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SAISON 2016 - 2017, modifié à

Malgré les affaires, les Français suivent en masse les débats télévisés.

Le regard d'Yves Thréard. Bonjour Yves. Cette campagne passionne.

 

On entend partout que cette campagne est médiocre, que c’est une campagne de caniveau. Certes, il y a les affaires et un climat délétère sur fond de défiance généralisée envers les responsables politiques.

Pourtant, et c’est un paradoxe, les Français suivent les débats télévisés, comme celui d’hier soir, en masse ; les émissions politiques comme C dans l’air font des cartons, sur les radios aussi. Les réseaux sociaux sont en ébullition, les chaînes YouTube des candidats battent des records.
Autre paradoxe : on dit les Français très indécis sur le choix de leur vote ou que l’abstention risque d’être élevée. Pourtant, ils sont surninformés - c’est la première campagne high tech - et tous les sujets de fond sont largement abordés. Le débat d’hier était le dixième en comptant ceux des primaires de la droite puis de la gauche. Mieux : les programmes sont décortiqués à la loupe grâce au fact cheking pratiqué dans tous les médias, comme sur Europe1, avec Géraldine Woessner.

C’est donc que les Français ne se désintéressent pas de la campagne, ne sont pas mal informés, mais qu’ils doutent

Oui, ils sont en plein doute car tous leurs repères ont sauté.
D’abord parce que c’est une campagne complètement inédite avec des figures nouvelles. Jamais le candidat du FN n’avait été aussi haut dans les sondages ; jamais un jeune candidat sorti de nulle part, comme Macron, n’avait été l’un des favoris ; jamais le candidat du PS n’avait été aussi faible ; jamais il n’y avait eu un candidat mis en examen, comme Fillon.
Ensuite parce que ce n’est pas le classique clivage gauche-droite qui domine, mais bien plus l’opposition, qui traverse tous les partis, entre les défenseurs d’une France repliée sur elle-même et ceux d’une France ouverte sur le monde.
Enfin, parce que personne ne semble assuré de pouvoir disposer d’une majorité solide après, signe d’une France éclatée.
Conséquence de ce doute : pour la première fois, à vingt jours du scrutin, les jeux ne sont pas faits. On ne sait pas qui sera, à coup sûr, au second tour.

Suspense, suspense donc

Oui, il n’y a pas de scénario écrit à l’avance. N’en déplaise aux grincheux, les médias n’ont pas ce pouvoir. Seul comptera le résultat des urnes.