La France est-elle la première cible du monde en matière de terrorisme ?

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Eric Ciotti affirme que la France est la première cible du monde en matière de terrorisme.

Vrai-Faux : l’alarmisme d’Eric Ciotti.

Le député Républicain des Alpes-Maritime est inquiet. Face à la menace terroriste, il accuse le gouvernement "d’immobilisme". Il faut réformer notre Constitution, dit-il, pour permettre la rétention des Français radicalisés, car le Pays n'est pas protégé.

"Vous savez la France est sans-doute la première cible au monde en matière de terrorisme".

La France est la première cible au monde en matière de terrorisme. Vrai ou Faux ?

C’est faux. La France est une cible, mais elle est TRES loin d’être la première au monde.Plus de 11.000 attentats ont eu lieu en 2016, selon le rapport annuel du renseignement américain. Ils ont fait 25.000 victimes (plus d’un tiers attribués à l’État Islamique), et la plupart ont frappé l’Irak, l’Afghanistan, le Nigéria, mais aussi la Syrie, le Pakistan… Les trois quarts des victimes du terrorisme vivaient dans ces cinq pays. Les premières cibles des fanatiques, il faut le rappeler, ce sont les civils musulmans.

Aux portes de l’Europe, la Turquie paie un lourd tribu. Les les victimes du terrorisme, dans tout l’OCDE (hors Turquie et Israël) représentent à peine 2% du total.

La France, dans ce tableau mondial, arrive au 23 rang des pays les plus menacés, et les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, ne sont pas loin derrière. Par ailleurs, comme ce classement prend en compte le nombre de tués, il pourrait évoluer : il y a eu, l’an dernier, autant d’attentats inspirés par le djihadisme en Grande-Bretagne qu’en France, on déjoue le même nombre de complots en Allemagne, et même aux États-Unis, la crainte est permanente : le FBI, en ce moment, enquête sur un millier de menaces identifiées à travers le pays, une menace endogène, dans l’immense majorité des cas.

Est-ce qu’au sein même de l’Europe, la France reste plus menacée ?

Pour les spécialistes, oui, car elle reste le premier pays cité dans la propagande islamiste, devant l’Espagne et l’Italie. L’Italie qui n’a pas connu d’attentats : il faut dire que très peu d’Italiens avaient rejoint la Syrie, et que le pays autorise les expulsions préventives (plus de 250 étrangers radicalisés ont été expulsés, sans procès, depuis 2015).

Cependant, si la France demeure en haut de la liste, d’autres pays voient la menace s’amplifier. Plus de 400 arrestations en lien avec le terrorisme ont eu lieu en Grande-Bretagne en 2017, donc presqu’autant qu’en France, et si notre fichier des personnes radicalisées compte quelque 20.000 noms, le fichier britannique en recense davantage : 25.000. Le nombre de personnes considérées comme vraiment dangereuses (ce "haut du spectre" dont parlent les services de renseignement) est à peu près le même en France, en Allemagne, en Grande-Bretagne : entre 3.000 et 4.000 personnes. 500 sont surveillés en permanence outre-Manche, où la question de leur emprisonnement, pourtant, ne se pose pas. Car comme chez nous, on sait que ce serait juridiquement inapplicable. Le Conseil d’État l’avait d’ailleurs rappelé fin 2015 : la Convention européenne des droits de l’Homme l’exclue, de même que notre Constitution.