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Edito : "Est-ce qu'on peut mettre sur un même plan une main baladeuse sur un genou et un viol ?"

Edito : "Est-ce qu'on peut mettre sur un même plan une main baladeuse sur un genou et un viol ?"

La Carte blanche de Catherine Nay
13 janvier 2018 Épisode · Politique
Description de l'épisode

Ce samedi, Catherine Nay revient sur la polémique qui a fait rage cette semaine entre les féministes et un collectif de 100 femmes qui jugent que leur combat est victimaire et puritain.


Bonjour Catherine,

Bonjour Wendy, bonjour à tous.

Vous revenez ce matin sur la polémique qui a fait rage cette semaine entre les féministes et un collectif de 100 femmes. Parmi elles, Catherine Deneuve, qui jugent, dans une tribune du Monde, que leur combat est victimaire et puritain.

A l'origine, il y a la détestable affaire Weinstein, ce producteur américain grand prédateur, qui harcelait ses actrices et les violait, tout en menaçant de ne plus leur offrir de rôle. Un sale type. Trop, c'était trop. La parole s'est libérée. Par dizaines, des actrices ont dénoncé leur bourreau, celui-là ou d'autre. Et sur les réseaux sociaux, on les a encouragées à le faire. "Balance ton porc", "me too". D'où des mises en accusation publiques d'individus sans qu'on leur laisse la possibilité de se défendre. Une sorte d'unanimisme planétaire pour dénoncer des pratiques intolérables. Etait-ce juste ou pas ? On a vu une sorte de justice expéditive, des hommes contraints à la démission. Par exemple ce ministre anglais qui a dû quitter son poste pour avoir, en 2002, posé sa main sur le genou d'une journaliste. Il méritait une claque. Mais de là à stopper sa carrière 16 ans plus tard. Comment ne pas y voir une forme de vengeance personnelle ? Est-ce qu'on peut mettre sur un même plan une main baladeuse sur un genou et un viol ? Dans ce cas, les hommes et les femmes devraient se regarder comme des ennemis héréditaires ? Est-ce qu'on ne va pas trop loin ?

C'est justement ce qu'ont voulu plaider ces 100 femmes dans la tribune du Monde. Mais, dîtes-vous, avec des maladresses regrettables.

"Le viol est un crime mais la drague insistante ou maladroite n'est pas un délit, ni la galanterie, une agression machiste", écrivent-elles en préambule et de dénoncer cette vague purificatrice. A les en croire, cette fièvre a envoyé des porcs à l'abattoir qui, loin d'aider les femmes à s'autonomiser, sert en réalité les ennemis de la liberté sexuelle, les extrémistes religieux, les pires réactionnaires. Et de dire : le puritanisme est en marche, ce qu'elles ne veulent pas ça se défend. Mais donner aux hommes la "liberté d'importuner" parce qu'elle est indispensable à la liberté sexuelle. Importuner, définition dans le dictionnaire : ça veut dire harceler, tracasser, assommer pour ne pas dire emmerder. Non, aucune femme ne veut être importunée.

Autre chose : il ne faudrait pas se sentir traumatisée par un frotteur dans le métro, mais l'envisager comme l'expression d'une grande misère sexuelle. Donc au nom de la compassion, alors, tout serait permis. Alors qu'au contraire, une femme doit pouvoir marcher dans la rue, prendre le métro, prendre un café seule, sans être "importunée" ! C'est un droit ! C'est cela que les hommes doivent comprendre.

Une autre phrase vous fait tiquer.

Oui. Les accidents qui peuvent toucher le corps d'une femme n'atteignent pas nécessairement sa dignité ni faire d'elles une victime perpétuelle. Nous ne sommes pas réductibles à notre corps. 

Là, on sait qui est l'auteur de cette phrase : Catherine Millet qui avait publié en 2001 "La vie sexuelle de Catherine M". Gros succès : 700.000 exemplaires où elle racontait sa vie intime pendant des décennies : des partouzes, sur des parkings, au bois de Boulogne, dans des cabines de semi-remorques Place Dauphine, ou même à l'arrière d'une camionnette de la ville de Paris, ne nous faisant grâce d'aucun détail : fellation, sodomie. Philippe Solère, qui n'en est pas à une bêtise près, avait écrit dans Le Monde, que la vie de dérives de Catherine Millet était une œuvre d'art et qu'elle méritait la béatification. Interrogée sur France Culture le 5 décembre dernier, elle théorisait qu'une femme violée qui considère avoir été souillée intériorise le discours des gens autour d'elle. Un résidu d'archaïsme. "Je regrette de ne pas avoir été violée, parce que je pourrais témoigner que du viol, on s'en sort.". Mais que vaut sa parole, puisqu'elle a estimé que ses partouzes ne portaient pas atteinte à sa propre dignité ? Je trouve ahurissant que ces 100 femmes se rangent sous la bannière de Catherine Millet et signent ce plaidoyer pour que les hommes aient le droit d'importuner.

Et que dire de Brigitte Lahaie, qui balance sur BFM TV à Caroline de Haas qui a été victime d'un viol : "on peut jouir lors d'un viol, je vous le signale".

Elle s'est rétractée. Elle regrette d'avoir dit cela. Brigitte Lahaie est une ancienne actrice de porno. Disons qu'elle a une forme de sensibilité et de liberté que toutes les femmes n'ont pas, et n'ont sûrement pas envie d'avoir. Je dirais que Catherine Millet et Brigitte Lahaie desservent le propos initial de ces 100 femmes qui tentaient de défendre.

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