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Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il y a de plus en plus d'arbres sur la planète. Mais pour autant, si le reboisement n'est pas fait intelligemment, en planter ne suffit pas à contrer les effets du changement climatique.

La déforestation est l’un des problèmes majeurs qui entraînent une effondrement massif de la biodiversité terrestre. Les forêts recouvrent plus de 4 milliards d’hectares sur la planète (quand on sait qu’un terrain de foot fait 0,7 hectare, on se rend rapidement compte que ça en fait un sacré paquet… presque 6 milliards pour être exacte !).

"Un terrain de foot disparaît toutes les secondes"

Les arbres sont des êtres essentiels pour capter le CO2 atmosphérique et le stocker, limitant ainsi grandement les effets du changement climatique. Ils préviennent aussi l’érosion des sols, et leurs feuilles se transforment en matière organique qui nourrit la terre. Les forêts servent d’abris à des millions d’espèces à travers le monde, et fournissent aux Hommes énergie et matériaux de construction. Pourtant, les zones boisées se réduisent de jour en jour, et 13 millions d’hectares (soit un quart de la France) disparaissent tous les ans, ce qui représente l’équivalent d’un terrain de foot toutes les secondes.

L’une des solutions les plus évidentes est de replanter des arbres dans l’espoir de rééquilibrer la destruction. C’est d’ailleurs un moyen envisagé dans de nombreux pays, a tel point que la couverture végétale de la Terre augmente (depuis l’an 2000, on estime que la planète a gagné plus de 5% de zones boisées) : comment peut-on alors parler de la déforestation quand la taille des forêts semble augmenter ? Le problème est en vérité bien plus profond.

Planter des arbres ne suffit pas pour contrer les effets du changement climatique et la perte de la biodiversité si les plans de reboisement ne sont pas faits intelligemment et avec discernement. Dans de nombreux cas, ce ne sont que quelques essences d’arbres qui sont plantées, ces dernières étant parfois mêmes étrangères à la zone et différentes des espèces d’origine. Les conséquences peuvent être bien plus catastrophiques lorsque c’est le cas.

Si on prend l’exemple du Portugal, ce pays a commencé à importer des eucalyptus en provenance de l’Australie au début des années 50. Le reboisement a été tel que les forêts d’eucalyptus représentent aujourd’hui le quart des forêts portugaises. Choisit pour sa croissance rapide et sa rentabilité économique, l’eucalyptus est en revanche particulièrement exigeant en eau, et il participe à l’assèchement des nappes phréatiques. C’est en plus un arbre inflammable qui facilite la dispersion des feux de forêts…

"Les programmes de reboisement doivent être pensés intelligemment"

 

En Chine, ce sont d’immenses forêts de pins qui sont plantées pour stopper l’avancée du désert de Gobi et atténuer les tempêtes de sable, alors que ces espèces d’arbres retiennent la chaleur, intensifiant ainsi les effets du réchauffement climatique. Planter une seule essence d’arbre ne permet pas non plus de faire renaître la biodiversité disparue, puisque c’est avant tout la diversité des ressources et des habitats qui permet d’obtenir une richesse biospécifique. Si tous les arbres se ressemblent, très peu d’espèces animales décideront d’élire domicile dans ces forêts qui s’apparentent plus à de la monoculture qu’à des zones naturelles…

Il est donc crucial de nous inspirer des forêts naturelles et anciennes que l’on trouve sur la planète avant de replanter des arbres. Les programmes de reboisement doivent être pensés intelligemment, en intégrant des espèces qui seront capables de tisser les réseaux essentiels au renouvellement de la biodiversité. Sans cette conscience, le reboisement de la planète est inutile et ne fera qu’aggraver les conséquences de notre mode de vie.