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"Il a voulu être César et il est mort Pompé... " Cette phrase de Clémenceau sur les dernières heures du Président Félix Faure, tout le monde la connaît! Felix Faure serait mort d'une attaque après être passé "entre les mains" expertes de Marguerite Steinheil. On a même complaisamment raconté que le Président avait à la main… une touffe de cheveux de sa maitresse ! Hélas, mauvaise nouvelle... il va vous falloir oublier définitivement toutes ces billevesées! Clémentine Portier-Kaltenbach revient sur cet épisode archi connu, mais surtout archi embelli de notre histoire érotique... heu pardon… de notre histoire politique !

16 février 1899. La France, stupéfaite, apprend la mort de son Président de la République. Les circonstances sont pour le moins étonnantes : il serait mort dans les bras de sa maîtresse attitrée, Marguerite Steinheil, « en lui faisant l’offrande des dernières étincelles d’une voluptueuse agonie », comme l’écrit poétiquement Pierre Darmon, historien de la médecine.

La presse raconte même que dans les derniers spasmes de l’agonie, la main du président se serait crispée sur la chevelure de Marguerite au moment de l’épectase. Dans ces derniers spasmes, une touffe des cheveux de Marguerite Steinheil lui serait restée dans les doigts.

L’histoire a plus d’un siècle et reste tenace dans l’inconscient collectif. Mais ce n’est pas vraiment ce qu’il s’est passé…

La véritable histoire de la mort de Félix Faure

Qui est Marguerite Steinheil ? Elle est la femme d’un peintre, assez mauvais, en tout cas pas vendeur. Le jour où Marguerite devient la maîtresse du président, les commandes officielles se mettent à pleuvoir et les tableaux d’Adolphe Steinheil qui se vendaient 300 francs se sont mis à valoir dans les 30 000 francs or, tout ça au frais du contribuable.

A l’Elysée, Félix Faure, qui aimait bien les femmes, avait fait aménager un petit salon bleu avec une porte dérobée où il pouvait donner ce que l’on appelait ses « audiences plus particulières ». Un certain nombre de femmes ont d’ailleurs précédé Marguerite Steinheil dans ce petit salon bleu.

Dans ses Mémoires, elle écrit qu’elle était la conseillère psychologue du président de la République et qu’elle était là pour aider Félix Faure à écrire ses Mémoires. Un jour, elle pénètre dans le petit salon bleu et Félix Faure semble oppressé, il suffoque, il a la main sur le cœur et lui dit qu’il ne se sent pas bien et n’arrive pas à respirer. Il semble être en train d’étouffer alors Marguerite appelle le valet du président et Faure se retire avec lui. C’est toute l’histoire de la mort de Félix Faure.

Un stress violent à cause de l'affaire Dreyfus

Depuis quelques mois, le président souffrait de tachycardie violente et se trouvait mal à chaque fois qu’il avait de grosses émotions. Le matin même de sa mort, Monseigneur Richard, avec qui il avait eu un entretien, avait constaté que Faure avait l’air nerveux et fatigué.

Vers 16 heures, il reçoit la visite du prince Albert Ier de Monaco, venu défendre le capitaine Dreyfus et demander la révision du procès. Le prince veut organiser un dîner entre le président de la République et le Kaiser afin que ce dernier lui confirme de vive voix que Dreyfus n’est pas coupable. Félix Faure entre alors dans une rage folle, il ne veut plus entendre parler de cette histoire. Il ne veut pas penser à l’humiliation qu’il subirait si l’armée venait à entendre qu’il a dîné avec le Kaiser. Il se lève, marche de long en large dans la pièce, il est déjà au bord de l’apoplexie.

Après l’entretien, il va voir Marguerite Steinheil dans le petit salon bleu mais il en ressort bien vite avec son valet. Il s’allonge alors sur le canapé de son bureau, sa femme le rejoint, ainsi que sa fille, son docteur et quelques fidèles. Mais il est déjà trop tard, la médecine ne peut plus rien pour lui.

Marguerite Steinheil a plus tard bâti sa carrière sur la mort de Félix Faure. Elle est aussi connue pour les procès dont elle a fait l’objet après avoir été accusée d’avoir tué son mari, ainsi que sa mère. Elle a finalement été acquittée, avant d’épouser un lord anglais qui avait assisté au procès.

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