François Clauss : "Je ne sais pas où Didier Daeninckx est allé poser ses valises"

3:00
  • Copié
, modifié à

Chaque dimanche soir, François Clauss conclut les deux heures du Grand journal de Wendy Bouchard avec une mise en perspective toute personnelle de l'actu. 

Certains livres, certains auteurs participent d’un parcours de vie. Didier Daeninckx fut pour moi l’un deux au début des années 80. Chef de file de ce que l’on appelait alors le néo-polar social à la française. Une dizaine de livres en Série Noire, qui racontaient notre pays, la France des oubliés déjà, de Hazebrouck à Aubervilliers. J’avoue avoir perdu un peu sa trace depuis les années 90. Ce fut donc avec émotion que je l’ai retrouvé hier sur l’antenne d’Europe 1 face à Patrick Cohen. Didier Daeninckx racontant, plein de rage comment il décidait après y avoir vécu pendant 70 ans, de quitter sa ville, Aubervilliers, son département de toujours, la Seine Saint Denis.

Lui, l'ancien communiste, évoquant ces élus communistes, qu’il soutenait, basculant dans une forme de voyoucratie locale, cédant à un clientélisme instrumentalisé par des islamistes radicaux. Ces 11 kg de Cocaïne, des armes de poing retrouvées dans un garage municipal, un directeur des services municipaux en poste pendant 10 sans le moindre diplôme avec pour seule étiquette une réputation de dealer, cet autre employé chez qui on retrouve des documents de propagande de Daech.

Tout cela Didier Daeninckx l’a documenté, l’a écrit, adressant même un courrier au journal l’Humanité aucune réponse. Alors Didier Daeninckx publie aujourd’hui son livre: Banlieues naufragées chez Gallimard.

Depuis quelques jours ce livre en côtoie un autre sur les étals : celui de Eve Cheftler, que nous recevions dimanche dernier à ce même micro, intitulé Le Maire et les barbares. Vous avez bien entendu les barbares, ce fameux gang de la cité Paul Eluard de Bobigny qui enleva, séquestra et tortura Ilan Alimi. Journaliste à l’AFP, Eve Cheftler raconte comment la femme d’un des tortionnaires, celle-là même qui apparaissait voilée sur les affiches de campagne du Maire UDI de la ville, s’est retrouvée propulsée chargée de mission à Bobigny, ville dans laquelle des centaines de millions d’euros sont versées à des associations cultuelles dans lesquelles des imams donnent des instructions de vote.

Cette réalité, le député François Pupponi, ex-maire de Sarcelles, l’a décrit également dans son propre livre Les Emirats de la République, lui qui a assisté, impuissant dans sa circonscription, à l’arrivée de nouveaux quadras issus de l’immigration, endoctrinés et parfois financés par des Frères musulmans depuis l’étranger.

Une dérive parfaitement  documentée par un quatrième ouvrage, celui de l’universitaire Bernard Rougier, Les territoires conquis de la République, où il nous décrit comment une minorité activiste dans ses sandwicheries Halal, ses salles de sports à la mixité interdite et ses associations dites "culturelles", endoctrine une population immigrée qui attend le prêche du vendredi pour savoir pour qui voter.

Quatre enquêtes qui sortent au même moment, qui nous renvoient forcément au Soumissions Michel Houellebecq, aux témoignages du film Les misérables, au "Baron noir", très noir.

C’est tout cela peut-être qui a poussé enfin notre Président de la République à prendre, enfin, la parole à Mulhouse cette semaine et à employer le mot qui aujourd’hui irrigue tout le débat national : séparatisme.

Dans ce contexte je ne sais pas où Didier Daeninckx est allé poser ses valises. Peut-être est-il allé s’installer à Morsang-sur-Orge, dans le département de l’Essonne, une petite commune de 21.000 habitants gérée depuis 1953 par des femmes, uniquement des femmes, toutes communistes. Une commune, comme nous le racontait le journal Libération la semaine passée, où tout se décide dans des comités de quartiers, qui jugent, corrigent et dictent au plus près des citoyens la politique municipale. Et cela fait 67 ans que ça dure...

Didier Deaninckx y aurait peut-être retrouvé, là, un peu de son idéal républicain aujourd’hui dévoyé en Seine Saint Denis, et pourrait se dire que sa banlieue naufragée n’est peut-être pas encore totalement coulée.