"Le gardien de la Joconde", de Fernandez Diaz

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Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.

Deux femmes fortes, plus que ça même : écrasantes. Elena Parisi, sénatrice au parlement de Buenos Aires, qui rêve de remplacer à la "maison rose" la présidente Christina Kirchner.

Et Nuria Menendez, avocate espagnole, dépêchée en Argentine pour monter le plus puissant réseau d’exportation de cocaïne d’Amérique latine. Parisi a besoin de l’argent de la poudre pour accéder au pouvoir. Menendez a besoin de l’argent de la poudre parce qu’elle aime ça, tout simplement. Elles devraient pouvoir s’entendre. Entre ces deux tigresses, il y a Remil. Vétéran de la guerre des Malouines, cabossé de partout et homme de confiance du colonel Calgaris, qui dirige en souplesse "la nef des fous", une annexe très confidentielle des services secrets argentins. Parce que c’est la raison d’Etat du moment, Remil est chargé de la protection de maitre Menendez, qui vit pour le moins dangereusement.

Et parce qu’elle est belle et mystérieuse, "la Joconde" comme il la surnomme, va le dévorer corps et âme. Le corps d’abord, au niveau de la ceinture. L’âme ensuite, quand la Joconde ne revient pas d’un séjour à Madrid. Avant de partir, elle lui a dit : "n’appelle pas, n’écris pas, ne viens pas. Attends-moi, simplement". Je me dois de vous dire que l’attente, ce n’est pas le point fort de Remil. Je me dois d’ajouter que "le gardien de la Joconde" est un somptueux polar argentin ; un pavé de 440 pages en écriture serrée dans lequel vous vous engagez comme dans une longue randonnée périlleuse.

Vous en sortirez dans le même état : ébloui et rompu par l’aventure. Bouleversé aussi, par la toute dernière scène du livre, carcérale, culinaire et crépusculaire. Elena, Nuria, Remil et tous les autres : merci. Merci de nous avoir fait passer un si bon moment avec "Le gardien de la Joconde". C’est signé Jorge Fernandez Diaz et c’est paru chez Actes Sud, dans la collection actes noir.