Cet été, des services d'urgences publics ferment plusieurs semaines en raison d'un manque de médecins urgentistes, quand d'autres se retrouvent saturés par le flux de touristes.
Est-ce l'été de tous les dangers pour les urgences hospitalières ? Des services d’urgences se retrouvent contraints de fermer quelques semaines lors de la période estivale, faute de médecins suffisants pour en assurer le fonctionnement, quand d'autres sont débordées par la charge de travail. "L’été, on accumule pas mal de problématiques. Les infirmières et les médecins prennent des vacances, et c’est plus compliqué pour faire tourner les services. Et il y a aussi des territoires avec peu de population comme la Provence ou le Var, qui tout à coup voient arriver un flux important de touristes et qui se trouvent saturés", explique lundi dans Europe Soir Olivier Véran, député LREM de l'Isère et rapporteur général de la Commission des Affaires Sociales à l’Assemblée.
Moins de médecins, plus de patients. Si ces fermetures d’urgences l’été ne sont "pas courantes", reconnaît François Braun, le président du Samu-Urgences de France, il existe pourtant un réel problème de recrutement de médecins urgentistes, qui contribue au manque d'effectifs. "Et se greffe là-dessus la question des médecins remplaçants, avec une problématique de limitation financière qui contraint le remplacement des médecins urgentistes", souligne-t-il. À ce manque de personnel médical, s’ajoute une fréquentation accrue des urgences l’été, en raison d’une accidentologie un peu plus importante en cette période de l’année, qui engorge les services.
"La fréquentation des urgences ne cesse d’augmenter, de 5% par an sur les trente dernières années . Mais avec des moyens qui eux n’ont pas augmenté en proportion parfaite, ça craque de partout, à la campagne comme en ville", souligne pour sa part Emmanuel Vigneron, historien de la santé. Et à ce titre, François Braun rappelle qu’aujourd’hui les urgences ne traitent plus seulement les cas graves et vitaux comme cela devrait être le cas : "L’activité continue d’augmenter car les gens ne trouvent pas de solution ailleurs que dans les urgences. Or, on considère que 4 personnes sur 10 qui se présentent aux urgences pourraient trouver des solutions ailleurs."
Le développement des urgences privées. Face à cet engorgement, des services d’urgences privés se sont développés un peu partout dans l’Hexagone. "Ils sont apparus pour répondre à un problème de permanence des soins (…) Ils permettent de libérer les médecins spécialisés de cette prise en charge initiale qui peut être fait par un service et qui ne répond pas aux critères des urgences", défend François Braun, rappelant que les urgences "ne sont pas une porte d’entrée de l’hôpital". Toutefois, ces urgences privées, parce qu’elles entendent appliquer les critères propres aux urgences, n’acceptent pas tous les patients qui s’y présentent, contrairement aux services publics.