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La grandeur de la France, de De Gaulle à Macron

La Carte blanche de Catherine Nay
09 septembre 2017 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Emmanuel Macron évoque la grandeur et l'héroïsme de la France mais qu'en était-il de ses prédécesseurs ? Avaient-ils la même vision du pays que l'actuel président ? Catherine Nay décrypte.


Faire de la France une grande puissance, renouer avec l'héroïsme politique... "J'assume ce discours de grandeur. Il est à la hauteur du moment que nous vivons", affirme Emmanuel Macron... Mais la grandeur, l'héroïsme, n'étaient pas des thèmes récurrents chez ses prédécesseurs.

Sur la photo officielle, Emmanuel Macron a révélé où il puise ses inspirations : Les mémoires de guerre du Général de Gaulle figurent sur son bureau. De Gaulle, son modèle ? Mais quelle épopée. Partir à Londres, en juin 40, parce qu'il refuse l'armistice signée par Pétain, continuer la guerre, pour éviter à la France de perdre sa souveraineté... Mais c'était la rencontre d'un homme et de circonstances exceptionnelles.

En 2017, grandeur, héroïsme... ce vocabulaire un peu surdimensionné implique non seulement une incarnation jupitérienne de la fonction, mais aussi que l'action ne soit pas sous-dimensionnée. "La France doit permettre à l'Europe de devenir leader du monde libre", dit Emmanuel Macron qui, face à l'Acropole, propose de refonder l'Europe. Convertir ses pairs à la grandeur : le chemin est étroit, quand les 27, en grande majorité, n'ont pas envie au-delà du statu quo. En tout cas, ce n'est pas Angela Merkel qui emploierait le mot "grandeur", un mot propre à réveiller les peurs, à ressusciter le passé. Et puis chez elle, ça n'est pas le genre.

La grandeur allait de soi pour de Gaulle. Mais qu'en est-il de ses successeurs ?

Pour le Général, la France ne pouvait avoir qu'une destinée éminente et exceptionnelle. Pour Georges Pompidou, la grandeur du pays ne pouvait aller de pair qu'avec la puissance économique, une industrie prospère, son obsession. Valéry Giscard d'Estaing, qui se démarquait du gaullisme, avait forgé l'idée d'une France puissance moyenne. Il était lucide, mais ne faisait pas rêver. Mais tous trois incarnaient l'État d'une manière qui exigeait le respect.

Et Mitterrand ?  

Lorsqu'il accède à l'Élysée, en 81, après 23 années d'opposition, François Mitterrand promet de rendre à la France un rang et une voix qu'elle avait perdus. On attendait de cet opposant permanent, qui n'avait pas épargné ses prédécesseurs de ses quolibets cruels, les jugeant trop enivrés de leur importance, qu'il rompe avec le style et les pratiques de la cinquième République. Au contraire, François Mitterrand a vite pris goût à cet opium des princes, la diplomatie, où d'ailleurs il fit souvent bonne figure.

Un monarque qui recevait les grands de ce monde à Versailles... même Giscard n'aurait pas osé. Et alors qu'il promettait de détricoter les institutions de la cinquième République, qu'il dénonçait comme dangereuses, il s'y est au contraire coulé avec délice, comme si elles avaient été faites pour lui. Et ce, durant deux septennats, 14 ans, la plus longue durée d'un Président sous la cinquième. Pour un bilan, au final et avec le recul, assez ténu et sur le plan économique plus que discutable.

Et Jacques Chirac ?

Cet homme, qui avait de l'allure, de l'allant, une grande présence physique et qui a voulu entrer à l'Élysée - il s'y est repris par trois fois - eh bien, rêvait d'une gouvernance simple. "Je serai un Président modeste", promettait-il en 1995. Il n'a jamais eu l'ambition d'un grand personnage de l'Histoire. On n'oubliera pas son refus de participer à la guerre en Irak, lui savait à quel désastre cela mènerait. Mais la grandeur de la France, marquée par mai-68 et la mort de Malik Oussékine, en 1986. Il a toujours plaidé que la France était un pays trop fragile pour être bousculé. Il n'a pas été un grand réformateur.

Nicolas Sarkozy ?

Lui n'employait pas le mot "grandeur". Ses thèmes récurrents, c'était plutôt les racines de la France, sa culture, sa religion. En matière de comportement, il faut reconnaître que ses débuts ont manqué de grandeur. Mais sa présidence de l'Union Européenne, au deuxième semestre 2008, a été marquée de grands coups d'éclat. La gestion de la crise en Géorgie et puis celle de la crise des subprimes américaines, son plan de sauvetage des banques européennes. C'est un semestre où il a montré le meilleur de lui-même.

Et François Hollande ?

Un Président normal, qui ressemble à son voisin de palier, a été le plus grand contresens politique. C'est de tous les présidents celui qui a le plus de mal à endosser le costume. Au fond, il n'a jamais fait vraiment Président. Il faut le dire, il n'a pas joué aucun rôle en Europe. Et au fond, on voit bien que l'ambition de son successeur, qui fut tour à tour son conseiller et son ministre, c'est justement d'être son exact contraire !

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