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Retraites : "La faute initiale, c'est d'avoir vendu au pays l'idée d'une réforme universelle qui allait s'appliquer à tous"

Retraites : "La faute initiale, c'est d'avoir vendu au pays l'idée d'une réforme universelle qui allait s'appliquer à tous"

La Carte blanche de Catherine Nay
04 janvier 2020 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Ce samedi, Catherine Nay se penche sur la réforme des retraites et sur le mouvement de grève qui en découle, alors que celui-ci en est à son 31e jour d'existence. 


La semaine qui vient s'annonce chargée sur le front des retraites. Ce samedi, la grève contre le projet entre dans sa 31e journée. C'est un record. Et, elle va continuer, à l'appel de la CGT, qui espère que le point d'orgue sera la manifestation du jeudi 9 janvier. On entre dans le dur, pour le gouvernement.

Après deux semaines de trêve de Noël, l'opinion n'a pas basculé : 61% des Français trouvent la mobilisation justifiée, selon un sondage Odoxa. Mais seulement 29% réclament le retrait du texte, soit même pas un tiers. Et, 46% sont pour l'abandon de l'âge pivot à 64 ans, pour partir avec une retraite à taux plein.

Mais chacun, aussi, a pu constater à quel point cette grève pèse sur le moral de tout le monde. À Paris, au-delà des pertes de chiffres d'affaires (30 à 40% pour les commerçants et les artisans, 35% pour les restaurants), il y a cette fatigue des salariés qui, faute de train, de métro, se lèvent à pas d'heure, payent de leur poche un taxi pour arriver à leur travail, mettent le triple de temps, voire plus, pour rentrer chez eux. Ils en veulent autant à la CGT qu'au gouvernement.

La Préfecture va accorder aux commerces des ouvertures dominicales supplémentaires en janvier. Encore faudrait-il que les clients puissent circuler normalement pour aller y faire leurs achats. Oui, aujourd'hui, la France est championne des grèves en Europe. 

Lors de ses vœux, sans infléchir sa détermination, le Président a plaidé l'apaisement, plutôt que l'affrontement. Il attend du gouvernement qu'il trouve la voie d'un compromis rapide avec les partenaires sociaux. 

Le Président avait pour cela adopté un ton monocorde et pieux de prédicateur. Mais s'il y a un compromis, il ne peut se faire qu'avec les syndicats réformistes et d'abord la CFDT, en tout cas son leader, Laurent Berger, qui depuis toujours rêve de retraite à points si ce n'est le cas de sa base. Il a fait, lui, de l'âge pivot à 64 ans une ligne rouge. Emmanuel Macron n'a pas évoqué le sujet, mais Laurent Berger a été le seul qui n'a pas réagi aux propos présidentiels, contrairement à Martinez, qui pour arrêter le projet, entend bloquer les raffineries, les transports, enfin bref, le pays ! Laurent Berger, lui, s'exprimera dimanche soir. On verra s'il ouvre des portes de sortie possible du conflit.

La discussion avec les partenaires sociaux reprend mardi.

Oui, au ministère du Travail, dans la salle des accords de Grenelle. Tout un symbole ! Et sous l'égide de la ministre Muriel Pénicaud, qui jusque-là était curieusement absente du dossier. Mais paraît-il, ses relations avec Jean-Paul Delevoye n'étaient pas idylliques. La CGT y décèle une cacophonie gouvernementale. On vante à Matignon sa grosse expérience des négociations syndicales. Bon courage, même si l'on sait que les arbitrages finaux se feront à Matignon.

La gageure, pour ce gouvernement, c'est de trouver, enfin, la bonne pédagogie de sa réforme.

Oui, parce que la faute initiale, c'est d'avoir vendu au pays l'idée d'une réforme universelle qui allait s'appliquer à tous sans exception. Tout euro cotisé donnait les mêmes droits. Le parangon du progrès social, de la justice, et la fin des 42 régimes Jean-Paul Delevoye le disait, mais avec son ton à lui, si anesthésiant qu'on ne l'entendait pas. Un système universel ne veut pas dire unique, mais un socle de règles communes avec des différences, si elles sont justifiées par l'équité. Et c'est là qu'on s'est aperçu qu'un système par points introduisait beaucoup d'injustice. Exemple : les enseignants, qui ont compris qu'ils allaient y perdre 30% de leurs avantages. Donc, il a fallu leur apporter des compensations salariales, ce qui représente un coût justifié, certes, mais important.

Alors, on s'en sort comment ?

Ce système universel sera en effet un grand système catégoriel. Déjà, nombre de professions ont vu leurs spécificités reconnues, prolongées, voire améliorées : les policiers, les marins, les cheminots, les agents de la RATP, qui ont déjà obtenu que la réforme ne s'applique qu'aux générations de 1985 au lieu de 1975. Les caisses autonomes des avocats, des kinés, seront maintenues. Les danseurs de l'Opéra ont obtenu la clause du grand-père, ce qui se comprend. Au final, peut-être que cela se termine par la morale du conte de Lampédouse, dans Le guépard : il faut que tout bouge pour que tout reste plus ou moins pareil. En tout les cas, cette réforme va coûter très cher. 

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