Publicité
Publicité
Les dessous du soutien de Valls à Macron

Les dessous du soutien de Valls à Macron

La Carte blanche de Catherine Nay
01 avril 2017 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Manuel Valls a fait le choix de soutenir Emmanuel Macron pour la présidentielle 2017 et non Benoît Hamon, comme il s'y était engagé. Un choix cohérent avec ses idées mais traître à sa parole.


On est à 23 jours de la présidentielle. Côté PS, Benoît Hamon traverse une très mauvaise passe. Le soutien de Manuel Valls à Emmanuel Macron a été vécu par le candidat comme une trahison. L'ex Premier ministre a expliqué ce choix par le danger du Front National qu'il croit minimiser. Mais est-ce la seule raison ?

En réalité, Manuel Valls fait le pari risqué que cette élection présidentielle va permettre de recomposer le paysage politique et surtout une clarification au Parti Socialiste qu'il appelle de ses vœux depuis longtemps.

Quelques semaines après son arrivée à Matignon, en octobre 2014, il donnait une interview à L'Obs, où il faisait ce diagnostic : "La gauche peut mourir si elle ne se réinvente pas. Il faut en finir avec la gauche passéiste et trouver de nouveaux compromis entre toutes les forces progressistes du pays." Il avançait en 2012 : "Nous avons commis l'erreur de ne pas tendre la main à François Bayrou." Et lui, évidemment, se voyait bien dans le rôle du leader de ce renouvellement. Il suggérait même que le Parti Socialiste change de nom. C'était l'époque où les frondeurs attaquaient le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, qui avait le grand tort d'être banquier chez Rothschild. Manuel Valls, qui avait plaidé pour son entrée au gouvernement, le gratifiait de son soutien, en vantant cette nouvelle génération qui apporte un souffle rafraîchissant.

En déclarant publiquement qu'il voterait pour Emmanuel Macron, Manuel Valls a fait le choix d'être cohérent avec ses idées, loyal avec lui-même mais traître à sa parole, puisqu'au soir du premier tour, il promettait de soutenir Benoît Hamon, incarnation de la gauche passéiste qu'il récuse.

Mais quel bénéfice politique Manuel Valls peut-il en tirer ?

Dans l'immédiat, aucun... D'ailleurs, Emmanuel Macron l'a remercié du bout des lèvres, faisant savoir sur le champ que jamais Manuel Valls ne ferait partie de son gouvernement. Mieux même, qu'il trouverait face à lui, à Evry, un candidat En Marche ! lors des prochaines législatives.

Mais avant de rendre publique sa décision, Manuel Valls avait demandé un rendez-vous à François Hollande pour avoir sa bénédiction ?

La recomposition de la gauche, François Hollande y songeait lui aussi. Dans ses confidences aux deux journalistes du Monde, lorsqu'il croyait sa réélection possible, il disait à propos du PS : "Il faut un acte de liquidation. Il faut un hara-kiri." Il jugeait nécrosé ce PS, né en 69 sur les décombres de la SFIO. Lui aussi envisageait de lui donner un autre nom. Pourquoi pas "le Parti du progrès", ajoutant que le meilleur nom serait "le Parti de la gauche, mais Mélenchon a déjà préempté la marque", regrettait-il. "Il faut bouger", disait le Président, mais à la façon de ces chanteurs d'opéra qui hurlent "marchons, marchons", en restant immobiles. Car avec lui, rien n'a bougé...

Alors que se sont dits François Hollande et Manuel Valls ? Peut-être que tous deux s'étaient faits avoir comme des bleus par ce Macron culotté.

C'est vrai que François Hollande ne l'a pas vu venir…

Il a même été avec lui d'une naïveté confondante. Il n'a pas anticipé la félonie de son protégé. Il lui pardonnait tout, comptait sur lui pour sa réélection. "Il sait ce qu'il me doit", disait-il à la télévision, au moment où l'intrépide lançait son mouvement En Marche ! Et mieux encore : "Emmanuel Macron, c'est moi", disait-il à nos confrères Davet et Lhomme, à la manière de Flaubert parlant de Mme Bovary.

Et voilà pourquoi François Fillon appelle Emmanuel Macron, "Emmanuel Hollande"...

Oui... Il le désigne comme le prolongateur du quinquennat Hollande, en raison des soutiens multiples des ministres de la Hollandie mais aussi tant il doute de ses capacités à réformer le pays. Ce que l'intéressé ne prend pas pour un compliment. Mais peut-être qu'au fond, cela ne déplaît pas à François Hollande qui jalouse mais admire aussi cette capacité à oser du jeune Macron. Un petit baume, alors qu'il vit ses derniers jours de Président.

En tout cas, François Hollande ne laisse pas entendre qu'il soutient Benoît Hamon...

Non. Il ne fera rien pour lui... Parce que d'abord il n'a pas oublié qu'il était prêt à renverser le gouvernement sur la Loi El Khomri. C'est à ses yeux un séditieux. "Sans le PS, qu'est-ce-que c'est Hamon ? Pas grand-chose", disait-il... Ah oui, il était fumasse contre lui. Et puis pourquoi bouger alors que le Parti Socialiste n'a aucune chance d'être représenté au second tour de la présidentielle.

Animateurs associés
Publicité
En lien avec cette émission
Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari - La France en face
Politique

La France en face

Laurence Ferrari, Sonia Mabrouk

Alexis Delafontaine
Politique

La semaine politique

Alexis Delafontaine

La semaine politique, c'est une heure de débats et d’interviews consacrés à l’actualité politique.

Louis Sarkozy, fils de l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy, s’entretient avec ceux qui font l’actualité nationale et internationale. Produit par le média belge « 21NEWS », ce podcast est à découvrir sur Europe1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

Ce dimanche, le Premier ministre François Bayrou donnera une interview aux quatre chaînes d'information en continu - CNews, BFMTV, LCI et Franceinfo - à un peu plus d'une semaine du vote de confiance, le 8 septembre. Un entretien à suivre en direct sur Europe 1.

devilno
Politique

Le grand rendez-vous

Pierre de Vilno

Une heure d’entretien incontournable en partenariat avec CNEWS et Les Echos. Une personnalité politique, un dirigeant économique ou un intellectuel revient sur les grands thèmes de l'actualité et répond aux questions sans détour de Pierre de Vilno pour apporter des réponses concrètes aux Français.

De Charles de Gaulle à Emmanuel Macron, Europe 1 a tendu son micro à tous les chefs d’État de la Ve République. Réécoutez ces entretiens exclusifs issus de nos archives qui ont marqué l’histoire politique française.<br /> Vous découvrirez entre autres, le tout premier débat radio ou encore le premier numéro du « club de la presse »…<br /> <br /> “Les Grands Entretiens” est disponible sur le site et l’application Europe 1 ainsi que sur toutes les plateformes d’écoute.<br />

Politique

Démissions !

Olivier Duhamel

Les mandats non déclarés de Jean-Paul Delevoye et les homards de François de Rugy : en l’espace de quelques mois, deux ministres de premier plan ont été poussés vers la sortie en pleine tourmente. Deux cas d’actualité dans une liste en réalité très longue. Avec les meilleures archives d’Europe 1, le politologue Olivier Duhamel raconte l’histoire des démissions de ministres sous la Ve République, d’Antoine Pinay à Jean-Pierre Chevènement, des "Juppettes" à Arnaud Montebourg. Au fil des années, nos ministres en sont venus à répondre de moins en moins de leurs actes sur le plan strictement politique pour relever d’une responsabilité morale, plus diffuse, plus aléatoire. Au point de mettre la démocratie en danger ?Ce podcast est réalisé en partenariat avec Le Club des Juristes.

Jacques Chirac, l’ancien président de la République, est mort à l’âge de 86 ans. Il n’était plus apparu en public depuis plusieurs années mais son destin a épousé pendant des décennies celui de la France, de la Corrèze à l’Elysée. Découvrez nos récits et réécoutez nos meilleures archives dans ce podcast "Chirac : une histoire française".

Politique

Après #PassionConstitution, Olivier Duhamel revient pour une nouvelle série "podcastique" en huit épisodes intitulée "Nos présidents dans la tourmente". Car cela ne vous a pas échappé : Emmanuel Macron a dû faire face ces derniers mois à une crise sociale et politique d’une ampleur inédite, celle des "gilets jaunes". Mais avant lui sous la Ve République, d’autres chefs de l’Etat français ont également affronté des tempêtes, des tourmentes, des "affaires", bref des crises en tout genre. Comment ont-ils fait face ? Et en quoi les institutions les ont aidés à tenir ? Ce podcast est réalisé en partenariat avec Acadomia

1958-2018 : il y a 60 ans naissait la Ve République. Mais la Constitution n’a pas été écrite en une nuit et ce régime ne s’est pas installé du jour au lendemain, loin s’en faut. Dans une série originale inédite imaginée pour Europe 1 Studio, Olivier Duhamel raconte la naissance de la Ve République. De Colombey-les-Deux-Eglises à l’Elysée, en passant par Alger : découvrez ce récit en huit épisodes avec les archives de l’époque au micro d’"Europe numéro 1".