner, selon un discours souverainiste de plus en plus envahissant, de Le Pen à Asselineau en passant par Dupont Aignan. Et là, ça sent la nostalgie, comme si nous vivions mieux avant la création de l’Europe.
Ni Fillon, embourbé dans ses affaires, ni Hamon, dont le futur désirable manque de consistance, ni Macron, dont les formules sonnent creux, n’arrivent à nous sortir de cette spirale infernale.

L’imagination politique est en panne, à bout de souffle.

Oui car l’esprit est à la résistance au monde nouveau. Pas aux propositions constructives pour embrasser l’avenir, relever les défis de la nouvelle économie et dessiner un projet collectif. En 1968, la France s’ennuyait. Si, aujourd’hui, elle a peur et frise le burn-out, c’est aussi à cause de la faillite des hommes et des femmes qui nous gouvernent.