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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, l’heure du bilan après la mobilisation des cheminots et des fonctionnaires.

Et "le test est réussi" pour le Républicain Lorrain, "Pari gagné", pour Presse Océan. Petite litote pour La Voix du Nord qui titre : "La région n’a pas raté son premier rendez-vous social de l’année". À Lens, Nord Eclair y voit même "la plus forte mobilisation depuis 2012". "C’est le premier avertissement pour Macron", d’après Sud-Ouest,  le Dauphiné et Nice-Matin. "Et si ça prenait ?", se demande La Provence. "Parce qu’il s’est passé quelque chose hier, résume Maurice Bontinck dans la Charente Libre, la mèche d’un feu qui se consumait déjà a été allumée". C’est pas très clair, mais on voit bien l’idée. Idée que ne partage pas le Parisien qui affirme : "ça ne prend pas". Tout comme le Figaro qui juge que la mobilisation est un "demi-échec". "Le succès n’a pas été au rendez-vous, écrit Yves Thréard, les manifestants n’ont pas fait le plein, la fameuse convergence des luttes ne prend pas (…) bref, le gouvernement ne doit en aucun cas plier devant les syndicats". Ne pas céder, donc. Mais jusqu’où ? "Peut-on foncer et en même temps écouter ?", demande Cécile Cornudet dans Les Échos, parce qu’à vrai dire, c’est ce dont doutent les proches d’Emmanuel Macron. "Ils l’alertent, écrit-elle, sur le risque de bulle (…) l’esprit d’écoute qui prévalait pendant la campagne présidentielle a disparu, et il est urgent de tenter de renouer avec la marque de fabrique d’En Marche : l’échange".
Sinon quoi ? Sinon, d’après Les Échos, le président "bulldozer risque de se muer en président déconnecté".
D’un président à l’autre, la presse décrypte la "contre-attaque" de Nicolas Sarkozy.

C’est l’expression employée notamment par Le Progrès mais aussi Le Figaro qui retranscrit presque intégralement son intervention sur TF1. De son côté, le Parisien nous détaille les coulisses officielle d’un mis en examen "remonté comme un coucou : il a passé sa journée à préparer la contre-attaque, écrit Olivier Beaumont, une riposte amorcée dès l’aube en rendant public via le site du Figaro la déclaration qu’il avait faite devant les magistrats, puis affinée chez lui (…)sur TF1, il a repris ses vieux réflexes d’avocat, avant, enfin, de terminer la soirée avec les siens, dans son restaurant italien préféré après trois jours d’épreuve".

Alors il y a les retranscriptions d’interview, les récits autour de son état d’esprit, et puis vous trouverez aussi ce matin beaucoup d’exercices de vérification : le HuffingtonPost par exemple passe "six arguments de sa défense à l’épreuve des faits". Il n’y aurait pas de preuves matérielles ? En fait si, "la justice, explique Geoffroy Clavel, dispose de nombreux documents, de témoignages et surtout de nouveaux indices depuis quelques semaines".
Autre argument : le document publié par Médiapart attestant du versement de 50 millions d’euros "serait faux" ? D’après la justice, il est authentique puisque "Médiapart, poursuivi pour faux et usage, a remporté son procès, en première instance et en appel". Enfin, la justice aurait déjà exclu tout financement illégal de la campagne de 2007 ? Pour l’affaire Bettencourt, oui, rappelle le journaliste, mais pas encore pour le dossier libyen. Des vérifications à retrouver sur le site du Huffington Post. Sachant qu’il y en a d’autres encore sur Médiapart, sur Lemonde.fr, sur le site de l’Obs et dans Libération.

Et puis grosse fatigue pour Ebdo qui publie aujourd’hui son dernier numéro.

"Deux mois après le lancement, nous sommes face à une équation très difficile", écrivent Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry dans leur édito, visiblement rédigé avant la décision d’arrêter.
Puisque ce sont les autres qui vous l’annoncent : "Ebdo dépose le bilan" résume BuzzFeed… Pire, nous dit Le Figaro, les autres titres du groupe sont en péril. "L’éditeur Rollin publications cherche un repreneur pour son autre publication phare, la Revue XXI" qui elle, est pourtant rentable. La faute à l’enquête sur "l’affaire Nicolas Hulot" ?
Oui, mais pas seulement : "la première alerte est venue des lecteurs de XXI, reconnait lui-même Laurent Beccaria, ils ont été déçu quand ils ont reçu le premier numéro d’Ebdo". Pas assez haut de gamme. Et puis "beaucoup de salariés, ajoute Libération, en veulent aux deux fondateurs de les avoir embarqués dans une couteuse aventure sans avoir assuré son financement". Effectivement, les millions promis ne sont jamais arrivés. Mais au-delà d’Ebdo, c’est la presse est fatiguée. On ne compte plus les tentatives de relance de titres, de Glamour qui vient d’inaugurer sa nouvelle formule, à Marianne qui fait peau neuve. "Pas un ravalement de façade !, lance Renaud Dely dans son édito, mais un remaniement en profondeur. Les citoyens doutent de l’intégrité des journalistes, les lecteurs se détournent, les responsables politiques affichent leur mépris, bref, le journalisme connait une grave crise de légitimité, et même une crise existentielle (…) ainsi, dit-il, Marianne sera plus clair, plus engagé, plus proche de vos attente". Alors ? Qu’y a-t-il en couverture ? Emmanuel Macron, grimé à coup de Photoshop en Louis XIV, perruque et bâton de maréchal à la main. "La tentation de la toute-puissance". "Engagé et plus clair", donc "Proche de vos attentes", l’avenir le dira.

Enfin, cette question : "pourquoi sommes-nous si fatigués ?"

Interrogation en Une de l’hebdomadaire Le 1 qui prend prétexte du changement d’heure ce week-end pour questionner ce mal qui, au sortir de l’hiver, toucherait tous les Français. Et c’est bien plus grave que ce que vous croyez. D’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, "l’heure d’été induirait des troubles du sommeil et de la vigilance, des dépressions, des suicides et des infarctus". Il faudrait donc en finir avec ce décalage horaire bisannuel. Pour le reste, Patrick Lemoine, docteur en neuroscience l’affirme : "la fatigue est un mal de notre époque, en tout cas la chrono-fatigue, dit-il au 1, c’est-à-dire le décalage entre nos rythme de vie et celui de notre organisme". Que faire ? Eh bien, il vaut mieux se coucher tôt et se lever tôt que l’inverse, parce qu’à "chaque fois qu’on se couche après 23h, dit-il, on créé la panique dans notre organisme". Voilà, l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, la science vous le confirme. Sinon il y a aussi cette fulgurance d’Alphonse Allais publiée également dans le 1 : "la fatigue sera vaincue quand on ne travaillera plus le lendemain des jours de repos".
Sur ce, bon week-end à tous et bon changement d’heure.