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Les enfants sont des experts en Pokémon mais pas en biodiversité. À l’approche de la rentrée, et alors que de nouveaux personnages du jeu arrivent en septembre, on constate qu’ils connaissent mieux Dracofeu et Pikachu alors qu’ils sont incapables de reconnaître une mésange ou un bouvreuil.

Le phénomène Pokémon GO a envahit le monde il y a de ça quelques années déjà  mais il est toujours autant d’actualité. Grâce à cette application, téléchargée plus d’un milliard de fois, les jeunes (et les moins jeunes) peuvent en "réalité augmentée" capturer leurs Pokémons favoris : des Pikachus, des Mew-two, des Dracofeux et autres Evolis… et c’est un désastre à la fois culturel et écologique.

Tout d’abord, cette application nous enferme dans un monde virtuel avec des Pokémons qui n’existent évidemment pas dans la vraie vie ; mais le véritable drame c’est qu’en jouant sur son téléphone on ne fait même plus attention à la biodiversité qui nous entoure! Ainsi, des millions de personnes entre 17 et 30 ans et au delà connaissent le nom de ces 800 bestioles virtuelles sur le bout des doigts, mais sont incapables de faire la différence entre une hirondelle et un martinet, différencier un goéland d’une mouette, une feuille d’érable d’une feuille de chêne…  

On pourrait facilement réfuter l'argument de Fanny Agostini et lui dire que jeu vidéo et connaissance de la nature ne sont pas incompatibles..mais on serait aveugle si on niait la rupture terrifiante que nous vivons actuellement avec le monde physique qui remet en question notre capacité à protéger la biodiversité qui dépérit au même rythme que le désintérêt qu’on lui porte.

Le problème ne s’arrête pas là, puisque les données de Pokémon GO, comme toute autre application connectée, sont stockées dans des data centers à l’autre bout du monde. Ces data centers doivent être constamment ventilés pour fonctionner normalement, et sont extrêmement voraces en terme d’énergie : ils utilisent plus de 10% de l’électricité mondiale ! Un seul data center est aussi énergivore qu’une ville de 100 000 habitants ; c’est ce qu’on appelle la "pollution du numérique".

Il n’est pas rare non plus de croiser des automobilistes qui tentent d’attraper des Pokémons en conduisant sur les routes au beau milieu de la nuit ! En plus d’être un danger, vous imaginez l’impact carbone cumulée que ça représente, juste pour courir après des pseudo-animaux virtuels ? Une véritable catastrophe écologique… 

LE monde réel qui nous entoure est pourtant bien plus impressionnant, dense et magique que n’importe quel image sur écran. On ne trouve pas de Manglouton en sortant de chez soi, mais des martres. Il n’y a pas d’Insécateur ou de Hootoot, mais des mantes religieuses et des hiboux. C’est ça la véritable "réalité augmentée", celle qu’on peut voir, toucher et sentir. 

Équipons-nous d’une paire de jumelles et lâchons de temps en temps nos smartphones! 

Sinon il existe une application qui s’appelle INPN Espèces, développée par le Muséum National d’Histoire Naturelle, qui vous permet de prendre en photos les animaux et vous renseigne sur leur nom et leur écologie, tout comme le Pokédex avec Pokémon GO, mais cette fois avec de vrais animaux !