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"L'affaire Benalla n'est pas un Watergate à la française !"

"L'affaire Benalla n'est pas un Watergate à la française !"

La Carte blanche de Catherine Nay
22 septembre 2018 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Trois mois après l'éclatement de l'affaire, ce samedi Catherine Nay revient sur l'affaire Benalla. 


Bonjour Catherine,

Bonjour Bernard, bonjour à tous.

Vous revenez ce matin sur l'affaire Benalla, pour marquer, dites-vous, un point final au feuilleton qui dure depuis trois mois. Basta, parce que ce n'est pas une affaire d'Etat !

Bien sûr que non. Les institutions de la République n'ont jamais été en danger, ça n'est pas un Watergate à la Française, comme dit Mélenchon, qui révèle ainsi des lacunes historiques. Mais tous les ingrédients, c'est vrai, étaient réunis pour faire ce feuilleton empoisonné. Au départ, une faute grave : un chargé de mission de l'Elysée qui moleste des manifestants le 1er mai, ça n'est pas banal. Il est sanctionné, mis à pied, rétrogradé. On aurait pu en rester là, sans une vengeance policière qui fournit au monde la vidéo compromettante. Le lendemain, le Parquet ouvre une enquête judiciaire et la frénésie médiatique commence. Benalla, matin, midi et soir. Et l'hystérie politique : deux commissions d'enquête. L'une à l'Assemblée Nationale et l'autre au Sénat, ce qui est rarissime. Il n'y a rien de tel dans de vraies affaires d'Etat, comme le Rainbow Warrior du temps de Mitterrand, deux motions de censure. Mais il y a aussi la défaillance du régalien avec une communication désastreuse.

La question demeure : quel était le rôle d'Alexandre Benalla à l'Elysée, et qui était-il ?

C'est ça le plus intéressant. Il était quelqu'un en qui Emmanuel Macron avait totalement confiance. Tout Président a besoin d'avoir auprès de lui quelqu'un comme lui. Il avait été chargé de sa sécurité pendant sa campagne présidentielle. Sur toutes les images, on le voit à côté de lui, il lui était devenu indispensable parce que disponible, réglant tous les problèmes avant qu'ils ne se posent. Agréable, professionnel, il avait noué une vraie relation avec le couple Macron. En entrant à l'Elysée comme adjoint au Chef de Cabinet, Alexandre Benalla réalisait un rêve. Et tous ceux qui en parlent à l'Elysée disent la même chose : il était formidable, très actif, ce qui a causé sûrement des frictions, des jalousies avec les policiers d'élite. D'autant qu'on le suspectait de vouloir remplacer les policiers par des gendarmes dans la réforme de la sécurité présidentielle qu'il avait proposée. Il était pour certains, à Beauvau, un homme à abattre.

Pourquoi dîtes-vous que la communication présidentielle a été ratée ?

Parce que le Président a attendu le 24 juillet pour s'exprimer, et ce, devant les parlementaires qui fêtaient, autour d'un pot, la fin de la session. Et qu'a-t-il dit ? Benalla n'a jamais été mon amant, de quoi renforcer les suspicions. Et à l'adresse des politiques "qu'ils viennent le chercher". Un Jupiter de cour d'école. "t'ar ta gueule à la récré" ! En tout cas, pas de quoi donner des arguments aux élus, alors qu'il aurait dû, au contraire, assumer ses responsabilités et dire : oui, Alexandre Benalla a fait une faute grave, il a été sanctionné, mis à pied, rétrogradé. Je le regrette parce que c'est un type bien. On passe à autre chose.

"Qu'ils viennent me chercher" s'adressait à qui : aux journalistes, aux députés, aux sénateurs ?

A tous, mais en particulier à ces derniers, très offensifs, avec à la manœuvre, l'excellent Philippe Bas, Sénateur de la Manche, ancien secrétaire général de l'Elysée de Jacques Chirac, et qui connait bien la mécanique de la maison. Il a voulu entendre Benalla, lequel s'est regimbé, l'a traité de "petit marquis qui ne mérite aucun respect". Mais voilà que l'exécutif, au lieu de s'écraser, remet des balles dans le barillet. Trois ministres qui fustigent la commission d'enquête. Christophe Castaner, qui l'accuse de vouloir destituer le Président, comme si c'était en son pouvoir. Nicole Belloubet, la ministre de la justice, qui conseille à Benalla de ne pas se rendre à la convocation. Benjamin Grivaux, qui fustige l'ambition personnelle de Philippe Bas. Et Emmanuel Macron qui appelle le président du Sénat pour se plaindre. On rêve.

Mais après avoir hésité, tergiversé, Alexandre Benalla s'est bien rendu à la convocation des sénateurs.

Oui, il l'a décidé. Et on a vu un jeune type, il a eu 27 ans samedi dernier, très maître de lui, qui a commencé à présenter ses excuses à Philippe Bas, comme le lui avait recommandé sa maman parait-il, ce qui a calmé le jeu tout de suite. Il a répondu à toutes les questions de façon posée, claire. Et on a vu que ce n'était pas un marlou, un voyou, mais au contraire, qu'il avait les compétences, la formation pour exercer ces fonctions. Oui, il a été très bon. Demeure une zone d'ombre : pourquoi lui avoir accordé un port d'arme ? Il n'a pas convaincu tout le monde. Qu'importe : pour lui, l'histoire est finie. Il a quitté l'Elysée, il va à Pôle emploi. C'est sûrement une tragédie personnelle mais sûrement pas une affaire d'Etat.

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